Culture à Béjaia : Un secteur en décrépitude !

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L’ex-wali de Béjaia, Ali Bedrici, a tenté de donner un nouveau souffle au secteur de la culture en procédant dés son intronisation à l’installation d’une commission chargée de la préparation et de l’organisation des grands événements culturels.

Composée de responsables du secteur de la culture, d’élus de l’Assemblée populaire de wilaya et du directeur du Théâtre régional (TRB), elle est chargée de concrétiser sur le terrain, quatre projets proposés par le wali lui-même : un concours de poésie, un concours de littérature (nouvelles, romans, essais), un concours de théâtre et enfin un concours de peinture. Des concours « destinés aux amateurs et visent à détecter des talents cachés dans les villages éloignés et dans les quartiers des villes », a-t-il expliqué. La sélection se fera au niveau de la commune afin de toucher le maximum de candidats et créer, par le même occasion, de l’animation culturelle. Mais aujourd’hui le projet est, semble-t-il, relégué aux oubliettes. L‘action culturelle à Béjaia est depuis un certain temps réduite aux simples exhibitions folkloriques avec en prime l’exclusion des véritables créateurs.

Et les responsables locaux du secteur de la culture sont souvent montrés du doigt par des artistes, agitateurs culturels et autres animateurs comme responsables d’une régression savamment orchestrée pour venir à bout de toute velléité contestatrice. En témoigne la dernière instruction de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, interdisant toute activité culturelle sur le territoire de la wilaya de Béjaia. De même, la manière de faire des responsables locaux du secteur a été dernièrement décriée par des artistes compositeurs de la wilaya suite à leur exclusion « injustifiée » de toutes les manifestations culturelles.

« A l’instar des autres villes du pays, Béjaia subit dramatiquement cette funeste politique culturelle. Pour dompter cette région réfractaire aux régimes autocratiques qui se sont succédés à la tête du pays de1962 à aujourd’hui, une politique de déculturation est mise en place et qui se caractérise par l’inexistence d’aucun projet culturel digne de ce nom depuis un demi siècle. Pas d’école d’art, cinémathèque toujours fermée(depuis trois ans pour travaux n’excédant pas trois mois) centres culturels inopérants, Maisons de la culture indigentes et oppressantes, gestion clientélistes des affaires culturelles, pratiques abusives de la corruption » écrit Kader Sadji, membre du Café littéraire de Béjaia dans une tribune libre. Il est temps que l’administration publique et les responsables du secteur de la culture sortent de l’approche purement « comptable » de la problématique du développement qui ne voit dans l’action culturelle qu’un acte cosmétique accessoire alors qu’il peut constituer un grand levier de mobilisation. Espérons seulement que l’encadrement bureaucratique des futures initiatives, si elles existent, n’aboutisse pas à des formes de stérilisations-récupérations car la culture ne s’exprime pleinement qu’à partir de positions de totale liberté. Qu’enfin, les secteurs les plus autoritaristes du pouvoir ne contrecarrent pas ces projets car les Goebbels ont tendance, comme chacun le sait, à dégainer à la moindre évocation de la culture.

Quant à la restauration et le classement des différents sites culturels de la wilaya de Béjaia, le tableau est jusqu’à maintenant noir. Seul le TRB parvient à maintenir en vie un secteur en déchéance.

Avec sept pièces théâtrales d’ici juin 2011 et des semaines théâtrales dans au moins vingt-deux communes de la wilaya, le TRB « arrive à redonner une dignité à l’art et à la culture dans la ville de Béjaia » estime un observateur. Le directeur de la culture de Béjaia est déclaré depuis déjà des mois partant, mais…il est toujours là.

B.B.

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