Tizi Ouzou rend hommage au colonel Abderrahmane Mira

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La wilaya de Tizi Ouzou a rendu avant-hier, un vibrant hommage à l’un de ses glorieux chefs historiques, le colonel Abderrahmane Mira, en l’occurrence. Une journée d’étude sur le chef historique de l’ALN dans la Wilaya III a été organisée par la direction de la culture abritée par la Maison de la culture de Tizi Ouzou.

Une rencontre à laquelle ont pris part des universitaires, les membres de sa famille notamment son fils, le député Tarek Mira, mais aussi des anciens moudjahidine qui ont eu à combattre sous les ordres du colonel Mira. L’intérêt de cette journée d’étude autour de l’immense œuvre d’un valeureux martyr, est dans le fait, que le débat qui a suivi les communications données s’est déroulé loin de toute subjectivité.

C’est d’ailleurs, Tarek Mira qui fixera, de prime abord, les règles du débat en parlant du bilan objectif loin de la mythologie. Le fils du colonel Mira dira à ce sujet que la journée d’étude organisée sous l’égide de la direction de la culture représente une excellente initiative. « C’est la première fois que la wilaya de Tizi Ouzou rend hommage à l’un de ces glorieux chahid qui a marqué l’histoire de la Wilaya III. Cette journée d’étude organisée par la direction de la culture porte donc une grande symbolique. Ce genre d’événements caractérisés par des exposés et communications suivis d’un riche et fructueux débat apportera plus de connaissance sur les hommes qui ont fait l’Histoire du pays », dira Tarek Mira. Ce dernier ajoutera sur le même sujet. « J’ai rencontré par la même occasion une personnalité qui m’a beaucoup appris, une personne qui connaît bien le colonel Abderrahmane Mira. J’ai plusieurs témoignages. Cela contribuera à faire connaître encore plus le chef de l’ALN de la Wilaya III ». Pour le parlementaire, il est important d’aborder cette phase de l’histoire algérienne loin de toute forme de mystification ou de toute mythologie.

C’est d’ailleurs, ce qui empêche actuellement les nouvelles générations de s’identifier aux héros qui ont fait l’histoire de l’une des prestigieuse Révolution dans le monde. « Le débat sur les personnages historiques doit dépasser cette logique du  » mythe  » qui a fait des martyrs des légendes inaccessibles. Il faut libérer le débat sur ce sujet, et accepter toutes les critiques. Les révolutionnaires sont des humains et ne sont guère infaillibles, quand il y a erreur, il faut assumer, les dire sans complexe », soulignera Tarek Mira. Durant sa communication donnée avant-hier, Tarek Mira a traité « La recherche du corps d’Abderrahmane Mira ».

Le directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou dira, de son côté que c’est une  » fierté pour toute la wilaya de Tizi Ouzou d’accueillir une telle manifestation. Les jeunes ont besoin de retrouver ce genre d’événements où ils pourront bien découvrir encore plus, les grands hommes à l’image du colonel Mira, qui ont fait notre histoire. Après Abane Ramdane, Fadhma N’Soumer et d’autres héros de l’histoire pour qui un vibrant hommage a été rendu sans omettre de citer le village Ighil Imoula, cette journée d’étude consacrées à la vie du colonel Mira est justement une suite logique du travail entamé et qui continuera dans l’avenir « , déclarera M.Ould Ali. Tarek Mira présentera à l’occasion une biographie de son père qui a rejoint dès 1947, lorsqu’il travaillait comme tenancier de bistrot à Aubervilliers (Bd Félix Faure) où il s’est installé et ce, en association de biens. Son établissement commercial sert aussi de point de ralliement aux militants et aux vendeurs de « L’Algérie libre, organe central du parti indépendantiste : le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) » Militant actif, il fait le va-et-vient entre Aubervilliers et Tazmalt. C’est dans cette dernière, à la veille du déclenchement de l’insurrection nationale du 1er Novembre 1954, qu’il est victime d’un abus de pouvoir. En effet, manifestant pour la libération des détenus politiques, il se fait retirer sa carte d’identité par le Caïd. Il entre résolument en clandestinité cheminement similaire à celui de la plupart des acteurs activistes de l’insurrection. A cette époque, cependant, une grande partie des militants est restée légitimiste, c’est-à-dire, fidèle au leader historique du nationalisme algérien : Messali El Hadj. C’était le cas de Tazmalt et plus encore de la vallée de la Soummam où la figure courageuse et dévouée de Larbi Oulebsir, leader du M.T.L.D pour cette région, brillait à son firmament. Ce dernier avait participé au congrès d’Hornu qui s’était tenu le 14-17 juin 1954 et fut consacré membre du nouveau Conseil national de la Révolution du parti indépendantiste », dira le fils du colonel Mira.

