Les Egyptiens ne décolèrent pas

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Pour le cinquième jour de suite, les manifestations se sont poursuivies en Egypte, malgré l’impressionnant dispositif sécuritaire mis en place par le pouvoir dans les principales villes du pays.

Hier encore, le chaos régnait au Caire, Alexandrie et Suez où de violents affrontements ont éclaté entre des manifestants et les forces de police qui ont usé de gaz lacrymogène, de balle réelles ou en caoutchouc pour disperser les milliers d’insurgés qui réclament toujours le départ du président Moubarak. Selon le dernier bilan, les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait au moins 74 morts depuis le début de la révolte alors que le ministère de la Santé égyptienne a donné le chiffre de 38 morts. Le couvre-feu est fixé désormais de 16 h jusqu’à 8h le lendemain, au lieu de 18 h à 07 h, a précisé la télévision égyptienne. L’armée égyptienne avait demandé dans un communiqué aux Egyptiens de « respecter le couvre-feu » et de ne pas se rassembler dans les lieux publics. L’armée a déployé des chars et des blindés depuis vendredi, mais les manifestations se sont poursuivies dans la nuit malgré le discours de Moubarak à la nation où il avait notamment décidé de limoger le gouvernement. Mais les manifestants ne semblent pas être satisfaits du discours du Président, puisque quelques minutes à peine après la fin du discours, des centaines d’égyptiens sont descendues dans les rues, bravant le couvre-feu, et d’ exiger à nouveau le « départ pur et simple du régime de Hosni Moubarak ». Une revendication soutenue par l’opposant Mohamed El Baradei, ex Directeur général de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui a demandé hier « le départ de Hosni Moubarak » dans une déclaration à la chaîne française France 24.

« Le président égyptien n’as pas compris le message du peuple. Son discours a été totalement décevant. Les protestations vont se poursuivre avec plus d’intensité jusqu’à la chute du régime », a-t-il poursuivi. Une situation qui nous rappelle le scénario du 14 janvier dernier en Tunisie où malgré la décision de l’ex président Ben Ali de limoger le gouvernement et son discours à la nation où il avait promis des réformes à tous les niveaux, les manifestants n’ont pas hésité à redescendre dans la rue afin d’exiger « son départ du pouvoir ». Une revendication satisfaite dans la soirée du 14 janvier, avec la fuite de Ben Ali et sa famille en Arabie Saoudite.

D’ailleurs, l’ensemble des analystes et observateurs internationaux semblent convaincu que l’Egypte est entrain de suivre le scénario de la révolte tunisienne. La réaction du département américain, solide allié du régime de Moubarak, demande « plus de démocratie et d’ouverture et être attentif aux revendications du peuple égyptien » est un signe qui ne trompe pas.

Les Etats Unis, sans le dire ouvertement, sont quasi certains que le régime de Moubarak, depuis 30 ans au pouvoir, vit ses dernières heures à la tête de l’Etat, comme ce fut le cas il y a deux semaines en Tunisie.

Ali C

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