La casquette en biais, appuyé sur une canne, le regard dans le vague, M. Bellache Nacer est un mal voyant depuis 1992 et dont la capacité visuelle est de l’ordre de 4% autant dire nulle. En sus, un rhumatisme fragilise sa jambe droite depuis 2003. Ce père de quatre enfants survit depuis dix-huit ans avec une maigre pension ; à la maladie qui s’acharne cruellement sur son corps, Dame nature se montre véhémente ; elle s’attaque, elle, à son habitation sise au village Loudha. Depuis février 2010, un affaissement de terrain survenu en contrebas de sa maison le tient à cran et lui joue les rabat-joie en instillant au fond de son âme une insidieuse angoisse qui l’empêche de savourer un bon sommeil. Sa maison est toute zébrée de fissures ! Un trousseau de papiers sous l’aisselle, il avoue : «Une lettre du comité de village a été adressée sur le champ au wali de l’époque pour qu’il intervienne. Ensuite, un procès verbal de constat a été établi en présence du P/APC. La CTC-EST s’est déplacée sur les lieux, et a constaté de visu les risques, et a listé un ensemble de vives recommandations drastiques à prendre». Depuis le début de l’année en cours, le plaignant regrette que «rien de consistant n’a été entrepris, hormis le poteau électrique qui a été déplacée, en plus d’une bricole faite pour déplacer les eaux usées avec des tuyaux en PVC ». Retraité d’une entreprise nationale où il assumait la tâche de topographe, notre interlocuteur, dépité ajoute : «le temps passe, le drainage des eaux de pluie n’est pas fait, le bétonnage des ruelles, non plus, et le géotechnicien qui devait venir sur place n’est jamais arrivé à ce jour ! Pourquoi un tel abandon ?». Avec les premiers signes d’un hiver rigoureux qui se manifestent chaque jour, et l’installation récente d’un nouveau chef de daïra, M. Bellache Nacer est tenaillé par l’angoisse d’un éboulement fatidique de sa maison, mais il reste cependant armé d’un profond espoir en la personne du nouveau administrateur auquel il a adressé un courrier touffu de procès verbaux et autres recommandations restées lettres mortes. «C’est un homme de terrain et j’ai confiance en sa personne !», dit-il en espérant de voir un jour proche ses doléances prises en charge, sa vie et celles des siens mises à l’abri du danger.
T. D.
