Université de Béjaïa / La face cachée du LMD

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Depuis sa mise en application, pour la première fois dans les deux départements des langues, respectivement celui de français et d’anglais à l’université de Béjaïa, le système LMD ‘’change de caractérisation et de réglementation’’. Ce constat a été fait suite aux multiples revendications qui sont faites par des étudiants de différentes filières et cycles d’année en année.

D’origine anglo-saxonne, le LMD a existé depuis longtemps, dans les universités nord-américaines (USA, Canada) et britanniques. Il a été mis en place en Algérie en application du décret exécutif n° 04-371 du 21 novembre 2004.C’est ainsi que l’université de Béjaïa l’a abrité pour la première fois en 2004. Celui-ci a été adopté progressivement dans la majorité des pays d’Europe, du Maghreb tels que la Tunisie, le Maroc et autres régions du monde arabe. L’objectif de ce système est de préparer à l’ouverture sur l’évolution mondiale des différentes sciences et à une meilleure insertion professionnelle. Certes, le recteur M. Merabet avait déclaré ce système ‘’réussi’’ du fait de l’inscription ‘’volontaire  » d’un grand nombre d’étudiants. Certes, le LMD enregistre, d’une année universitaire à une autre, une évolution quantitative à Béjaïa, mais surement pas qualitative. Car, il ne faut pas ignorer les multiples revendications menées par des étudiants des suites, de nouvelles lois appliquées par les départements de la tutelle, ainsi que certains problèmes, liés toujours à la pédagogie. Citons, entre autres, le système de compensation entre les unités d’enseignement, qui a été annulé par le département de français en 2007. Une décision jugée ‘’arbitraire’’ par des étudiants qui se sont vu obligés de refaire l’année. En 2008, d’autres lois apparaissent telle que l’intégration de la note de contrôle aux examens de rattrapage, une décision qui est apparue ‘’subitement’’, et qui a surpris les étudiants. Vient ainsi la décision d’annuler la compensation entre, cette fois-ci, les deux EMD. Pour passer à un niveau supérieur, il est prévu d’avoir une note équivalant ou supérieur à 10 et l’acquisition de 60 crédits pour chaque trimestre. Ce qui est de plus étonnant, c’est que ledit règlement n’a pas été appliqué dans tous les départements d’une même faculté lettres et sciences humaines, en l’occurrence. Cependant, des étudiants ont procédé à la fermeture du département de français, pour l’annulation pure et simple de ces lois, mais sans aucune suite.

En 2009, d’autres changements de lois ont ‘’infecté’’ d’autres départements. C’est ce qui s’est produit au département des sciences de l’économie, gestion et commerce (SEGC). L’administration a jugé important de réduire le taux d’étudiants qui devront passer en Master 2, vu le manque d’encadrement. Une décision qui a été annulée, après la fermeture de la faculté par des étudiants. Le problème est subi par d’autres départements, à l’instar de celui de langue anglaise. Ce dernier, a, pour rappel, dû geler certaines spécialités du fait du ‘’manque d’encadrement et de temps pour bien former les enseignants’’, d’après M Maouche, le chef du département, qui a eu à déclarer, dans une conférence tenue dans un amphithéâtre avec les étudiants, avoir été ‘’surpris par l’arrivée soudaine dudit système sans que nous soyons formés ou même initiés’’.

En juin 2010, c’était au tour des étudiants de génie civil de monter au créneau, en boycottant les examens de la 2ème EMD. Une grève a été enclenchée pour cause de mauvais résultats obtenus car ’seulement 14% des étudiants ont eu la moyenne. Ce mouvement de protestation qui avait charrié d’autres points de revendications liés à la pédagogie et à l’administration, a duré presque trois semaines. Ces changements subis des lois est en fait une manière de limiter davantage les passages en Master 2, car il y a un manque d’options et d’enseignants encadreurs.

Cette année encore, l’on revient à ce même problème : c’est la question de la ‘’limitation’’ qui fait le quotidien de la communauté universitaire ces jours-ci. Au moment où les étudiants sont entrés en grève illimitée depuis la semaine dernière, des enseignants estiment que la décision de limiter l’accès au Master2 est juste. ‘’Moi je suis pour l’égalité des chances entre le système LMD et l’ancien régime mais avec un tri des candidats et un effectif très limité’’¸déclare un enseignant. D’autre jugent certains étudiants ‘’non aptes’’ et ‘’incapables’’ de mener un travail de recherche, et ce, en faisant allusion aux quelques travaux de recherches, réalisés l’année passée, par des étudiants de Master 2, dans le cadre de mémoires de fin d’études. Quelques mémoires ont en effet été jugés ‘’médiocres’’, d’autres sont rejetés. Pis encore, ils ont été présentés tard pour cause de mauvaise méthodologie, refais plusieurs fois. De ce fait, le département de français, vu le manque d’encadreurs et de temps, a pris cette année, la décision d’annuler les soutenances.

Mounir O.T.

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