La fête de l’Aïd, que les agriculteurs ont fixé comme date butoir, expédiée, ce derniers lancent la campagne de cueillette d’olives. Les préparatifs d’usage qui consistent en une inspection minutieuse des équipements indispensables tel les gaules, les sacs, échelles et filets à récoltes, sont déjà terminés. Ces outils sont réunis dans un coin, prêts à l’utilisation et n’attendent qu’à prendre la direction des champs et des oliveraies le moment venu, pour ne rentrer que dans 02 mois, soit à la fin de la récolte. C’est ainsi qu’au lendemain de la 2e journée de la fête religieuse, soit le mercredi de la semaine écoulée, les routes et sentiers qui mènent vers les oliveraies ont commencé à s’animer tôt le matin. Des femmes avec de gros baluchons contenant les filets à récoltes sur le dos et des hommes emportant les échelles, les gaules et perches sur l’épaule, empruntent ces chemins par groupes de 5 à 6 personnes, qui composent chaque famille. Quand aux paniers contenant le déjeuner et les bidons d’eau de 5l, ils sont confiés aux enfants qui s’interpellent et qui ont hâte de se débarrasser de leurs fardeaux, pour se retrouver et partir à l’aventure à travers champs. Les plus malins profitent pour y chaparder quelques kilos d’olives qu’ils vendent à 20 da/kg, pour se faire un peu d’argent de poche, un fait sur lequel les parents ferment les yeux en raison de l’abondance de la récolte cette année. Une fois arrivés dans les oliveraies, les femmes commencent immédiatement à étaler sous l’olivier ciblé les filets qui doivent recevoir les grains, tandis que les hommes s’attèlent à ramasser du bois mort afin d’allumer un feu pour, d’abord, se dégivrer les mains, ensuite, pour obtenir des braises qui serviront à réchauffer le repas de midi. C’est ainsi que, de chaque oliveraie monte des colonnes de fumée, un tableau qui ressemble de loin à un ancien village indien. A partir de 10 h une, une fois l’humidité de la brume matinale évaporée sous la chaleur des rayons du soleil et de la légère brise du matin, les hommes commencent à grimper sur les arbres après avoir installé solidement les échelles laissées pour les femmes, ces échelles comportant moins de risques de chute. Les pères de familles en véritables conducteurs de travaux veillent au…grain et vérifient si chaque participant est bien positionné sur son échelle ou sur sa branche pour travailler en toute sécurité. Ces mêmes chefs de familles ou leurs épouses se chargent, en plus d’animer les conversations et entretenir une bonne ambiance, pour faire oublier aux autres les signes de fatigue et donner à la cueillette un air de fête, étant déjà eux-mêmes heureux devant une récolte abondante et plus que prometteuse. Fait remarquable, durant tout le temps que prend cette campagne, toute forme protocolaire dans la cellule familiale toujours en vogue dans nos campagnes, disparaît pour céder la place à une forme de fusion entre les femmes et les hommes, où les adultes et les mineurs se retrouvent égaux, s’attelant à la même tâche et partageant le même repas. Durant toute cette saison de ramassage d’olives, les campagnes de Kabylie enregistrent une agréable animation qui ressoude l’esprit communautaire. Cet air détendu et heureux qu’affichent tous les participants à la cueillette d’olives, s’explique par le fait que cette activité est une cure irremplaçable contre le stress, l’angoisse et la mauvaise humeur. Ce sont des visages radieux et heureux qu’on rencontre sur ces chemins, le soir au retour d’une bonne journée de ramassage d’olives. La nuit on plonge dans un profond sommeil paisible et réparateur. La fin de la cueillette d’olives est toujours vécue avec une pointe de tristesse et de nostalgie en Kabylie
Oulaid Soualah