«J’ai composé Ulim Duzal à deux heures du matin dans ma voiture»

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Youcef Guerbas n’a pas deux visages. Courtois et sincère, aussi bien à travers ses œuvres, que dans sa vie de tous les jours. A l’approcher, on décèle un grand contraste entre son physique robuste et sa sensibilité intérieure… Il se dévoile dans l’entretien qui suit comme dans un confessionnal.

La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord parlons de votre actualité ?

Eh bien, c’est le train-train normal d’un artiste. C’est vrai que j’avais décidé ces derniers temps de prendre un peu de recul, pour me consacrer davantage à la préparation de mon nouvel album, mais il y a eu ces invitations pour participer à des rendez-vous de solidarité donc je ne pouvais dire non. Dernièrement, j’ai répondu à l’appel d’une association œuvrant pour la cause des handicapés, cette semaine c’était autour d’un collectif qui a décidé de faire un geste pour une parente d’une jeune artiste, présentant des soucis de santé… Ce sont des situations qui ne me laissent pas indifférent, et je dis oui les yeux fermés. Personne n’est à l’abri et on se doit de répondre à ces appels de détresse.

Youcef Gherbas : Vous évoquez votre nouvel album. Où en êtes-vous justement ? Une bonne nouvelle à annoncer à vos fans ?

Disons que ça sera pour bientôt. Je devais entamer l’enregistrement à la fin du mois, mais comme j’ai pris des engagements à l’extérieur du pays, j’ai du donc différer l’échéance jusqu’à mon retour.

On peut avoir une idée sur ces engagements ?

Oui, ils sont d’ordre professionnel. Je dois me rendre en France où je dois me produire le 19 décembre prochain à Lille, dans le cadre d’une semaine culturelle dédiée à l’Algérie. J’ai aussi d’autres galas à animer un peu partout, notamment à Paris à l’occasion des fêtes de fin d’année. Enfin je verrais plus clair une fois sur place avec mon chargé d’affaires qui s’en occupe. J’en profite d’ailleurs pour lui dire ma reconnaissance ainsi qu’à mon ami Moh Dehak.

Et vous comptez rentrer quand ?

Si tout va pour le mieux, juste après. Je veux dire début janvier. Car je dois entamer l’enregistrement de mon nouvel album. J’en ai d’ailleurs déjà discuté avec Madjid Hallit, avec qui je travaillerai en studio. C’est quelqu’un qui a toujours été correct avec moi et il fait du bon travail, donc je ne vois pas pourquoi je serai tenté d’aller voir ailleurs.

Une exclusivité pour les lecteurs de la Dépêche de Kabylie ? De quoi sera fait ce prochain album ?

Il y’aura neuf chansons que j’ai composées, paroles et musiques. Ce sont huit nouveaux titres et un ancien que j’ai édité en 1994. J’ai décidé de le reprendre avec un nouveau mixage. C’est la chanson Lefraq Yurra (La séparation est notre destinée). Il y a aussi une chanson suite à Mazal Lahdiam Ghouri (J’ai ton présent en souvenir). Une troisième que j’ai intitulée Yareq Iyi Wayen Snagh (J’ai perdu mes notions). C’est un sujet qui traite d’une désorientation subie depuis une certaine rencontre. Je chante aussi la solitude, la peur du noir… Comme j’ai ajouté à ce sentiment un peu d’amertume et de frustration que chacun éprouve, en se voyant prendre de l’âge dans Thaâda Temzi. Et puis il y a Our Kemtoualigh thitt, Our yi teqrah wul, c’est un peu comme on dit loin des yeux loin du cœur, même si ce n’est pas toujours évident. La neuvième c’est Imi Dh’Kem Thetoudhiyi (Même toi tu m’a ignoré).

Et le titre de l’album c’est ?

Voilà on y arrive. Alors le titre c’est celui de la chanson qui, à mon sens, est la première dans ce travail à travers laquelle je chante le mal d’un amour inaccompli, le mal d’une situation déprimante… C’est en quelque sorte le cri qu’on pousse dans de pareilles circonstances, on a envie de se confier, de se soulager, lancer un SOS… Je l’ai d’ailleurs intitulée A Teviv.

Et ça sera votre cinquième album n’est ce pas ?

Tout à fait. J’ai fait Lefraq Youra en 1994, Mazal Lahdiam en 2000, Sani Ara Rouhegh en 2006, Thefkayi Akhessar en 2008, Tizlits Kann en 2009 et A Tebib qui est prévu pour 2011.

Une date précise peut-être ?

Très probablement pour mars prochain.

Y a-t-il quelque chose que tu regrettes de ne pas avoir fait dans ta vie ?

Oui, je peux dire que j’ai regretté de ne pas avoir produit plus d’albums. J’en avais l’inspiration, ce n’est pas ce qui me manquait, mais j’étais loin de réaliser que ce que je chantais allait à ce point plaire au public. Je me suis, si vous voulez, retrouvé comme un restaurateur qui a préparé un petit couscous à ses invités. S’il savait que ça allait plaire à ce point à ses invités, il aurait certainement préparé suffisamment pour tout le mode…

On ne peut terminer cette tchatche sans parler de Ulim Dhuzal…

Ah, je m’y attendais un peu, d’ailleurs c’est à peine qu’on ne m’a pas fait un surnom avec ce titre.

Sincèrement, vous attendiez-vous à un tel succès pour ce tube ?

Alors là je vous le dis tout de suite, pas du tout. D’ailleurs c’est une chanson qui n’était pas prévue dans l’album. Figurez-vous que je l’ai rajouté pour compléter le CD.

Vous vous rappelez comment elle vous est venue à l’esprit ?

Oui, comme si c’était hier. Les paroles me sont venues à l’esprit un soir. Je me rappelle, c’était vers deux heures du matin, j’étais dans ma voiture en stationnement du côté de Oued-Aissi. C’était un rendez-vous avec moi-même, on va dire ça comme ça. Voilà tout est parti de là.

Et vous allez certainement la chanter le 19 à Lille ?

C’est clair, elle est devenue une chanson repère de Youcef Gherbas, et on ne peut pas y échapper.

Etes-vous satisfait de votre parcours?

Je ne peux pas dire ça à cent pour cent, mais disons que j’ai fait quelque chose, et je suis quelque part, assez réjoui du retour d’écoute qui me fera avancer et donner davantage…

D’après vous, qu’est-ce qui a stimulé ce retour d’écoute positif de votre public ?

Je pense que j’ai toujours été honnête avec lui et j’ai surtout été sincère. Tout le monde sait que je ne joue pas, je chante ce que je ressens. Mes albums sont une bonne partie de ma vie.

Entretien réalisé par Nassima Chebbah

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