Jusqu’en 2005, le territoire de la wilaya de Bouira ne comptait qu’un seul petit barrage de 30 millions de m3 (barrage de l’Oued Lakehal à Aïn Bessem opérationnel depuis 1984), mais aujourd’hui, les capacités actuelles de rétention, avec les deux barrages de Tilesdit et Koudiat Acerdoune, sont de l’ordre de 837 millions de m3. Une aubaine au vu de la moyenne des précipitations annuelles sur la dépression centrale qui tourne autour de 500 à 600 mm. Ainsi, désormais, la wilaya de Bouira se place parmi les wilayas les mieux dotées en infrastructures hydriques.
Cette mobilisation des ressources hydriques n’aura toutefois pas tout a fait étancher la soif de la population, qui continue à tirer la langue durant de longues journées, et même en cette période hivernale.
Les APC rejetant les perturbations des réseaux AEP vers l’ADE, il n’est pas toujours aisé pour le citoyen de porter ses doléances à qui de droit.
Depuis le mois de juillet dernier, l’ensemble des localités raccordées à l’eau du barrage de Tilesdit est contraint de boire une eau au goût et à l’odeur nauséabonde. Toutefois et selon les affirmations de l’Algérienne des Eaux, cette eau demeure potable.
Argument dur à avaler sans mauvais jeu de mots lorsque les effluves des algues décomposées chatouillent les narines des consommateurs. Pourtant, avant de couler dans les robinets des ménages, l’eau passe dans plusieurs bassins de la station d’épuration de Bechloul, unité censée traiter l’eau du barrage afin de la rendre selon la formule, incolore et inodore. Malgré plusieurs réclamations effectuées par les citoyens auprès des différents responsables locaux, rien n’a été envisagé pour rendre cette eau inodore. Le problème a même été porté devant l’APW, et des consignes ont été données afin de mélanger les eaux de forages à celle du barrage pour atténuer un tant soit peu l’odeur insipide de la décomposition des algues. Selon les dires de certains spécialistes en la matière, l’absence de traitement par le chlore au sein de la station d’épuration de Bechloul serait un des facteurs rendant l’eau écoeurante.
Chose réfutée par des responsables de cette station qui impute cet état de fait à l’absence de …chloriste. Soit dit en passant, ce terme scientifique désigne un ingénieur chargé du dossier la quantité nécessaire de chlore dans l’eau du barrage.
Absence de chlore ou de chloriste, toujours est-il que les citoyens de la région de Bouira alimentée via le barrage de Tilesdit doivent vraiment vaincre leurs phobies avant de tremper leurs lèvres dans l’eau du robinet, et surtout avoir le cœur bien accroché pour éviter des nausées et des hauts le cœur. Investir des sommes colossales pour réaliser des ouvrages grandioses, comme le barrage de Tilesdit est une chose, veiller à ce que cet ouvrage fournisse une eau agréable en est une autre.
Pour les autres citoyens relevant des localités de l’Est de la wilaya, la situation n’est guère reluisante. A Takerboust, par exemple, les citoyens, excusez le terme, “s’abreuvent’’ à partir de l’oued Aghbalou. A la moindre petite averse, l’eau qui coule dans les robinets n’est plus incolore, et c’est carrément un mélange de boue et d’eau qui alimente les foyers.
On se rappelle que lors de la visite de Kara Mohamed Sgheir, dans la localité et lors d’une campagne électorale, des citoyens n’avaient pas hésité à lui proposer cette eau boueuse en guise de rafraîchissement.
Le ministre des Ressources en eau, le temps de sa visite à Bouira n’aura hélas pas eu le privilège d’étancher sa soif avec ces eaux qui en font voir de toutes les couleurs à des consommateurs plus que blasés.
Hafidh B.