La porte Sarazine est l’un des plus beaux vestiges de la capitale des Hammadides. C’est plus qu’indispensable de la protéger et de la valoriser pour les générations à venir. Les siècles qui s’effritent n’arrivent pas à nuire au charme ce cette fameuse porte. Aujourd’hui encore sa beauté singulière refuse de s’absenter de la légende comme de la réalité. Du vieux mur d’enceinte maure de la ville en direction du port, seule cette arche, la vieille Bab-el-Bahar, est restée. Comme si le destructeur de tant d’ouvrages caractéristiques avait eu peur de raser la belle arche. Des murailles romaines s’y mélangent avec des ouvrages en briques rouges, des morceaux antiques de marbre d’une rare beauté avec des ouvrages en briques du Moyen âge et des herbes sauvages poussent sur les arêtes brisées. Lorsque les Espagnols prirent Bougie, le palais de « Kars Amimotm » (Château de l’Etoile), situé au pied de la montagne, existait encore, ainsi que celui de « Kars et Louloua », (Château de la Perle ) sur la crête de la Bridja, où l’hôpital militaire et la caserne ont été construits durant l’occupation française. La ville avait six portes, parmi lesquelles seules Bab-el-Bahar et Bab-el-Benoud, l’actuelle Babel-Fouka, sont restées en état. Près de l’arche de Bab-el-Bahar, se dresse un vieil eucalyptus, sur le tronc duquel les pêcheurs ont l’habitude d’appuyer leurs rames ; avec le concours de l’arche, son large branchage offre de l’ombre à leurs barques tirées a terre. Jadis, les propriétaires de ces barques sont presque tous d’origine italienne et ils ont également conservé en terre étrangère leur langue et leurs coutumes. C’est avec plaisir que l’on s’assoit là-bas pour les écouter parler de leur péche, de leurs aventures et l’on croit séjourner sur le rivage de l’Italie ou de la Sicile. Oui, c’est cependant la même nature, la même mer, cette chère belle mer Méditerranée, qui avec tous ses rivages, et bien qu’appartenant a trois différentes parties du monde, semble former un pays unique, la mer que Barth nommai avec raison le bassin de la civilisation. Aujourd’hui, la porte est appelée « Porte Sarazine », à quelques mètres de l’endroit est implanté un arrêt de bus. Eté comme hiver, des visiteurs viennent d’un peu par tout pour voir un vestige d’une beauté hors paire.
Ali Remzi