Dans le bras de fer qui a opposé le gouvernement aux boulangers, à propos de l’augmentation du prix du pain, on a tendance à oublier le principal concerné : le consommateur. Le consommateur, c’est vous, c’est moi, c’est l’Algérien, car tous comme nous sommes, devant Dieu, comme devant les hommes, nous sommes des mangeurs de pain. Peu ou beaucoup, nous en mangeons : avec le café au lait du matin, au repas de midi ou du soir. Les plus riches ont tendance à le remplacer, le matin par des croissants ou des gâteaux, ceux et celles qui veulent garder la ligne, s’abstiennent d’en prendre beaucoup, de même que ceux qui souffert de maladies, qui les obligent à restreindre l’apport en calories ou en glucides, mais ils en mangent quand même des petits morceaux, ne serait-ce que pour faire passer le bout de salade ou lécher la sauce. Dans les familles, aujourd’hui, comme hier, le pain constitue l’aliment de base : certains n’ont pour repas qu’un verre de lait ou un morceau de pain, un oignon et du pain, du petit lait et du pain etc…Dès lors, on comprend la détresse de ces gens là quand on parle d’augmentation d’un produit aussi vital qui est, déjà, assez cher pour les petites bourses. Les mots qui désignent le pain, en arabe, khubz, en berbère, aghrum, désignent aussi la subsistance, le travail ou, comme on le dit en français, le…gagne-pain. Citons aussi, pour le kabyle, quelques expressions courantes : adsewragh aghrum-iw, je gagne mon pain, aneçç aghrum lwah’id, nous mangerons du pain ensemble (nous vivrons ensemble), tagula d lewlah, le pain, la nourriture et le sel (c’est-à-dire la confiance). Que de place le pain prend dans notre vie !
S. Aït Larba