«A l’aide de mon camion, je m’approvisionne chaque jour de quantités astronomiques d’eau potable que j’écoule à Seddouk mais aussi à Sidi Aïch et à Amalou», nous dira en substance Yacine, qui revendique avoir été l’un des premiers à s’investir dans cette activité. «C’est une eau puisée à la source. Je la ramène d’Assif El Hammam, dans la commune d’Adekkar et parfois même de Yakouren dans la wilaya de Tizi-Ouzou», poursuit-il. Le liquide est cédé à 40 DA le jerrican de 20L. «Croyez-moi, ce n’est pas du tout cher payé eu égard à la qualité de l’eau proposée, un liquide aux caractéristiques organoleptiques irréprochables. La preuve, les gens ne se font pas prier pour l’acheter. Il faut dire qu’un capital confiance nous lie, ce qui facilite largement les transactions», soutient notre interlocuteur, la trentaine bien sonnée. «Nous ne faisons que répondre à une demande qui atteint son apogée durant la saison estivale, mais qui s’exprime à longueur d’année en raison de la mauvaise qualité de l’eau du réseau public puisée de l’Oued Soummam», renchérit Sofiane, lui aussi versé depuis des années dans ce métier. «Tout le monde trouve son compte : le consommateur a une eau présentant un bon rapport qualité/prix à portée de main et nous, cela nous permet de gagner dignement notre pitance», nous confie-t-il. Le gérant d’une cafeteria sise au centre-ville de Seddouk avoue, quant à lui, que depuis que ces colporteurs d’eau ont fait leur apparition dans la région, il n’a jamais servi l’eau du réseau public à ses clients. «L’eau de la desserte publique, quand bien même elle est disponible, reste pratiquement imbuvable, car pleine de calcaire. Nous la réservons uniquement pour la vaisselle et l’entretien», souligne-t-il. Abondant dans le même sens, un autre gérant de café situé à la périphérie de la ville avoue que «siroter un café ou une infusion faite à base d’eau de source, ce n’est pas de refus. D’ailleurs, quand cette eau nous fait défaut, nous prenons soin d’avertir nos clients avant de les servir». Et d’ajouter : «De gros efforts ont été déployés ces dernières années par les autorités locales pour améliorer la desserte et élargir les plages de la distribution, mais la qualité de l’eau laisse à désirer. Il reste à espérer que le raccordement de notre commune à l’eau du barrage Tici Haf induira une amélioration tant quantitative que qualitative du liquide »
N. Maouche