Maâtkas : La misère se fait sentir

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A Maâtkas, la pauvreté est une réalité amère. Cette commune de près de 35 000 âmes réparties sur 45 villages et hameaux, renferme plusieurs poches de pauvreté qui demeurent encore dans l’anonymat.

La direction de l’action sociale vient juste d’être interpellé par l’exécutif communal pour constater l’ampleur de la paupérisation dans la région. Aux dernières informations qui nous sont parvenues, les membres de la commission, chargée de recenser justement ces poches de pauvreté n’en reviennent pas et se demandent ce qu’ont fait les responsables précédents pour au moins inscrire ces poches de pauvreté au niveau de l’action sociale de la wilaya. Et ce, dans l’optique de les faire bénéficier des actions humanitaires qu’effectue chaque fois le département de la solidarité nationale. De sources locales, nous avons appris que la commission de l’action sociale de la wilaya est enfin à pied d’œuvre pour réparer cette injustice, dont sont victimes des centaines de citoyens. Sur un autre registre, celui du filet social, la commune de Maatkas comptabilise 198 bénéficiaires de l’IAIG rémunérés à 3000 DA mensuellement. Ces ouvriers employés dans le secteur de l’éducation, de l’administration, de la voierie et dans les chantiers de la municipalité dont beaucoup exercent depuis plusieurs années, sont carrément sous-payés et surexploités. Il faut reconnaître que ces ouvriers travaillent beaucoup trop, relativement à leur rémunération. Peut-on de nos jours vivre avec trois mille malheureux dinars ? A coup sûr, la réponse est non ! Lors d’une visite à l’APC de Maâtkas, deux dames dépassant la quarantaine ont attiré notre attention. La première, maigrichonne et visiblement rongée par la misère est employée à ladite mairie, comme femme de ménage dans le cadre de l’IAIG. «Je travaille ici depuis des années et je ne gagne que 3 000 DA. Etant divorcée et mère de cinq enfants dont un malade chronique, dites moi comment faire pour subvenir aux besoins de mes enfants ? Ne pourriez-vous pas me titulariser ?», apostrophe-t-elle le maire. La seconde est une dame de 47ans, elle occupe la même fonction que la première, dans le même cadre avec, elle aussi, plusieurs années à son actif. Elle interpelle à son tour le P/APC : «La fonction publique vient de rejeter mon dossier de titularisation. Il parait que mon age ne le permet plus. Dois-je continuer à travailler et à être sous-payée ?» Pour la première, le maire se contentera de dire que la permanisation se fera en toute transparence. «Seule la commission chargée de la tache est habilitée de décider de votre titularisation», rétorquera l’élu. A la deuxième, il expliquera que la loi est au dessus de tous et qu’il ne peut rien faire, sinon de lui permettre de continuer à travailler dans le même cadre. Les larmes aux yeux, les deux malheureuses sont reparties faire le travail pour lequel elles sont sous-payées.

Quand on n’a que ses yeux pour pleurer.

Ils sont nombreux à souffrir et souvent ils le font en silence et à l’abri des regards. A Maâtkas, en Kabylie et ailleurs en Algérie, des pans entiers de la société vivent dans un dénuement total. Les handicapés, les non-voyants, les employés du filet social et même ceux du pré emploi souffrent en cati mini. Que faire avec 3 000, 4 000 et même avec 10 000DA par mois ? Avec la cherté de la vie et les caprices du marché il est difficile de trouver son compte, même pour ceux qui gagnent beaucoup plus. Dans ce pays riche en pétrole, les citoyens eux demeurent encore pauvres et peinent à joindre les deux bouts. Les indices sont nombreux. Il n’y a qu’à voir le nombre de mendiants, de sans domicile fixe et de chômeurs dans les ruelles des villages, des petites villes et des grandes agglomérations. Il est temps, grand temps de répartir les richesses de ce pays équitablement. Ceux qui ont le pouvoir de décision sont appelés à revoir leur copie et à faire le nécessaire pour extirper la population des griffes de la pauvreté et de la misère sociale. Ce grand peuple ne mérite t-il pas de vivre enfin dans la décence et l’aisance? Ce peuple veut vivre à la sueur de son front et du fruit de son propre labeur. Pourvu qu’on lui en donne l’occasion. Une occasion qui tarde à venir. La dépravation, elle, gagne inévitablement du terrain, au grand dam des populations qui n’ont que leurs yeux pour pleurer.

Hocine Taib

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