Parallèlement à des efforts peu concluants fournis dans un climat de précipitation pour “trouver tout de suite’’ des milliers d’emplois à de jeunes chômeurs qui ont montré particulièrement depuis janvier 2011, que leur impatience à atteint ses limites, le gouvernement vient de reconnaître, par la voix du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, que la véritable politique de création d’emplois est basée sur le développement des entreprises.
Cette évidence est rappelée dans un moment de ‘’panique’’ générale où les limites des solutions de ‘’replâtrage’’- dispositifs sociaux sans lendemains- ont été rapidement atteintes.
Les efforts du gouvernement tendant à faire valoir un développement autocentré comptant d’abord sur les capacités et les énergies nationales, ont été mises en relief par le rapport élaboré l’année dernière par le Conseil national économique et social. Cependant, cet organisme consultatif n’avait pas manqué de faire observer que la dépendance à l’égard de l’exportation des énergies fossiles risque de montrer ses limites, voire de mener à des situations d’impasse ; comme il avait tenu à préciser que les augmentations de salaires, aussi bien celles arbitrées en décembre 2009 par la tripartite que celles des années passées, ne sont pas issues d’un effort supplémentaire de croissance et de productivité. Si les réserves de changes et le fonds de régulation des recettes peuvent corriger temporairement les déficits budgétaires, rien ne garantit que cela demeurera possible pour les prochaines années.
Le fait est vérifié pour l’année passée. En effet, le déficit budgétaire de 2010 a été de 3 615 milliards de dinars.
Il s’ensuit que, logiquement, en matière de stratégie de développement économique, seule l’investissement créateur d’emplois et de plus-value sociale pourra travailler pour pérenniser la stabilisation des grands agrégats et consacrer un meilleur niveau de vie pour les populations.
Les ahans du développement de l’entreprises
Malgré une nouvelle propension de la pyramide démographique observée au cours de la dernière décennie- qui consacre un début d’un lent processus de vieillissement de la population suite à un ralentissement de la natalité au recul de la mortalité et à l’allongement de l’espérance de vie-, la frange de la jeunesse continue à représenter la proportion la plus importante de la population, à savoir plus de 70%. Il n’est donc pas étonnant que les plus gros budgets de la Nation lui soient réservées via, par exemple, des secteurs comme celui de l’Éducation, de la Formation professionnelle et de la Jeunesse et des sports
En tout cas, sur le plan de la stratégie économique du pays, tous les efforts de la collectivité sont censés tendre vers la garantie d’un avenir meilleur pour les jeunes générations. Cela étant un principe non seulement moral mais aussi de la logique de la continuité générationnelle qui fonde la permanence d’une entité humaine et d’un pays.
En directions de cette jeunesse qui est censée représenter l’avenir du pays, aucune politique qui tient d’une ‘’œuvre charitable’’ ne peut longtemps tenir la route. Ni le filet social, ni les autres dispositifs sociaux (pré-emploi, DAIP, …) ne sont à même de constituer une solution définitive pour des millions de jeunes qui ne demandent qu’à être intégrés d’une façon intelligente dans le processus de développement du pays.
À cet égard, l’on ne peut évacuer ce qui, sous d’autres cieux, est considéré comme la base de ce processus d’intégration, à savoir l’entreprise. En effet, la stratégie de développement de l’entreprise- de statut privé ou public, algérienne, étrangère ou mixte- est la seule alternative économique susceptible d’agir la croissance du PIB, sur les capacités de production, la lutte contre le chômage, l’amélioration du pouvoir d’achat et les ambitions d’une véritable promotion sociale.
Selon un inventaire établi en 2008, le secteur privé contribue à la création de richesses à hauteur de 80%. Néanmoins, il n’a bénéficié que de 53% des montants des crédits destinés à l’économie. Le reste, c’est-à-dire 47%, est destiné au financement des entreprises publiques. Le patronat algérien a déjà mis en garde contre la poursuite d’une politique économique qui risque de faire de l’Algérie un pur marché de la consommation. La hantise pour l’entreprise privée algérienne est de faire les frais d’un politique trop ouverte sur l’extérieur alors que, dans l’, étape actuelle, cette entreprise est considérée en voie de formation, d’apprentissage et d’adaptation. Les premiers effets de l’ouverture inconsidérée sur le marché ont déjà fait leurs ‘’victimes’’. La mortalité des entreprises est devenue une réalité. Les filières du textile, cuir et bois en savent quelque chose. Une concurrence féroce, voire déloyale, leur est livrée sans coup férir par les produits d’importation. Ce sont des produits algériens qui disparaissent et des milliers de postes de travail qui sautent. L’exemple de la petite et moyenne entreprise activant dans le domaine de l’artisanat est frappant.
