Bouira : Les cambistes prospèrent

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Le marché parallèle de la devise a toujours été et ce, depuis son apparition vers la fin des années 1970, en connaissant un boom au début des années 1980, un cercle réservé uniquement aux initiés et aux investisseurs, notamment ceux de l’import export. Toutefois, les petits retraités de France établis en Kabylie ont fait longtemps profiter, et continuent à le faire d’ailleurs, les citoyens de cette région. Des citoyens qui, avouons le, sans cette manne financière, auraient été absorbés dans une spirale infernale d’une économie de bazar qui a longtemps sévi en Algérie. D’ailleurs, même si la prospérité de ce marché parallèle et ô combien informel, continue de booster de nombreuses régions, on se demande pourquoi l’Etat tolère cette activité qui nuit fortement à l’économie nationale. En effet, aucune ville, ni village de la wilaya de Bouira, ainsi qu’ailleurs en Kabylie, ne dispose pas de son cambiste attitré qui achète des euros à des prix dépassant tout n’est en manque rapport au change officiel. Ces cambistes, la plupart, ne sont que de simples transitaires obéissant à des individus, inconnus du grand public. Même si parfois on susurre qu’un général est derrière ces transactions, ou qu’un riche investisseur ayant besoin d’une forte somme en euro mets les bouchées doubles pour acquérir à temps une certaine marchandise ; on ne peut pas vraiment dire qui est à l’origine de ce vaste trafic.

Pourtant même si les douanes ordonnent à toute personne débarquant sur le sol algérien de remplir un formulaire de déclaration de devises, l’euro continue d’alimenter le marché national. D’ailleurs, d’autres échappatoires existent quand même car lorsqu’un retraité désire vendre sa pension en euro, il peut le faire à partir de chez lui sans pour autant passer par un quelconque organisme bancaire.

Il lui suffit juste de faire un ordre de virement par Internet au nom d’une personne recommandée par le cambiste et le tour est joué. Rien de plus simple sauf que le prix de cette transaction est nettement moins élevé que celui du cash.

Dans les milieux initiés, on nous apprend que cette formule revient à un change moins avantageux certes, mais qui est toujours plus élevé que celui les banques. A travers la wilaya de Bouira, les cambistes négocient l’euro à un taux variant entre 12.80 et 13. C ‘est-à-dire franchement plus cher qu’auprès d’une banque nationale, et surtout plus rapide, lorsqu’on a en tête l’épisode de la semaine dernière qui s’est déroulé à la BADR de M’chedallah où des retraités, exaspérés d’attendre leurs dus en devises, ont décidé de cadenasser cette Agence bancaire. Cela dit, il n’est pas rare que des descentes improvisées de la police ne soient effectuées occasionnellement auprès de certains cambistes ayant pignon sur rue, mais sont encore rares les fois où d’importantes sommes sont saisies lors de ces perquisitions. L’euro et notre dinar en sont ainsi réduits à vivre ensemble dans une économie qui tolère ce qu’il convient d’appeler un mariage de jouissance. Cela bien sûr au détriment de la santé financière du Trésor public.

Hafidh.B

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