« Aucune trace du corps du martyr Abderrahmane Mira… »

Ce dernier établira la liaison dès décembre 1954 avec Krim Belkacem et deux autres acteurs de l’insurrection armée : Amar Chikhi et Ali Mellah dit Si Chérif.

C’est justement sous le commandement du colonel Abderrahmane Mira que l’A.L.N/F.L.N se constitua en premier lieu dans les vallées de la Soummam et du Sahel (M’cheddallah, Bouira). Sur ce point, Tarik Mira indiquera  » Lors des premières années d’implantation de l’A.L.N/F.L.N, Abderrahmane Mira se distingue par une grande combativité sur les deux versants du Djurdjura, affrontant, notamment sous le commandement du futur colonel Slimane Dehiles dit Si Saddek, le parti rival le Mouvement national algérien (M.N.A)*, présidé par Messali Hadj, à Haizer. Il repousse l’armée du M.N.A. vers les Hauts plateaux, aux confins du Sahara. Dans la même région, il obtient le 15 Mars 1956, la médaille de la résistance pour avoir réussi à effectuer, du côté de Boussaâda, à la tête de 350 soldats, la première jonction entre les troupes des zones III, IV et V, dénommées Wilaya après le congrès de la Soummam. » Abderrahmane Mira aura à assumer de lourde tâche au cours de ce congrès puisqu’il sera chargé de la sécurité des congressistes. C’est ce qui a porté Abderrahmane Mira à prendre la tête de l’ALN dans la wilaya III, son fils indiquera à ce propos  » La perte de l’ascendant de l’A.L.N de l’intérieur, constatée de façon nette à partir de l’été 1958, amène à se porter volontaire pour revenir en Kabylie. De plus, sur place, le colonel Amirouche n’est secondé que par un seul commandant, en l’occurrence Mouhand Oulhadj Akli, promu à ce grade le 1er juin 1958. En coordination avec l’état-major Est, commandé par Saïd Mohammmedi dit Si Nacer, ancien chef de la Wilaya III, les commandants Yazourène Saïd, dit Vrirouche et Abderrahmane Mira sont envoyés en renfort en Kabylie. Malade, Vrirouche rebrousse chemin tandis qu’Abderrahmane Mira contourne la ligne Morice, franchit les Wilaya I et II pour arriver à la fin mars au PC de la Wilaya III.  » et d’ajouter « Entre temps, le colonel Amirouche était en route pour la Tunisie laissant l’intérim au commandant Mouhand Oulhadj. Apprenant en chemin la nouvelle de l’arrivée inopinée de Abderrahmane Mira, le colonel Amirouche adresse, le 22 mars 1959, deux lettres, l’une au conseil de la Wilaya III et l’autre à destination de Mira lui même pour le designer intérimaire à la tête de la Wilaya (archive du SHAT- service historique de l’armée de terre : information écrites par Amirouche, dossier 1H17000-1 et évoqué dans le dossier Mira 1H3418-3). Cette information est corroborée dans le journal de marche d’Amirouche ». les premières décisions de Mira ne tarderont pas à tomber. Selon le conférencier, Abderrahmane Mira désavouera vers la fin mars 1959 à son arrivée au PC de la Wilaya III « L’usage de la torture et procède, début du mois de mai, à l’élargissement d’une soixantaine de combattants injustement poursuivis dans l’affaire de « La Bleuite », opération d’intoxication et de manipulation des services spéciaux de l’armée française, sous la houlette du colonel Godart et du capitaine Léger. « La Bleuite » avait décimé une bonne partie de l’encadrement de la Wilaya III et a permis aux services français de prendre leur revanche par rapport à leur échec retentissant dans l’affaire « l’Oiseau Bleu », déclarera Tarek Mira. Alors que l’opération Jumelles tirait à sa fin, Abderrahmane Mira est tué en compagnie du jeune Yatta Mouloud, à l’intersection méridionale des villages Aït M’quedem et Aït Hyani, à 1 Km à vol de oiseau du Pc Artois, par la 1ère compagnie du 2ème RIMA (Régiment d’infanterie marine aéroporté les Marsouins), commandé par le capitaine Treguer « le soir, par hélicoptère à Akbou. La dépouille mortelle du chef de la Wilaya III sera exposée le lendemain en son village, Taghalat, après la reconnaissance du corps par les prisonniers, notamment Boudjemaa Achiou, l’un des touts premiers compagnons d’armes du défunt. Un autre hélicoptère le reprendra pour une destination inconnue. Son corps a-t-il disparu à jamais ?  » S’interrogera en fin de communication Tarek Mira, fils de chef historique de l’ALN dans la Wilaya III. Des recherches et des contacts ont été établis pour retrouver le corps du glorieux martyr qui n’ont toujours pas aboutis à ce jours.

Omar Zeghni

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