Les partis de l’Alliance, de par leurs divergences et les limites de la gestion gouvernementale, notamment, s’agissant de la question sociale, ont-ils à ce point exaspéré le chef de l’Etat qui aurait décidé de procéder à un remaniement ministériel.
Le responsable de la chefferie du gouvernement, avait lui-même, souhaité opérer une “mue” au sein de l’Exécutif, après les résultats obtenus par le FLN lors des Sénatoriales. Un souhait qui, à l’époque, avait relancé le débat autour du renforcement de la présence de l’ex-parti unique au sein de l’appareil exécutif. Les affaires courantes qui marquent l’actualité telle que la gravité socioéconomique, la flambée de prix des produits de large consommation et les fluctuations capricieuses du marché national sont autant d’élément d’une situation qui devait permettre à Belkhadem d’agir sur les évènements. D’autant que cela ne réduit en rien sa responsabilité au sein d’un gouvernement censé rétablir le contrat de confiance avec les Algériens, mais dont les ministres échappent à son observation. Aujourd’hui, la crise intestine qui secoue le parti de Belkhadem renvoie cependant au devenir de l’Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP), qui a reporté, à deux reprises, une rencontre au sommet. Comme à son habitude, le parti islamiste de Bouguerra Soltani a saisi l’occasion pour endosser au FLN la responsabilité du non-respect du calendrier de fonctionnement de la coalition.
Mais d’autres points de désaccord existent entre le MSP et les deux autres partis. Il y a d’abord la question de la révision constitutionnelle : alors que le FLN et le RND ont manifesté leur volonté de s’inscrire dans le programme du président de la République, le MSP avait estimé que l’actuelle “Constitution est parfaite”. L’autre divergence est d’ordre politique : le MSP, qui refuse énergiquement d’être placé dans le camp des opposants, se dit favorable au retour des ex-dirigeants du FIS dissous sur la scène politique nationale. L’absence du consensus sur l’amendement constitutionnel est une des raisons principales de cette situation et les dernières déclarations d’Ahmed Ouyahia et de Bouguerra Soltani confirment que l’on est loin d’un compromis à même de niveler les clivages existant. Le silence qu’affiche Abdelaziz Belkhadem ces derniers jours, donne un aperçu sur la crise qui secoue cette Alliance. Le SG du FLN qui devra réunir les instances du parti, samedi prochain, ne manquera pas certainement de donner son avis sur l’avenir de la coalition gouvernementale lui qui a prédit l’échec de l’initiative devant le peu d’empressement de ces deux frères pour la candidature de Bouteflika.
Déjà lors de la campagne pour les dernières élections locales, des échanges de critiques ont eu lieu entre Ouyahia et Belkhadem sur la gestion gouvernementale. Pour sa part, M. Ouyahia n’a pas mâché ses mots en taxant Belkhadem de populisme. Alors que ce dernier suggère que les mêmes qui ont voulu l’empêcher d’être le ministre des AE, se sont ceux-là qui le veulent aujourd’hui.
Nacer Ould Mammar