Phénoménale régression sociale

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A M’Chedallah, le nombre de mendiants des deux sexes et de tout âge a carrément explosé avec une légère supériorité pour le nombre de jeunes femmes qui écument les marchés, les places publiques, les cafés ou les boulangeries, avec dans leurs girons ou sur le dos des nourrissons transits de froid.

On a beau chipoter chaque année sur le taux du chômage qu’on a ramené à sa simple signification, en bombant le torse et se vantant d’avoir amélioré sensiblement le niveau de vie des couches sociales défavorisées, le discours officiel ne colle toujours pas avec la réalité du terrain et reste loin de la refléter. A M’Chedallah, le nombre de mendiants des deux sexes et de tout âges a carrément explosé avec une légère supériorité pour le nombre de jeunes femmes qui écument les marchés, les places publiques, les cafés ou les boulangeries, avec dans leurs girons ou sur le dos des nourrissons transits de froid. Il est difficile d’imaginer ces malheureuses femmes le faire par plaisir ou par vice en voyant l’immense détresse qui se lit dans leurs regards et leurs voix inaudibles presque éteintes, étouffées sous le poids de la misère. Un autre aspect d’une paupérisation galopante de la société est remarquable au niveau des marchés hebdomadaires, avec une utilisation généralisée de la main d’œuvre juvénile pour ne pas dire enfantine, sachant que la plupart de ces malheureux font de la manutention, du transport de cageots ou de sacs de fruits et légumes qui font le double de leurs poids, en remarquant que ces gosses ne dépassent pas les 12 ans. Après avoir étalé la marchandise longtemps avant la levée du jour, ils font le pied de grue jusqu’à midi devant les étals pour servir les clients, un travail de bagnards effectué par des enfants dont la place est l’école. Des enfants qu’on retrouve aussi, qu’il pleuve ou qu’il vente, devant des tables de cigarettes. Ce n’est pas de gaieté de cœur que leurs parents les envoient travailler mais par nécessité absolue, c’est même souvent une question de survie pour ces familles démunies et sans ressources. Le phénomène suivant qui souligne on ne peut mieux la misère et la chute vertigineuse du pouvoir d’achat et son effrayante retombée, est les cas de vols qui prennent des proportions effarantes. Tout y passe : le cheptel, les véhicules, les magasins, les habitations des particuliers, jusqu’aux récoltes de l’agriculture qui ne sont pas épargnées. Ainsi, aux niveau des oliveraies, des propriétaires sont contraints de livrer bataille à longueur de journées contre d’innombrables bandes de jeunes qui n’usent même pas de discrétion et qui procèdent par ce qui est qualifié de vol à la sauvette. Jamais de mémoire de M’Chedallis une telle recrudescence de ce genre de vols de ces deux dernières années, n’a été enregistrée dans la région. Tout comme les agressions qui ont tendance à se multiplier et qui sont un phénomène en rapport direct avec la misère et la paupérisation dont elles sont le prolongement. Un dernier fait qui peut être associé à la misère et à la régression du pouvoir d’achat, c’est le surendettement des familles, particulièrement auprès des commerces d’alimentation générale et les dépositaires de semoule. Ces derniers sont d’ailleurs nombreux à avoir déclaré faillite, à cause de la vente à crédit et l’impossibilité de recouvrir leurs créances auprès des clients qui s’avèrent impuissants à honorer leurs dettes.

Oulaid Soualah

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