Les problèmes auxquels est confronté ce secteur de l’économie sont connus à peu près de tous les acteurs qui y interviennent et sont inventoriés comme étant de véritables freins à la véritable promotion de l’artisanat. La cherté de la matière première, à commencer par l’or et le cuivre, constitue un handicap majeur. Ensuite, il a été fait état du poids de la fiscalité et des tarifs douaniers qui grèvent de leur poids l’essor du secteur. Cela se répercute directement sur le coût de production et sur la commercialisation qui n’arrive pas encore à se frayer un chemin d’autant plus que, autre épine sur cette voie, le commerce informel pour ces produits est aujourd’hui florissant.
Pour remédier un tant soit peu à cette situation pénalisante, la restructuration du fonds national de l’artisanat et la révision de son mode de gestion pour en faire un fonds de soutien et de crédit sont vus par les cadres de ce secteur comme un des remèdes susceptible de fouetter la production. Dans la même optique, il est envisagé la création d’un ‘’pôle touristique’’ propre au secteur de l’artisanat dans chaque wilaya. Les acteurs animant ce secteur d’activité voient dans des actions d’information et de marketing de la part de nos représentations diplomatiques à l’étranger- tendant à faire connaître et à promouvoir le produit du terroir algérien et son fabricant-une autre voie fort intéressante pour l’écoulement de la production. C’est l’une des conditions essentielles pour pouvoir pénétrer les autres marchés du monde au sein desquels une concurrence féroce est engagée depuis longtemps.
Maîtrise de l’environnement de l’entreprise
Pour les entreprises de prestation de travaux et les unités industrielles pourvoyeuses de fournitures, le gouvernement a pris la décision en 2010 de leur ouvrir davantage le champ d’intervention et l’accès à la commande publique via une procédure plus avantageuse dite de ‘’préférence nationale’’. C’est une mesure destinée à octroyer à ces unités des plans de charges conséquents pour les sauver de la situation de surplace ou de régression dans laquelle elles pataugeaient.
Avant d’être un moyen de redistribution de richesse, une économie est censée être d’abord une source de production. C’est un principe universel qui, dans notre pays, a été longtemps voilé par l’état de grâce engendré par la rente pétrolière. La source de production demeure l’entreprise.
Les autres secteurs, consommateurs d’argent, font partie de la politique générale de l’État consistant à organiser son administration, son armée et son école, et consistant aussi à orienter les flux des transferts sociaux (soutiens publics à des secteurs fragiles, aide de certaines franges de la population,…). Cette politique de l’État matérialisée par la confection d’un budget repose justement sur la fiscalité issue de l’activité des entreprises. C’est cette plus-value sociale qui est redistribuée à la nation sous forme de services et de différentes prestations.
Pour sortir de la logique rentière mortelle dans laquelle elle évolue depuis quatre décennies, l’Algérie est appelée à s’engager de plus en plus hardiment dans une vraie politique d’entreprise, génératrice de richesses, d’emplois et de revenus fiscaux.
Une fois que les contraintes du climat d’investissement seront globalement dépassées, se posera alors l’épineuse question de la gestion et du management de l’entreprise.
Pour des raisons bien connues, la gestion de l’entreprise publique telle qu’elle est connue jusqu’à ce jour ne pourra guère servir de modèle. Loin s’en faut. Il faudra certainement revenir d’abord à ce qui constitue le ‘’baba’’ de l’entreprise, à commencer par cette définition simple mais lourdement engageante : une entreprise est une organisation économique autonome, disposant de moyens humains et matériels, qu’elle combine en vue de produire des biens et des services destinés à la vente.
L’économie du savoir ou de la connaissance est le nouveau concept consacré depuis moins d’une décennie pour désigner le capital ‘’savoir’’ (background managérial, technique et scientifique) qui sert d’assise à la politique de la gestion économique et particulièrement à la gestion des entreprises.
En effet, pour maîtriser la gestion d’une entreprise, il importe de maîtrise ses différents environnements (politique et juridique, culturel, géographique, social, économique et technologique). L’importance de la connaissance de l’environnement pour un manager d’entreprise est capitale.
Certaines composantes de cet environnement peuvent présenter des risques à tout moment : inflation subite de certains matériaux, basculement du niveau de changes, climat social tendu, nouvelle politique fiscale contraignante,…). D’autres composantes se présentent sous formes d’opportunités à saisir (croissance économique soutenue, innovations technologiques, hausse des salaires soutenant la consommation,…).
Les managers apprennent, pour réduire certains risques liés à l’environnement de l’entreprise, à transformer une menace en opportunité en se donnant l’imagination et les moyens nécessaires d’anticiper la menace.
Amar Naït Messaoud

