Entretien / Libuse Addarova, une femme qui milite pour la culture berbère en République tchèque : «La culture berbère est encore plus belle aux côtés des autres cultures du monde»

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Libuse Addarova est une Tchèque résidant à Prague depuis 25 ans. Elle est passionnée de culture berbère. Dès sa première découverte des Berbères, ce fut le coup de foudre. La jeune femme ne cesse, depuis, de redoubler d’efforts pour faire connaître les Amazighs en République tchèque. Cette mission paraît à priori difficile, mais la passion de Libuse est plus forte que tous les obstacles dressés devant elle. Addarova nous parle, dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder, de sa passion, de ses projets et notamment du festival tchéco-franco-berbère qu’elle organisera à Prague les 20 et 21 novembre prochains.

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, comment Libuse Addarova a-t-elle découvert la culture berbère ?

Libuse Addarova : C’est en foulant à nouveau le sol français après une absence qui a duré près de 21 ans que j’ai entendu parler des Berbères de la bouche de Maghrébins et depuis, ma curiosité et ma passion ne cessent d’aller crescendo. Pendant la fête du Nouvel an 1998, dans une boîte de nuit à Prague, j´ai entendu parler en français deux jeunes hommes. J´ai demandé d´où ils sont et ils m´ont répondu : on est Berbères. Depuis ce temps, j´ai voulu en savoir davantage sur ce merveilleux peuple. J´ai cherché des informations sur l´histoire et la culture berbères dans les bibliothèques et sur Internet. J’ai aimé j’aime toujours et de plus en plus fort cette belle culture. En ce temps-ci, j’écoute sans me lasser des chansons de Lounes Matoub mais aussi celles d’Idir, Takfarinas et Aït Menguellet pour ne citer que ces grandes vedettes de la chanson kabyle. J´espère que j’ai répondu à votre question parce que si je me mets à parler de la culture berbère, je ne m’arrêterais pas pendant des heures et des heures ! (rire).

Vous avez décidé de militer pour faire connaître la culture berbère en Tchéquie. Avez-vous rencontré des difficultés pour mener à bien cette mission dans un pays où, à priori, cette culture n’est pas connue du grand public ?

En effet, cette découverte de l´Histoire et de la culture amazighes en général et kabyles en particulier m’a motivée à faire quelque chose pour faire sa promotion en Tchéquie. C´est très difficile parce que je fais tout toute seule. Je fais des pieds et des mains pour participer aux programmes culturels, mais il me manque un vrai soutien financier. L´année passée, j´ai demandé à la Mairie de Prague de devenir partenaire mais ma demande est, jusqu’à présent, restée lettre morte. Je veux qu’on sache que mon projet de promouvoir, entre autres, la culture amazighe vise aussi, en filigrane, à donner une belle image multiculturelle de notre pays, la Tchéquie.

Que pensent généralement les Tchèques de notre culture ?

En général, les Tchèques ne savent pas grand-chose de la culture berbère. Je dois leur expliquer tout, du début à la fin. Dès lors, ils commencent à s’y intéresser et aimer cette culture qui, il faut dire, a tout pour être aimée ; il suffit pour cela juste qu’il y ait des personnes animées de bonne volonté pour la faire connaître.

Revenons au festival tchéco-franco-berbère dont vous êtes l’initiatrice. Où en êtes-vous maintenant ?

Il y a 4 ans, j´ai entrepris le Projet de Collaboration Culturelle tchéco-franco-berbère qui vise, entre autres, à créer une sorte de réseau entre les artistes dans le but de leur permettre de faire connaissance, de s´enrichir mutuellement et, du coup, de donner l’occasion au public tchèque de découvrir la culture de chacun.

Ce projet a vu la naissance du Festival de la culture tchéco-franco-berbère (TFB) dont la première partie aura lieu les 20 et 21 novembre 2010. Au programme, le 20, activités cinématographiques, gastronomie et littérature. La journée du 21 sera consacrée au théâtre, à la danse et à la musique, avec un méga-concert où j´ai invité Les Abranis (avec Karim Branis), Oulahlou, le groupe Imazzalen du Maroc, le groupe tchèque de Karel Kahovec, Olga Lounova, Richard Pachman. Je dois donc dispatcher les affiches au plus vite, solliciter les médias tchèques pour vulgariser l’information. Je dois aussi demander les visas pour les artistes de la Kabylie et du Maroc. Je veux que l’événement réussisse. Je crois que toutes les conditions sont réunies pour assurer un bon déroulement de ce Festival. Selon nos prévisions, dans les années à venir, l’événement drainera davantage d´artistes tchèques, berbères, français et francophones de la Suisse et du Québec. Il y a l’idée d’organiser les échanges culturels entre ces pays. C’est aux côtés des autres cultures du monde que la culture berbère retrouve toute sa beauté et sa splendeur.

Merci, toute la diaspora amazighe vous est reconnaissante et vous apporte son soutien. Un dernier mot peut-être ?

Je souhaite de tout mon coeur que mon projet TFB rencontre le succès tant escompté et apportera beaucoup de bonheur à tous les participants.

Entretien réalisé par Karim Kherbouche

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