A l’instar de beaucoup d’autres régions du pays, la crise du lait en sachet a atteint son paroxysme dans la wilaya de Bgayet où ce produit de première nécessité a quasiment disparu dans les espaces de vente depuis plus d’un mois et les consommateurs ne savent plus à quel “sein’’ se vouer pour s’en procurer cet aliment de base.
Une situation qui a fait remonter en surface des pratiques désolantes et autres mauvaises mœurs des années 1980 avec l’apparition de chaînes interminables devant des épiceries, ponctuées quelques fois par des prises de bec et bagarres.
Certains épiciers, néanmoins les plus réguliers, n’ont trouvé mieux que de rationner la distribution à deux sachets par personne pour satisfaire tout ce beau monde à la recherche désespérée de quelques sachets de lait quelques fois d’une qualité qui laisse à désirer.
Une hausse du prix du sachet
Certains vendeurs font couler cette marchandise rare à des prix élevés sous prétexte de l’avoir acheter à “une troisième main”. La spéculation va aussi bon train pour engendrer une augmentation du prix d’un sachet de lait quant il est disponible, si non un déséquilibre dans la distribution et la commercialisation de ce produit A l’origine de cette pénurie, le manque de la poudre d’importation nécessaire à la fabrication du lait en sachet ayant pour conséquence une insignifiante quantité produite, voire l’arrêt de production totale au niveau des unités privées implantées dans cette wilaya. Pour faire face à cette situation, le premier responsable de la laiterie d’Amizour M. Bounif Abdelkader, a déclaré lors d’une journée d’étude sur la filière laitière organisée à Amizour le mardi dernier, que son unité a revu à la hausse sa capacité de production pour atteindre les 100 mille litres/jour, mais n’en couvrent en fin de compte que 75 à 80% des besoins de la population de la wilaya. Le Directeur de cette unité publique Giplait trouve qu’il s’agit d’une crise spontanée qui aurait pu être atténuée “si les unités privées avaient joué le jeu”. A cet effet, il dira que son unité n’est pas mieux lotie que celles des privés s’agissant de l’approvisionnement au compte goutte en poudre de lait.
“Notre usine reçoit un quota mensuel de 1 200 tonnes réparties sur plusieurs distributions, ce qui nous laisse travailler au jour le jour, mais nous arrivons tout de même à minimiser cette pénurie pour tripler notre production.”
A cela, il faut rappeler que la laiterie d’Amizour a ramené au cours de cette crise sa production de 40 mille à un peu plus de 100 mille pour atteindre une capacité de 97%.
Si le manque de la poudre de lait importée est la cause principale d’une pénurie de lait en sachet, il n’en demeure pas moins que le développement de la filière laitière dans la wilaya de Bgayet plus précisément encoure des insuffisances, a-t-on révélé lors de cette journée d’Amizour.
Les professionnels en la matière se sont accordés à dire que la collecte de lait de vache est insignifiante, puisque sur les 28 millions de litres produits chaque mois, seuls 7 millions sont collectés.
Le dispositif étatique pour l’achat du lait de vache chez les éleveurs de bovins dont le coût d’un litre revient à 42DA ne manque pas lui aussi de failles, selon les dires de certains fellahs et distributeurs de lait.
Le prix préconisé est en baisse du prix réel qui devait être de 60DA, vu la cherté des produits vétérinaires et des aliments de bétail, ainsi que le manque de cuves nécessaires au transport du lait collecté jusqu’à l’usine de transformation.
A cet effet, le directeur de Giplait Amizour rassure les distributeurs et producteurs de lait de vache qu’un avis d’appel d’offres pour l’achat de cuves est lancé du moment que cette unité a élargi son réseau de collecte de lait pour toucher les communes les plus éloignées.
Nadir Touati