Décrocher un emploi …l’ombre d’un rêve !

Partager

Dans ces lieux dédiés à l’emploi, les jeunes, universitaires ou autres, apprennent vite à se « familiariser » avec les dédales « bureaucratiques » de l’administration. Courir, attendre et mourir de patience, juste pour avoir le droit à un emploi qui ne garantirait que trois ans de salaires.

Se perdre dans les méandres des procédures, remettre chaque mois une fiche de présence et attendre le versement d’une rétribution « symbolique » n’est pas étranger à des milliers de jeunes, intégrés dans le cadre des dispositifs d’emploi. Le quotidien est le même, le rêve d’un poste permanent s’évapore dans le ciel « assombri » par tant de misère. Un emploi, c’est en principe un espoir, un avenir et des perspectives. Hélas, pour des milliers de jeunes, cela ressemble plus à un « calvaire », une incertitude », une « instabilité » …

Lundi, 10h du matin, il fait un froid de canard dans la ville des Genêts. Des pluies torrentielles ne cessent de s’abattre depuis 48 heures, sur toute la région. À quelques encablures de la place, des victimes du Printemps noir, au deuxième rond- point du centre- ville de Tizi Ouzou, un siége qui attire quotidiennement des centaines de candidats à la recherche d’un poste d’emploi, il s’agit du siége de l’agence nationale d’emploi. L’entrée de l’agence de wilaya est bondée de monde. Ni le froid ni la pluie n’ ont empêché des jeunes d’attendre dans la cours de l’antenne. C’est qu’à l’intérieur des locaux, il n’y même pas un petit espace pour se faufiler et demander des renseignements. Le brouhaha à l’intérieur se fait entendre et le calvaire est palpable. Le hall qui sert de « salle de réception » est complètement dépassé par le nombre de candidats. On se bouscule pour se frayer un chemin et pouvoir mettre son nom sur la liste d’attente. Un agent, visiblement, dépassé par les événements, bloque l’accès au bureau de l’agence à l’aide d’une table de fortune installée juste à l’entrée. C’est que la wilaya de Tizi Ouzou mérite bien mieux qu’un tel siège, exigu et ne répondant plus aux normes qu’impose le rôle prépondérant du secteur de l’emploi. Carton bleu à la main, les jeunes sont entassés dans un petit espace, chacun attend son tour et l’impatience se fait sentir « j’ai toujours appréhendé le déplacement à l’agence tellement les conditions sont lamentables. Tizi Ouzou mérité bien un autre siège où les chômeurs pourront déposer leurs dossiers dans des conditions dignes » lâche un jeune, la trentaine qui dit attendre un poste d’emploi depuis plusieurs mois en vain.

Un calvaire au quotidien

Lui c’est Mohand originaire de Taboukirt. Il est technicien du forage hydraulique, Il habite à quelques mètres seulement de la zone industrielle mais reste sans emploi. Il dit avoir travaillé à plusieurs reprises mais pour des postes temporaires « j’ai eu à deux reprises un contrat de trois mois au sein d’entreprises privées, au bout, je me retrouve de nouveau en situation de chômage, c’est très dur à vivre ». Ce cas, qui n’est pas du tout isolé présente à lui seul le calvaire que vit la jeunesse « je viens récupérer un bulletin d’emploi car j’ai réussi à décrocher un autre contrat temporaire à Sonatrach grâce à une intervention » ajoutera-t-il. « Intervention », c’est le mot qui revient en boucle, tous les jeunes accostés dénonce tous ces « passe- droits » qui les contraints à chercher un appui au dossier pour pouvoir se « caser » quelques part. Saïd, universitaire, visiblement dépité nous aborde et laisse éclater sa colère «Nous sommes au chômage depuis 2006. Moi, j’ai dû me lever à 6 heures du matin pour pouvoir m’inscrire en vue d’obtenir la carte bleue. Il m’a fallu trois jours pour pouvoir dénicher une place pour m’inscrire et combien me faudra-t-il attendre donc pour avoir un boulot » fulmine-il. lui vient de Tiquobain, dans la daïra de Ouaguenoune. Il raconte qu’il se déplace pour le troisième fois à l’agence d’emploi sans pouvoir être reçu « il y a beaucoup de monde et à chaque fois on me demande de revenir, c’est regrettable. » notre interlocuteur ajoute que son inscription remonte à deux ans et depuis « aucune réponse ». A midi, l’agent de sécurité « prie » tout ce beau monde de revenir à 13h, non sans provoquer la colère des candidats qui attendent depuis la matinée. C’est dans la même ambiance que nous retrouvons l’agence, une heure après. Il est 13h, la bousculade, les vociférations et une logue file se forme devant l’entrée de l’agence ANEM. Des fonctionnaires de ladite agence n’arrivent même pas à rejoindre leurs postes, un chef de service peine à se faire un petit chemin pour rentrer dans son bureau, il sera obligé de faire appel à l’agent de sécurité pour se frayer un passage. Le service inscription travaille, porte fermée, pour dit-on garder l’anonymat et éviter des problèmes avec les candidats « certains s’amusent à épier les fiches au moment de l’inscription et retiennent des noms de candidats et leurs numéros ce qui leurscausent des désagréments, pour cela; on ferme la porte et nous faisons rentrer les candidats un par un » explique-t-on du côté de l’administration. Le projet d’extension de l’agence entamé même si il est le bienvenu, ne réglera pas totalement le problème. Un nouveau siége de l’ANEM est seul à même de soulager le calvaire des candidats et permettre aux fonctionnaires d’organiser le travail et évoluer dans des conditions décentes. Nous quittons l’ANEM pour se diriger au siége de la direction de l’emploi. Même si ce n’est pas une journée de réception, le couloir grouille de monde. On prend rapidement conscience que la situation est pire. Deux directions partagent les mêmes locaux. La culture d’un côté l’emploi de l’autre. Au service chargé des dossiers de milliers de jeunes inscrits dans le cadre du DAIP, ils sont dix agents, en plus du chef de service, à travailler dans des conditions lamentables. La directrice de l’emploi, nous fera savoir dans ce sens qu’un projet portant réalisation d’un siége pour la direction est inscrit mais pas encore concrétisé faute d’assiette foncière.

Omar.Zeghni

Partager