Yazid Kefif est médecin. De temps à autre, il vole du temps à sa famille pour noircir quelques pages. Dans cette interview, il nous parle de son premier roman et de son univers littéraire plein de soucis et de rêves…
La Dépêche de Kabylie : Qui est Yazid Kefif ?
Yazid Kefif : Je suis né en 1965 à Paris. J’ai fait tout mon parcours scolaire à Alger, du primaire à la post-graduation es médecine interne. Parallèlement à mes études, je m’intéressais beaucoup à la musique et particulièrement au chaâbi. A l’âge de 17, 18 ans, j’ai écris du Melhoun. Le premier livre qui m’a marqué était « Les Mille et Une Nuits» en langue arabe, j’avais 12 ou 13 ans. Depuis, j’ai lu énormément de bandes dessinées et de romans photo puis, Agatha Christie, Chase…etc. J’ai tenu un journal intime jusqu’à l’âge de 24 ans et j’en conserve quelques papiers dont un passage concernant la disparition de Mouloud Maameri….
Pouvez-vous présenter votre fiction «L’enfant ressuscité» ?
Pour être sincère, je suis contre l’attitude qui consiste à pousser l’auteur à présenter son livre. J’estime que l’auteur a tout dit dans son roman! En outre, chaque lecteur est libre de faire dire au roman, à tort ou à raison, ce qu’il estime être l’essentiel de l’œuvre. C’est ça la magie de l’art romanesque, c’est un domaine qui doit être réservé à la critique, et en matière de critique, chez nous, c’est presque le néant! Mais cela est un autre débat. Toutefois je vais essayer de m’y mettre! «L’enfant ressuscité», c’est Hassan, le héros de mon roman, qui retrouve son humanité volée. C’est un peu un roman d’apprentissage, mais il n’obéit pas totalement au schéma classique du genre. C’est le parcours d’un enfant, Hassan, qui grandit dans un bidonville où la vie y est décrite avec minutie, où il y perd son père, ensuite son frère et sa soeur. Il fera un long chemin avec sa mère avant de la perdre, elle aussi. Tout au long de ce roman, apparaissent des questions fondamentales inhérentes à notre société et par extension à toute l’humanité c’est la dimension philosophique du roman.
Quelle est votre source d’inspiration ?
C’est le foisonnement des bidonvilles aux abords de nos oueds qui m’a interpellé. Les sociologues devraient s’y intéresser davantage, d’ailleurs l’oued que j’ai décris existe réellement !
Selon vous, que veut dire le mot «écriture» ?
L’écriture pour moi? C’est ma façon d’aimer les hommes.
Quels sont vos auteurs préférés ?
Mon spectre de lecture est très large. J’ai surtout aimé les oeuvres «Léon l’africain» de Maalouf, «Nedjma» de Kateb, «La grande maison» de Dib, «Les filles du feu» de Gérard de Nerval, «Le procès» de Kafka, «La peste» de Camus, «Le loup des mers» de Jack London, et récemment «Figuiers de Barbarie» de Boudjedra… La liste est vraiment longue. Aussi, je dois dire que mes lectures portent aussi sur la sociologie et la philosophie
Quels sont vos projets ?
Actuellement, je finalise mon troisième roman dont les faits datent d’avant 1988 et où je narre le parcours d’une femme ; et, sociologie et philosophie, comme toujours, s’y mêlent,
La littérature a-t-elle un rôle à jouer ?
Oui ! Elle nous introduit dans le monde des hommes, un monde si complexe, si riche, si dérisoire!
Je vous laisse conclure…
Le jour où la lecture reprendra ses droits, les problèmes de l’édition changeront de nature. On ne parlera plus du manque de lectorat mais de prix littéraires, d’adaptation de tel ou tel roman, d’un algérien nobélisé. Je souhaite que les éditeurs respectent leurs engagements, que les auteurs ne se laissent pas faire, que la subvention accordée aux éditeurs soit supprimée! Bien sûr, le Ministère de la culture peut toujours faire ses commandes, mais à posteriori, pas avant… Franchement j’ai vu des œuvres subventionnées qui ne valent pas un sou !
Interview réalisée par Tarik Djerroud

