Aussi surprenant que cela puisse paraître, dans la haute vallée de la Soummam, une région classée première dans la wilaya de Béjaia, une wilaya qui est aussi classée première à l’échelle nationale en production oléicole, les olives de l’Ouest du pays font fureur en ce moment.
Des Oranais arrivent chaque matin, avec camions et pick up chargés d’olives produites à Relizane et Sidi Bel Abbès qu’ils écoulent chez les gérants des huileries ou les particuliers.
Pendant que les olives locales se vendaient il y a un mois de cela, à 50 dinars le kilo, les olives de l’ouest ne dépassaient guère les 32 dinars le kilo. Aujourd’hui, le prix des olives de l’ouest a tendance à s’aligner sur celui des olives locales.
Il ne cesse de grimper d’ailleurs, à cause d’une forte demande. Cette semaine, il a franchi les 45 dinars le kilo, nous dit-on. Si certains les achètent pour leurs consommation d’huile, d’autres le font pour des buts lucratifs en les proposant à la vente en détail à 50 dinars.
Mais gare aux arnaques ! Si les olives de l’Ouest donnent un rendement allant de 18 à 21 litres, il n’en demeure pas que ces commerçants avides de gain facile ne se donnent pas la peine d’aller charger à l’Ouest, se contentant parfois de s’approvisionner en olives produites à M’chedallah, qui donnent un rendement très bas, ne dépassant pas les 10 litres. L’huile extraite des olives de l’Ouest laisse un goût irritant à l’arrière-gorge.
Les gérants des huileries parlent d’une huile extra vierge à cause de sa couleur verte.
Une autre technique est mise aussi en œuvre par ces commerçants de l’ouest. Quand ils ne trouvent pas d’acheteurs pour un chargement, ils le transforment en huile qu’ils écoulent sur place en cassant les prix. Pendant que l’huile locale est proposée à 400 dinars, eux, ils la proposent à 350 dinars et un peu moins quand il s’agit d’une vente en gros. Un commerçant de l’ouest consulté explique :
« Nous avons bénéficié il y a 10 ans d’un plan de développement de la culture oléicole. Cette année, nous avons obtenu une surproduction que nous ne pouvons écouler à l’ouest du fait que dans cette région les gens ne consomment pas beaucoup d’huile d’olive comme en Kabylie ou en dans l’Algérois. C’est pourquoi nous cherchons des débouchés que nous avons trouvés dans la vallée de la Soummam. Le prix augmente en fonction de la demande excessive que nous recevons. Quand un chargement est invendu nous le transformons en huile que nous vendons aisément en diminuant le prix par rapport à celui affiché chez les huileries », dira Djilali, le chef de file des commerçants de l’ouest qui commence à connaître la région coin par coin. Pour un gérant d’une huilerie, les olives de l’ouest sont achetées pour palier le déficit en production d’olives de la région.
«La production d’olives chez nous est très faible. Nous sommes obligés de faire tourner la machine à plein régime au moins trois mois pour espérer engranger des bénéfices. Voilà pourquoi j’ai acheté 500 quintaux d’olives de l’ouest que j’ai transformé en huile. Une huile qui diffère en gout et en couleur de la nôtre. D’ailleurs, même en la proposant à 370 dinars le litre, les gens ne l’achètent pas à cause d’un arrière-goût qu’elle laisse à l’arrière-gorge. Nous lui avons donnée alors un nom d’extra vierge », explique le gérant. Les revendeurs s’en tirent à bon compte puisqu’ils ne courent aucun risque.
«J’achète un chargement complet et j’engage une équipe d’ouvriers pour nettoyer les olives des feuillages, pour les revendre ensuite au détail en prenant 5 dinars de bénéfice par quintal. Mais parfois, je suis arnaqué en ne trouvant pas la quantité achetée», fait remarquer un revendeur.
L.Beddar

