Réputée pour sa pauvreté accentuée par un désespoir ténébreux que les citoyens vivent avec résignation, la région de Chemini a vécu la nuit du vendredi à samedi, dans une grande agitation. Ainsi, les émeutes qui ont éclaté un peu partout dans le pays et qui ne cessent de gagner du terrain ont fait des émules. Une centaine de jeunes de la commune se sont rassemblés dès dix-neuf heures à Azrou. Gagnés par la colère, ils ont jeté leur furie sur les panneaux de direction, les Abribus, les buses, l’arrachage des oléastres et autres oliviers pour barricader le chemin principal de la commune. Des poubelles ont été renversées et des pierres jetées à même le sol pour empêcher toute velléité de circulation. La nuit et le froid n’ont pas dissuadé les jeunes de rentrer chez eux. Bifurquant nonchalamment vers le siège de la sûreté de daira pour en découdre avec des éléments de sécurité. Jet de pierre et de canettes de bières contre des bombes lacrymogènes ont tenu en haleine les riverains jusqu’à une heure du matin. Selon des témoignages concordant, les échauffourées ont pris fin après l’intervention de plusieurs responsables des comités de villages locaux. Samedi matin, on n’a signalé ni blessures ni arrestation, mais le centre d’Azrou porte encore les vestiges d’une nuit agitée ; la circulation est difficile, les détritus sont partout. Le gaz butane est introuvable sur le marché de nombreux kiosques sont fermés, les titres de presse sont absents des étals… Azrou ressemble à une ville fantôme, les esprits sont éperdument gagnés par l’angoisse des années de disette. Les temps sont incertains, résument de nombreux cafetiers qui craignent pour leur gagne- pain dont les matières premières ont vu leur prix grimper en fléche !
T.D