Bouira : Dans l’attente d’un pôle universitaire digne de ce nom

Partager

En mars 2009, le centre universitaire Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira avait été le théâtre d’une scène d’une rare violence au cours de laquelle une quinzaine d’individus armés d’armes blanches s’en étaient pris violemment à un groupe d’étudiants à l’heure du déjeuner, au niveau du resto central, blessant quarte d’entre eux.

Les étudiants blessés étaient formels quant à l’identité de leurs agresseurs parmi lesquels, ils reconnaîtront des voyous extra universitaires et des membres de l’organisation estudiantine UGEL. Des voyous s’introduisent dans l’enceinte universitaire, comme cela arrive un peu partout dans nos campus, lesquels ont depuis quelque temps, tendance à se clochardiser, et au-delà du danger que cela peut représenter pour la sécurité des étudiant(e) s.

Les chargés de la sécurité manquent à leur travail, ils sont censés filtrer les entrées, mais là où le bât blesse c’est lorsque ces voyous sont appelés en renfort par des étudiants, non moins membres d’une organisation estudiantine, dont les tendances extrémistes sont connues de tous, pour solder des comptes avec des camardes qu’ils ont pourtant soutenus il y a quelques jours. Jusque-là tout paraît normal, car l’on peut imaginer une dispute entre étudiants pour une simple histoire de nanas où encore pour non-respect de la chaîne du resto. Et c’est souvent le cas dans les établissements de l’Enseignement supérieur. Seulement lors de l’incident qui s’est produit à l’université de Bouira, l’histoire est tout autre. En réalité c’est la mixité au resto U qui a posé problème entre étudiants. Ceux de l’Ugel, intégristes de surcroît, ne voulaient et n’acceptaient plus cette tradition qu’ils semblent classée dans le registre des “interdits’’ et autres “péchés”. Il faut dire que cette dérive intégriste, la première à l’université de Bouira, intervenait une semaine après l’inauguration par le wali du resto central. Depuis, même si la situation semble avoir été maîtrisée, le centre universitaire Mohand-Oulhadj de Bouira a toutefois connu plusieurs perturbations cycliques motivées essentiellement par des considérations d’ordre pédagogique.

La protestation la plus “musclée” et à laquelle ont adhéré quasiment l’ensemble des syndicats estudiantins a été enregistrée l’année dernière. Les étudiants revendiquaient, alors, le transport, le restaurant et autres bibliothèques. Doléances qui ne tarderont pas à être satisfaites après qu’une bonne partie du centre universitaire en chantier a été réceptionnée. Une autre grève avait été largement suivie par les étudiants du département de langue et culture amazighes organisés en syndicat autonome. En effet, ces derniers avaient entamé l’arrêt des cours, au mois de février dernier, et ce pendant trois jours. Le syndicat autonome exigeait que l’on affecte au département de langue et culture amazighes des salles “fixes”. En fait, jusque-là les étudiants suivent et leurs cours et leurs TD dans trois salles qu’ils partageaient avec d’autres étudiants d’autres départements.

Cette situation, en plus de générer un “conflit’’ entre les différents occupants des salles, influe négativement sur l’acte pédagogique proprement dit. A côté de ce déficit, les protestataires estimaient que leur formation est loin d’être performante pour cause de nombre et de la nature des modules dispensés. L’objet de leur protestation ne s’arrêtait pas là puisque les étudiants de tamazight soulignent, la pauvreté en terme d’ouvrages, qui caractérise leur bibliothèque. Mais ce qui a soulevé le plus le courroux des étudiants de tamazight reste ‘’l’appellation’’ retenue sur leurs cartes d’étudiants. En effet, sur leurs cartes rien n’indique qu’ils sont étudiants en langue et culture amazighes. Par contre, il y est mentionné “Institut des lettres et de la langue arabe”. Cette appellation noie le département à tel point que l’on ne constate pas son existence physique au centre universitaire Mohand-Oulhadj. Un département fantôme, pour ainsi dire. Les trois jours de grève consommés, les étudiants avaient repris leurs cours, avant de promettre de revenir à la charge si le statu quo persistait. Pour cette année, ce centre dispose de 12 spécialités dont trois nouvelles, à savoir deux dans la branche sciences humaines (histoire et éducation physique et sportive) et une dans la branche technique (génie mécanique). A noter qu’en décembre 2009, lors de la visite du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Harraoubia s’était montré disponible à doter la wilaya d’un pôle universitaire intégré d’une capacité de 8 000 places pédagogiques et qui comprendra entre autres, des spécialités scientifiques telles l’hydrologie, la géologie… Mais, il faudra encore attendre quelque temps avant que les travaux ne soient achevés.

Hafidh B.

Partager