Comme premières impressions juste après sa sortie de l’aéroport, M. Rachid Ali-Yahya s’est montré très ému devant l’accueil qui lui a été réservé par les militants présents hier à Alger. Dans cet entretien qu’il nous a accordé M Ali-Yahya évoque surtout tamazight et la question de l’Algérie algérienne.
La dépêche de Kabylie : Deux générations de militants vous accueillent aujourd’hui, quel est votre commentaire… ?
Rachid Ali-Yahya : C’est un immense plaisir et un immense honneur. Voir les anciens et les nouveaux réunis ensemble est la seule chose à souhaiter, d’ailleurs, qu’est ce que je peux souhaiter d’autre ?
Quel regard portez-vous sur l’Algérie des années 70 et celle d’aujourd’hui
Il faut, d’abord, que je prenne contact avec la réalité du pays, quoique je la suis de très près de l’extérieur. Vous savez, je suis absent, mais l’Algérie ne m’a jamais quittée et je l’ai toujours portée dans mon cœur. La différence qu’il y a entre le passé et le présent, je pense que d’un certain point de vue, il y’a un grand progrès, mais il est insuffisant, car, il faut maintenant, aller de l’avant, mais franchement de l’avant. L’action doit être poursuivie avec intelligence et détermination.
Sinon, vous revenez au pays pour activez sur la scène politique ou bien dans un cadre strictement familial ?
Vous savez que dans la situation dans laquelle je suis, est-ce qu’il m’est possible de rester les bras croisés ? Toute ma vie, je l’ai consacré à la cause de l’Algérie Algérienne et vous voulez maintenant que je me croise les bras, les quelques années qui me restent ?
Des projets…
On verra cela, à l’unisson avec tous mes amis. On verra ce qu’il y a lieu de faire. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il y a actuellement une sorte de stagnation. Je peux même me permettre de dire que c’est une sorte d’immobilisation. Il faut un coup de fouet. Il faut absolument se reprendre et relancer la lutte. Tout dépend, encore une fois, mais il faut que la lutte soit menée certes avec détermination, mais surtout avec intelligence.
Que diriez-vous de tamazight avec les avancées qu’elle a eu ?
Je pense qu’il y a des avancées qui sont notables et sérieuses. La langue berbère a été reconnue en tant que langue nationale. Constitutionnellement, c’est une avancée incontestable mais elle est piégée. Elle l’est dans ce sens qu’elle est considérée comme langue mineure par rapport à la langue arabe classique qui n’a aucune raison d’être une langue nationale et officielle en Algérie.
Pour ce qui est de l’officialisation de tamazight, je pense que la lutte doit être entreprise en Algérie pour l’officialisation de tamazight en tant que langue officielle et aussi pour l’officialisation de l’arabe algérien pour la communauté berbère arabophone d’Algérie.
En Algérie, il n’y a pas d’Arabes ! Il n’y a aucun Arabe en Algérie ! Il n’y a que des Berbères. Une partie berbérophone et l’autre arabophone. On a cherché à diviser les Berbères berbérophones entre eux et les Berbères arabophones des Berbères berbérophones. Il faut nous unir tous pour une Algérie algérienne.
Propos recueillis par M. Mouloudj
