Tazmalt : Les pères de famille saignés aux quatre veines

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Après le Ramadhan, l’Aïd el fitre et la rentrée des classes, avec leurs charges dispendieuses, voila qu’une autre fête, celle du sacrifice, arrive à grands pas, en promettant de saigner aux quatre veines les bourses des pères de familles, déjà exsangues.  » On est dans une spirale infernale, celle de l’endettement. C’est la seule alternative pour faire face à l’achat de la viande, des légumes, des fringues et des jouets que les enfants réclament à corps et à cri « ,lâche dépité un jeune père de famille rencontré aux abords du marché hebdomadaire.

Mais ce qui accroche le plus l’attention à Tazmalt, c’est l’apparition depuis une quinzaine de jours de troupeaux de moutons qui occupent pratiquement tous les espaces. « Il nous reste quelques jours pour écouler notre marchandise et pour cela, il ne faut pas se contenter des marchés à bestiaux « , nous dira un revendeur posté à proximité de la RN26. Le prix du  » deux cornes  » donne le tournis. Un mouton rachitique se négocie entre 18000 et 20000 da. « Le mien, je l’ai payé 25000 da. C’est très difficile de trouver quelque chose de valable à un prix inferieur », assure Arezki, venu d’Ath M’likèche.

La cohorte des maquignons n’a pas manqué d’affuter ses armes. Une aubaine supplémentaire pour faire saigner les bourses avant les bêtes. »

Eu égard au cours des intrants qui ont atteints des cimes jamais égalées, le mouton n’a pas de prix « , tranche un maquignon, qui fait manifestement sienne une liturgie puisée à l’aune d’un mercantilisme de mauvais aloi. Une monnaie sonnante et trébuchante vaut bien une bigoterie.  » Le mouton triomphe de tout et de tout le monde « , renchérit un autre revendeur, conjecturant que l’ovin finira bien par conquérir tous les esprits après avoir écumé tous les espaces.

En effet, un rituel à l’évidence bien lubrifié veut que le riche va multiplier ses caprices en exigeant les meilleures mensurations, la laine la plus soyeuse et les cornes les plus insolites. L’islamiste saisit cette opportunité pour en faire un prétexte de prêche, et l’histoire du sacrifice doit forcément déborder sur  » l’essentiel « . Le couple  » moderne  » est bien obligé de  » faire comme tout le monde « . Alors, il  » égorge et  » explique  » sa mauvaise conscience à qui veut bien l’entendre. Quant au pauvre, qui se nourrit de pâte à l’eau, il se lamente, s’indigne et fait le mouton. Il finit fatalement par se résoudre à s’endetter, à se passer de l’essentiel, pour avoir son ovin.

Ainsi, avec la ferveur d’un zélote ardent, on perpétuera la tradition vaille que vaille.

A l’exception de ceux qui prennent un malin plaisir à tirer les marrons du feu, le préjudice peut être latent. Mais qu’importe le calice puisqu’on a l’ivresse !

N. Maouche

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