Fidèles à la tradition léguée par leurs ancêtres, les habitants de la région montagnarde d’Aâfara et des villages voisins, relevant de la municipalité de Boukhelifa, ont organisé au début de ce mois de novembre, une Louziâ (un sacrifice rituel) pour donner le coup de starter à la compagne de la cueillette d’olives. Deux bœufs ont été immolés pour l’occasion. M. Abbou Slimane, un citoyen de cette commune, nous dira que l’achat de ces deux bêtes a coûté 19 millions de centimes. Les familles ayant participées à cette Louziâ ont cotisé chacune avec la somme de 1 650 DA. En tout, 115 parts ont été distribuées à l’issues de ce rite ancestral, a ajouté notre source. Dans cette région, la tradition veut qu’une Louziâ doit, impérativement, précéder la collecte des olives. M. A. Slimane nous affirmera même que celui qui commence la cueillette avant l’organisation de ce rite est passible d’une amende. Cette«loi» est en vigueur à ce jour au niveau de cette localité. Pour notre interlocuteur, qui voit en cette mesure un signe révélateur de l’intelligence de nos ancêtres, cette pratique évitera le vol des olives d’autrui, car tous débuteront la cueillette le même jour et au même endroit.. Aussi, un autre objectif recherché à travers ce rite, celui de créer quelques moments de convivialité et de partage entre les habitants de cette localité. Cela est vu comme un signe de solidarité. Il est vrai qu’à un certain temps la région a connu un exode rural important vers la ville, à cause de la détérioration du cadre de vie des familles. Toutefois, suite aux efforts consentis par l’Etat, ces derniers temps, pour améliorer les conditions de vie de ces habitants, avec l’aménagement des routes et le raccordement en électricité les gens commencent à y retourner pour s’installer et s’investir dans l’agriculture, surtout la plantation d’arbres. Cependant, ces riverains attendent toujours le raccordement en eau potable qui tarde à voir le jour. Les puits de puisage entretenus et les fontaines d’eau leur servent, actuellement, d’appui, en attendant la concrétisation de leur rêve, avec l’arrivée de l’eau du robinet.
Boualem Slimani