Sidi Aïch a connu ses années de gloire, au milieu des années quatre vingt, en raflant la vedette aux autres villes de la vallée, devenant incontestablement le centre qui accueille toutes les activités dans différents domaines et autour duquel gravite tout le beau monde de la vaste Soummam. Si certains lui prédisaient un avenir radieux, d’autres par contre savaient bien que le temps finit toujours par faner toutes fleurs, même les plus belles et noircir les horizons, même les plus éclairés.
Gangrenée par des luttes intestines d’intérêt et d’influence, la ville sombra dans un profond coma. La déchéance s’installe et les médecins au rabais et autres charlatans de tout bords se bousculaient à son chevet, avec leurs chimériques potions magiques pour lui prêter secours, mais ils n’ont fait qu’aggraver son état. L’arrivée de la nouvelle équipe à la tête de la municipalité a suscité beaucoup d’espoir parmi la population locale, quant à un nouveau démarrage vers de nouvelles perspectives plus meilleures.
Après trois années à la tête de la municipalité les maîtres des lieux ont commencé à redorer, petit à petit, le blason de cette cité sortie de l’écume de la Soummam.
En effet, malgré les dires de certains moulins à paroles, la ville se réveille doucement de sa léthargie, sous le bruit assourdissant de marteaux piqueurs et autres engins qui lui redonnent vie à nouveau. Après une ardente sécheresse, où les robinets des ménages étaient tout le temps à sec, voici l’eau de Tichy Haf » qui coule à flot et fait exploser par endroits les conduites d’AEP, vu sa pression.
L’anéantissement de l’habitat précaire est en marche, des immeubles poussent tels des champignons sur les hauteurs de la Nouvelle-Ville de Maala, une bibliothèque se dresse fièrement au milieu de la ville, au côté de la salle des fêtes Youcef Aliouche qui a, elle aussi, retrouvé son éclat à coup de milliards de centimes. Pas loin de là juste le boulevard du 1er Novembre à traverser et nous voilà dans l’enceinte du marché de la ville, entièrement refait et aménagé selon les nouvelles normes en vigueur.
Le marché de l’automobile refait surface, après une longue plongée en apnée. Deux annexes d’état civil ouvriront bientôt leurs portes, respectivement à la Nouvelle-Ville de Maala et l’autre dans la zone éparse de Remila. La fameuse place Boudiaf qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive est en phase de devenir ce qu’elle a toujours été un endroit convivial, où le temps s’arrête, l’espace d’une rencontre, la vie se savoure et s’écoule doucement sous les palmiers centenaires, témoins d’un passé glorieux et mielleux de la ville. A cela, s’ajoute les multiples opérations qui entrent dans le cadre de l’aménagement urbain, mais aussi l’aménagement et l’ouverture de plusieurs routes pour les quartiers périphériques.
Sur l’autre rive, du côté de la » Mission « , le mythique stade de SSSA, connaîtra bientôt ses heures de gloire comme jadis, car malgré le retard dans l’exécution des travaux, une grande enveloppe financière est allouée à ce projet, qui sera à la hauteur des attentes des sportifs et de la population de la ville et de toutes les régions limitrophes. Sans être mégalomanes, les responsables s’affairent à l’étude et la préparation d’un ambitieux et grandiose projet soit l’aménagement de l’Oued Soummam, et la récupération en conséquence de beaucoup d’espaces qui serviront à la concrétisation d’autres projets, ce qui donnera aussi à la ville, à son centre notamment, l’aspect des grandes cités.
Avec tous ces projets, Sidi Aïch pourra dans un avenir proche être fière de ses enfants, et la population retrouvera surement tout ce qu’elle avait perdu depuis longtemps, la joie de vivre, notamment. Située aux abords de la route nationale 26, à 45 km du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, et à 220 km à l’est d’Alger et s’étalant sur les deux rives de la Soummam qui la traversent en plein milieu, Sidi Aïch est de loin l’une des plus belles villes de la Vallée de la Soummam. Sur le plan anthropologique et linguistique, l’origine de son appellation remonte à l’existence d’un souverain saint du nom de » Sidi Aïch « , ce dernier était en fait un homme pieux qui a exercé un charisme sans égal sur la population locale, d’où sa vénération.
Etant située au centre de la tribu des Ath Waghlis, Sidi Aïch était le siège de la commune mixte de la Soummam, institué par un arrêté du gouvernement général en date du 25 août 1880, alors qu’en ce qui concerne le village proprement dit, il était fondé en 1872.
Rattachée administrativement au département de Constantine, puis à celui de Sétif en 1957, et enfin à la wilaya de Béjaïa à partir de 1974, la nouvelle commune de Sidi Aïch issue du dernier découpage administrative de 1984, qui est aussi le chef-lieu de daïra du même nom, joue un rôle central, déterminant et un poids régional confirmé ce qui fait d’elle, une commune pivot, par apport aux autres communes qui l’entourent (Tinebdar, Fnaia- El Maten, Sidi Ayad, Timezrit et El Flaye). Le saint patron de la cité reconnaîtra ceux qui ne l’ont pas oublié car les hommes oublient l’histoire et le passé mais l’histoire n’oublie jamais les hommes.
Arezki. T
