Un invalide de guerre a failli mourir de froid

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Les membres de sa famille seront hébergés séparément par des proches, quant à lui, le chef de famille trouva refuge dans une baraque dans son ancien village Ath Ali Outhemim, en haute montagne, complètement déserté de ses habitants.

Il s’agit de Arab Guebli, 65ans, retraité de l’éducation où il a exercé en qualité de gardien durant plus de 20 ans au CEM 27 juin 1957, à Saharidj. Ce citoyen est une victime civile de guerre, handicapé moteur amputé d’un bras, ayant une famille à charge composée de 6 membres dont deux fils universitaires qui vivent encore au crochet de leur père. Immédiatement après sa retraite en 2008, la direction de l’éducation engagea une procédure judiciaire contre lui pour récupérer le logement de fonction qu’il occupait dans l’enceinte même du CEM. Le verdict de son expulsion tomba comme un couperet en septembre 2010. Le 14 décembre de la même année, un huissier de justice a été chargé de l’exécution de la sentence, soit l’expulsion avec réquisition des forces de l’ordre. Même les forces de l’ordre n’étaient pas restées insensibles ce jour-là. Le gendarme chargé de superviser l’opération ne pouvait pas retenir ses larmes devant tant d’ingratitude à l’égard de ce citoyen qui a continué de servir avec abnégation sa patrie malgré son handicap moteur. Cela n’empêchera pas Arab de se retrouver dans la rue en plein hiver sans avoir où aller. Les membres de sa famille seront hébergés séparément par des proches. Le chef de famille quant à lui, trouva refuge dans une baraque dans son ancien village Ath Ali Outhemim, en haute montagne, complètement déserté de ses habitants. L’ermitage forcé de ce malheureux père de famille dura jusqu’au samedi dernier où la température a frôlé les 5°en dessous de zéro. Dans son refuge de fortune dont la porte est faite d’un rideau sommaire confectionné à l’aide de sacs d’emballage sans chauffage ni lumière, terrassé par la fatigue et le sommeil, le malheureux a été complètement gelé. Ne serait-ce l’arrivée de son fils, au petit matin, il aurait succombé au froid : il a allumé un grand feu de bois et lui a fait boire un thermos de café chaud. Rencontré par hasard ce lundi devant l’APC de Saharidj, on a eu du mal à le reconnaître. Lui qui était d’habitude d’une propreté impeccable, ressemble désormais à un vagabond avec des vêtements sales et une barbe hirsute. Son désespoir était tel qu’il avait menacé de s’immoler. Menace, à en croire la détermination lisible dans son regard, à prendre au sérieux. Les autorités, le mouvement associatif, les élus et les partis politiques doivent réagir avant que ce citoyen ne passe à l’acte et commettre l’irréparable. Pour rappel, bien avant son expulsion, Arab a frappé à toutes les portes pour faire entendre sa détresse mais à ce jour, aucun écho.

Oulaid Soualah

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