Bourgade lointaine, isolée et située à quelque 90 kms du chef-lieu de la wilaya de Bgayeth, le village Semaoune s’est réservé la date du vendredi quatorze janvier pour se mettre au diapason d’un yennayer fort joyeux, gaté en la circonstance par un temps printanier.
A l’initiative de l’association socioculturelle et Imgharen n Taddart (les sages du village), ce vendredi etait placé sous le signe du rassemblement de tous les habitants du village invités dès le petit matin à l’inauguration d’un panneau indicatif. «Ce panneau se veut un signal aux passagers que derrière cette colline, il y a un village qui a tout donné pendant la guerre, mais qui est, depuis longtemps, oublié. Que les gens ne nous oublient pas !», plastronne le président de l’association juste après la coupure du ruban par un moudjahid du village. Après la prière du vendredi, des cortèges entiers de villageois, hommes et femmes, et des ribambelles d’enfants arrivent les uns après les autres à l’école primaire du village. La cour pleine, les décibels giclent une musique dont le rythme adoucit l’esprit, mais suffisamment haut pour faire cheminer tous les piétons vers le lieu d’une fête à laquelle les autorités locales ont haussé le prestige, par leur présence et le réconfort donné à une population qui n’est pas à un malheur près. Aussi, la chorale de Loudha a inauguré les festivités en mettant les présents sur la voie du souvenir allant sur les pas d’un yennayer festif. Ensuite, deux conférenciers ont intervenu pour prendre le relais et mettre yennayer sous un jour flamboyant ; messieurs Bennani et Messouci ont porté des touches historiques au menu des festivités avant de céder la scène à une pièce théâtrale titrée Amghar dhou sekrani, une pièce qui a longuement plongé l’assistance dans une ambiance hilarante accompagnée de youyous approbateurs. Au chapitre poésie, un quinté inspiré s’est mis à déclamer avec des voix rauques et un cœur acquis à la cause de la sauvegarde de la culture avec tous ses atours ; ainsi, les Messouci, Chekri, Outamazirt, Benhamouche et autre Chikhi ont su imprimer à l’auditoire attentif des syllabes résolument ajustées au ton de rappel de la mémoire et répandre la fierté de l’appartenance à une civilisation en marche. Des enfants en bas âge ont eu l’heur de se faire ôter quelques touffes jaunâtres comme il est de tradition et être gratifiés de gâteau de circonstance. Cette ambiance cérémonieuse qui a réuni tous les enfants du village, résidants ou ceux venus de loin, s’est prolongée jusque tard dans la nuit avec un Imensi plantureux. Cette kermesse a été un succès, selon les organisateurs qui ont souligné «l’adhésion de chacun pour ces moments d’heureux partage».
T. D.

