Depuis plus de deux mois, les vendeurs de lait en sachet ne trouvent plus grâce auprès de leur clientèle, insatisfaite sinon révoltée à cause de l’absence de ce produit de base pour une majorité de familles.
Les jours passent sans apporter une réponse compréhensible à cette insidieuse pénurie, ni pouvoir formuler une promesse de normalisation dans un avenir proche. Désappointés, les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer ! Vendu à 25, 26, 27 ou 28 DA, selon les localités, le sachet de lait cristallise l’intérêt du pauvre citoyen. «C’est un grand manque, nous avoue l’un d’eux. Le prix du lait en poudre varie entre 75 et 280 DA ; un prix inaccessible notamment pour les familles nombreuses. Je vous laisse imaginer la détresse d’un père qui n’a pas les moyens d’offrir à ses enfants leur bol de lait quotidien !». Que ce soit à Sidi Aïch, Tinebdar, El Flaye, Tibane, Ath Mansour, Souk Oufella ou Chemini, le constat est le même ; pénurie de lait et les rares apparitions des sachets dans les commerces provoquent scènes d’hystérie avec des chaînes qui s’allongent proportionnellement au nombre d’oreilles aux creux desquelles l’information a atterri. Le consommateur est touché de plein fouet. Les vendeurs ne sont pas en reste. Aussi, les diffuseurs chôment depuis des semaines, et l’horizon reste bouché ! Cette semaine, les salariés de la Laiterie La Vallée de Tazmalt ont observé dimanche passé un sit-in devant le siège de la wilaya de Béjaïa. Au nombre de 70, les salariés réclament la sauvegarde de leurs emplois et appellent les autorités à la rescousse. Selon M. Abdel Azziz Zeggane, cogérant de cette entreprise, la genèse du problème a débuté en 2008. «L’ONIL (office national interprofessionnel du lait), importateur étatique, a réduit notre quota de poudre passant de plus de 300 tonnes à 190 tonnes par mois, explique notre interlocuteur. Cette réduction est préjudiciable dès cette époque. Récemment, cet organisme a préconisé la collecte de lait de vache (à mélanger avec le lait en poudre) auprès des éleveurs, mais ceux-ci sont quasi inexistants. Depuis un mois, notre quota est baissé à 37 tonnes par mois, soit l’équivalent de quatre jours de travail et l’usine voit sa capacité de travail réduite à 10%. Aussi, le citoyen doit savoir qu’aucun sachet n’a été produit dans notre unité depuis un mois et pour cause ; même les 37 tonnes mensuelles ne sont pas encore livrées par l’ONIL !» Avant la crise, ajoute le cogérant, l’unité distribue du lait à Béjaïa, Sétif, Bouira et Bordj Bouc Arréridj. Désormais, l’unité est à l’arrêt et les salariés sur la paille. La chaîne alimentaire allant du producteur jusqu’aux consommateurs s’en trouve violemment ébranlée. «La mèche est allumée et peut embraser la région à la moindre étincelle, dit un revendeur agrée. Si les moyens pacifiques ne règleront pas le problème d’autres moyens se mettront en branle !»
T. D.