Avant de s’envoler, après-demain, pour la France, où il aura à animer plusieurs spectacles notamment à Fontenay Sous Bois, en région parisienne, en plus d’un duo avec le chanteur chaâbi, Abdelkader Chaou, à l’occasion des fêtes de fin d’année, Mourad Guerbas a répondu présent à l’appel des patients de l’hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, qu’il a gratifiés d’un gala mémorable, pour la seconde fois consécutive.
En arrivant jeudi dernier, vers midi, devant le portail de l’hôpital psychiatrique Fernane Hanafi, de Oued Aïssi,rien ne semblait indiquer que le chanteur Mourad Guerbas allait deux heures plus tard animer un gala devant une centaine de personnes atteintes de maladies mentales, internées dans cet établissement. «Nous voulons signifier par cette initiative que le traitement psychiatrique n’est pas synonyme de médicaments», résume M. Hakim Lamara, responsable du pavillon hommes, précisant au passage que Mourad Guerbas, en était à son deuxième gala consécutif, après celui de l’an dernier, à l’occasion des fêtes de fin d’année. «En décembre dernier, il a déjà animé un gala dans l’enceinte même du pavillon des hommes. Pour cette année, nous avons une salle de spectacles, entièrement rénovée ; ce qui permettra d’en faire profiter un plus grand nombre de nos patients hommes et femmes», précise M. Lamara. En effet, la salle agréablement conçue, est spacieuse. 160 confortables fauteuils y sont séparés par un passage donnant sur la piste de danse, face à la scène. D’un côté sont installés les invités, de l’autre, plus d’une soixantaine de pensionnaires, vêtus pour la plupart de pyjamas de l’établissement uniformisés. Ces derniers sont encadrés par presque autant d’agents du personnel médical, prêts à intervenir. «Ce sont des mesures dictées par la nécessité car nous avons affaire à des personnes au comportement imprévisible, qui ont besoin d’une attention particulièrement soutenue», explique M. Lamara. Il est près de 14 heures et le gala est sur le point de commencer. Sur scène, Mourad Guerbas donne les dernières directives à ses musiciens. Un infirmier de l’établissement se charge d’annoncer le programme. C’est Mouloud Hadni, un jeune chanteur, qui fait l’entame, avec la chanson Cfi૪, de Idir, suivie par d’autres succès du terroir. Incités par les infirmiers et infirmières qui les guident vers la piste de danse, les pensionnaires acceptent progressivement de se prêter au jeu. Les décibels aidant, certains au regard vague et inexpressif, semblables à des automates, tournoient, l’air hagard, tandis que d’autres font des allers-retours incessants le long de la piste. De temps à autre, intervient le personnel médical pour raccompagner l’un des danseurs, emporté par l’euphorie musicale du rythme soutenu des chansons, de peur d’un éventuel malaise. Ces derniers acceptent avec indifférence la sentence, se laissant raccompagner vers leurs places, tout résignés, sans l’expression de la moindre protestation ni résistance. Les danseurs ont-ils un parent, des amis, parmi les invités ? Sans nul doute, non ! Autrement, ils auraient accouru à la rescousse, vers les leurs sans hésitation, gesticuler à leurs côtés. Veillant au grain, les membres du personnel médical, rompu de professionnalisme, se relaient discrètement pour faire quelques tours de piste avec leurs patients, avant de s’effacer. Du fond de la scène, où il était assis en attendant son tour de passage, Mourad Gherbas a vu tout ça. Ce public singulier ne lui était pourtant pas étranger, puisqu’il en était à sa deuxième expérience. En homme de scène averti, il sait que son public du jour a surtout besoin de chaleur humaine. Ce qu’il arrivera à faire ressentir durant tout le spectacle. Dès la première chanson, Delmektouviw, pour rentrer en communion avec l’assistance, il tend son micro, en direction des danseurs, les invitant à reprendre avec lui le refrain, leur montrant qu’il était là uniquement pour eux. Mourad arrive ainsi à enflammer la salle, en interprétant merveilleusement bien, avec toute l’émotion voulue, l’un derrière l’autre tous ses succès comme : Que des promesses ; Setach dilamris ; Je pense à toi, je pense, et bien d’autres encore. Dans le souci de plus se rapprocher de ses fans du jour, le chanteur n’hésite pas à plusieurs reprises à descendre de la scène, le micro à la main, poursuivre son chant au milieu des danseurs, amenant ainsi le plus grand nombre des internés à rejoindre la piste de danse. La salle de spectacles de Oued Aïssi allait ainsi vivre plus de deux heures privilégiées, dans une ambiance de fête, ressentie comme une thérapie de défoulement musical, qui aura permis aux concernés de sortir, l’espace de quelques heures de leur cloisonnement habituel.
L. S.