Les Bouiris auront retenu du discours d’Ahmed Ouyahia uniquement le volet ayant trait à la relance socioéconomique dans leur région. Plus qu’une aubaine, c’est une véritable bouffée d’oxygène dont vont bénéficier les habitants de la wilaya de Bouira avec les 42 milliards, les 22 000 logements et les 5 000 locaux commerciaux accordés par le chef du gouvernement, lors de son passage à la salle Errich de la ville, vendredi dernier. Cette enveloppe et ces projets plutôt conséquents, interviennent à point nommé pour insuffler une dynamique socioéconomique dans une région longtemps défavorisée. Si les communes se situant au Sud et à l’Ouest de la wilaya connaissent une économie favorable à l’exemple de Lakhdaria, Sour El Ghozlane et Aïn Bessem qui possèdent différentes unités industrielles à même de créer des postes d’emplois et d’absorber le chômage tout en redynamisant ces régions, ce n’est malheureusement pas le cas pour les communes situées au Nord et à l’Est de Bouira. En effet, les localités berbérophones ne disposent pas, ou très peu, de terrain appartenant à l’Etat, et c’est en l’absence de ce que l’on appelle communément le foncier que la plupart des projets se trouvent délocalisés vers d’autres communes où les assiettes de terrain sont disponibles. Egalement invoqué comme argument ne permettant pas l’investissement dans ces contrées, le relief géographique accidenté. Il est vrai qu’une usine ne peut être réalisée sur une colline d’autant plus qu’aucun accès n’y est aménagé au préalable. Au vu de toutes ces difficultés qui persistent uniquement dans les communes berbérophones, les populations de ces localités se demandent si elles ne sont pas, pour le moins, condamnées à vivre en marge de l’embellie financière que connaît la wilaya de Bouira. Pourtant, on se rappelle que lors des premières négociations avec le chef du gouvernement, les délégués du Mouvement citoyen avaient réussi à arracher un plan d’urgence socioéconomique pour la Kabylie et ce, conformément au point n°12 de la plate-forme d’El Kseur, mais de cette relance, la région Est de Bouira et plus particulièrement les localités ayant vécu les évènements du Printemps noir n’ont pas été indemnisées comme souhaité par les populations. Des populations qui n’attendent qu’un minimum et qui n’exigent ni piscine ni centre de thalassothérapie, mais uniquement des conditions de vie décentes. A commencer par l’alimentation en eau potable de villages et de quartiers entiers qui souffrent toujours de la rareté de ce précieux liquide, de l’inexistence du réseau d’assainissement, de l’électricité mais aussi et surtout de la création de postes d’emplois à même d’absorber le taux de chômage sans cesse grandissant. Si l’Etat consent des efforts colossaux pour résoudre les problèmes de la région, il n’en demeure pas moins que les responsables locaux, eux, devraient davantage se pencher sur les véritables besoins des régions pour que tous les habitants de Bouira puissent jouir des mêmes faveurs.
Hafidh B.
