“ Nous allons jeter les français dans la mer ”

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Il ya a quelques jours, mon ami Ali Batache, écrivain et enseignant d’histoire m’avait recommandé son deuxième exemplaire de La vie de Cheikh El Haddad et l’insurrection de 1871 pour, m’ avait-il dit, « le lire puis l’offrir aux accros lecteurs d’histoire d’Algérie »

Je fus très surpris par cette intention mais, bien évidemment je l’ai lu ; et à ma grande surprise, je découvre à la fin de la lecture de cet ouvrage un personnage qui, pour dire vrai, aété malmené par l’histoire.

D’après les 296 pages que comporte cet ouvrage subdivisé en trois chapitres, Cheikh El Haddad est un homme religieux et de lettres, ayant mené une vie d’homme politique et d’homme de guerre, et se révèla être un excellent chef politique et militaire, pour preuve, le coup d’envoi de l’insurrection de 1871 est bel et bien donné à Seddouk par la bouche du Cheikh dans un contexte purement révolutionnaire et non Djihadiste. Les pages consacrées à ce thème éclairent merveilleusement et avec forces détails le contexte révolutionnaire ; le Cheikh s’est déplacé sur une terre appartenant à la tribu de M’Cisna, dans un marché hebdomadaire qui fut la destinée de plus de trois Archs, et c’est devant une assistance composée de milliers de personnes issues de différentes classes sociales, que le Cheikh avec sa modestie légendaire se montra à la foule en s’appuyant sur les épaules de ses deux fils Aziz et M’hamed entouré des Mouquedems, pour prononcer son discours qui, sans doute, ne fait aucun lien à une guerre sainte,puisqu’il disait durant son allocution : « Nous devons dépasser les luttes intestines et les calculs mesquins car la question est d’une extrême urgence …soyez vigilants avec les alliés de la France, coupables d’injustice sur le peuple ; combattez-les, étant donné qu’ils seront à l’avant-garde des français».

L’idée de consacrer un livre à la vie de Cheikh El Haddad, à mon avis,non pas de le faire connaître au public mais pour le réhabiliter auprès d’une certaine opinion qui le voit toujours comme étant un chef spirituel qui ignore totalement les stratégies de guerre et ses règles, n’est-il pas celui qui a prononcé la fameuse phrase : « Nous allons jeter les français dans la mer comme je jette ma canne en la lançant par terre ». C’est un livre émouvant qui se prête à toute acception du moment, et rédigé dans un esprit purement informatif,c’est-à-dire non partisan ou préconçu à travers lequel on sentira la souffrance d’un peuple que l’occupant français a restreint et bafoué dans ses libertés, séquestré et spolié ses richesses, exilé et déporté ses révoltés ; bien que le premier chapitre soit entièrement consacré au conflit opposant l’islam au christianisme, vous ne trouverez aucune difficulté pour morceler les différentes étapes du parcours de Cheikh El Haddad que l’auteur retrace soigneusement et parvenir à l’idée que la colonisation ne dit jamais son nom. Loin de toutes prétentions et prises de position, je n’ai fait qu’ ouvrir une petite brèche pour donner de l’envie à nos chers lecteurs pour découvrir cette œuvre authentique dans ses écrits et riche par ses illustrations,ses faits historiques et sa poésie.

Cet ouvrage constitue un résumé de beaucoup d’ouvrages consacrés à la vie du Cheikh par l’auteur et s’inspire de son expérience personnelle acquise au cours de son activité d’enseignant-chercheur. Ce livre est avant tout, témoin des connaissances et de l’expérience qu’il a acquises dans le domaine de la recherche. C’est aussi un outil pédagogique et un reflet de la personnalité de l’auteur, de sa capacité à effectuer une synthèse de faits et d’idées.

Pour l’étudiant qui doit écrire un rapport d’expérience comme pour celui qui se trouve confronté à la rédaction d’un travail plus conséquent (mémoire de magister, thèse de doctorat), ce vade-mecum l’aidera à trouver le « ton scientifique » et l’aptitude à cerner son sujet, à préciser les orientations et le contenu de son travail de recherche.

c.p. Bouallak Tahar

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