Parmi les potentialités hydriques de la région sud de la wilaya de Bouira, figure la source de Sidi Brada, située dans la commune de Dechmia, à quelque 50 km au sud du chef-lieu de wilaya. Un habitant de la localité de Ben S’Haba, hameau dans lequel se trouve la source en question, a tenu à évoquer le travail réalisé par l’ancien exécutif de la commune de Dechmia au début des années 1990 sur une autre source toute proche appelée Guelt Rrouss. «C’est un véritable sabotage. Une source géante, à débit extraordinaire, a été dilapidée par un entrepreneur. Mal captée, anarchiquement aménagée, elle est réduite à un filet d’eau». Il nous a aussi indiqué une source plus importante «laissée, Dieu merci, à l’état sauvage !». Nous avions tenu à la visiter. Il s’agit de la source de Sidi Brada située sur la rive droite d’un cours d’eau du même nom. Nous prenons par la droite une piste rocailleuse surmontée d’escarpements hauts de quelque 60 mètres, une ambiance d’ombre et d’humidité enveloppe les lieux. Un couvert végétal au feuillage luisant, constitué de maquis et de taillis de chêne vert, ajoute une note bucolique à ce décor d’eau, de galets et de troupeaux de chèvres. On est au sommet du col de Ben S’Haba, à quelque 5 km de la ville de Djouab relevant de wilaya de Médéa. A l’entrée de la piste, un décor de lumière filtrée par les frondaisons du chêne vert s’installe brusquement. On nous y apprend que la rosée et le givre des nuits claires du mois de janvier ne s’estompent qu’au début de l’après-midi lorsque le soleil parvient à l’horizon occidental. Les troupeaux d’ovins et de caprins occupent pratiquement toute la largeur de la piste. Aucun véhicule ne risque de rompre ce silence olympien si ce n’est, deux à trois fois dans la journée, le passage houleux d’un tracteur marquant nettement ses roulis sur une chaussée raboteuse. Après 1 500 mètres de marche dans la piste, nous entendons sur notre droite des gargouillements dont il est difficile de situer la provenance. Notre guide nous conduisit jusqu’au lieu du jaillissement de la source de Sidi Brada. Sur une dalle rocheuse pentue et à fleur du sol, jaillit avec une étonnante pression une eau cristalline sortie des entrailles de la terre par la voie de crevasses naturelles. On dirait que le liquide est actionné par des asperseurs. Toute la masse rocheuse résonne d’un bruit intérieur et d’éclats extérieurs qui transmettent au visiteur un sentiment de beauté mystérieuse. Les enfants de Ben Sehaba, montés sur leurs baudets, viennent s’approvisionner ici en eau potable. Les habitants de la localité espèrent vœux que cette manne de la terre soit aménagée par les pouvoirs publics. Mais, précisent-ils, l’enveloppe financière réservée par les projets traditionnels à l’aménagement des sources, soit entre 500 000 et 800 000 DA en général, ne pourra jamais suffire pour valoriser un tel potentiel. En effet, la source de Sidi Brada, une fois bien captée et construite, pourra alimenter plusieurs hameaux bien au-delà de Ben S’Haba. Pour l’instant, on n’en est pas là ; la population continue à vivre le calvaire de l’approvisionnement en eau et attend plutôt que soit réalisée une autre promesse : l’approvisionnement de la localité à partir du nouveau barrage de Koudiat Acerdoune situé à …Lakhdaria. En été pour sauver certaines jeunes plantations fruitières réalisées dans le cadre du Projet d’emploi rural, certains n’ont pas hésité à acheter l’eau par citernes auprès de vendeurs occasionnels qui font monter les enchères à cette occasion jusqu’à faire atteindre à la citerne la somme de 1 000 DA. C’est le prix à payer pour assurer la pérennité de l’investissement.
Amar Naït Messaoud
