Pour sa 11e édition, prévue du 19 au 23 mars prochain, le Festival du film amazigh, après s’être sédentarisé à Tizi-Ouzou, s’est fixé de nouveaux objectifs en introduisant des nouveautés dans les concours, les ateliers et même le lieu de déroulement, puisque, cette édition se tiendra à Azeffoun.
La Dépêche de Kabylie : La 11e édition du Festival du film amazigh se tiendra, selon les prévisions, du 19 au 23 mars 2011 à Azeffoun. Pourquoi avez-vous choisi cette région au juste ?
El Hachemi Assad : De prime abord, il faut rappeler que depuis la 10e édition, le festival est installé définitivement à Tizi-ouzou. Pour le choix de la ville d’Azeffoun, je crois qu’on est tous d’accord pour attester que l’apport de cette région à la culture algérienne est considérable. Azeffoun est, incontestablement, une pépinière d’artistes et a enfanté d’illustres ambassadeurs de la culture algérienne…Qui ne connaît pas El Anka, Rouiched, Med et saïd Hilmi, Ifticene, Iguerbouchene, Fadhila Dziria, Hnifa, Mustapha Badie, Ouazib, Boudjemaâ El Ankis, Hamidou, Abdelkader Chercham, Boualem Chaker, Amin Kouider et j’en passe, on parle d’une centaine d’artistes issus de cette région.
La réponse à votre question est là tout plaide pour que cette belle contrée soit une destination de choix pour notre festival. « Azeffoun à l’honneur », slogan de la 11ème édition, est une juste reconnaissance pour cette région au demeurant historique, culturelle et touristique.
Quelles sont les nouveautés pour cette nouvelle édition, surtout lorsqu’on sait que cette année vous avez introduit ce que vous appelez « Un festival, deux compétitions » ?
En effet, et votre journal est bien placé pour le savoir, notre festival a toujours introduit des nouveautés au fil des éditions. Notre souci n’est pas de paraître, mais d’apporter, à chaque fois, un plus en matière d’amélioration des contenus, conformément à notre ligne éditoriale et artistique. Cette année, comme vous l’avez souligné nous avons décidé de renouveler l’expérience de la section « panorama », mais en la remodelant de telle sorte à lui donner plus de crédit et de mérite. Nous avons donc institué un « Prix Panorama Amazigh» afin d’encourager, essentiellement, les jeunes cinéastes à produire.
Pour les autres nouveautés, il y a le volet formation, qui reste un domaine de prédilection pour nous, il a été décidé pour cette édition, de lancer un concours du scénario, sanctionné par une « résidence d’écriture » au bénéfice de cinq lauréats, qu’il faudra sélectionner parmi les 39 candidats. Cette résidence se tiendra après le festival, à Azeffoun.
Des ateliers de formation, peut-être pour cette édition, des caravanes cinématographiques, des tables rondes… ?
Vous savez, le festival du film amazigh ne se limite pas, pour nous, à la seule compétition entre films, qui au demeurant reste la raison d’être de tout festival. Nous avons toujours considéré cet événement comme une manifestation cinématographique au sens propre du terme. Avec plus moyens, nous ferions beaucoup plus…Les idées ne manquent pas !
C‘est ainsi que nous tiendrons les 2es assises nationales sur les ciné-clubs, au profit de 70 animateurs représentant tout le territoire national, les premières s’étant déroulées sous notre bannière à Zeralda en Mars 2009.
Formation toujours, l’expérience « éducation à l’image pour enfants » est renouvelée une fois de plus. Il s’agit de réaliser un mix, entre les bambins des villages de Yatafene, en intégrant un groupe scolaire d’Azeffoun. Des tables rondes sur les métiers du cinéma en présence d’importantes personnalités auront lieu, aussi.
Le jury, d’un niveau relevé et issu d’horizons culturels et intellectuels différents, est présidé par le très connu Mohamed Ifticène.
Combien de films a reçu le comité de sélection et combien de films a eu l’aval de ce comité ?
Sur 60 films visionnés, trente sept (37) ont eu l’aval du comité de sélection, indépendant par ailleurs du festival et composé de professionnels du cinéma. Pour la sélection officielle, nous avons eu droit à onze (11) films concourant pour «l’Olivier d’or» et quatorze (14) pour le «Prix panorama amazigh».
Il y aura aussi une section hors compétition, c’est quoi au juste ?
Effectivement, nous avons créée une section en hors compétition que nous avons appelé
« Clap amazighité d’ailleurs », il s’agit d’un espace qui permet aux professionnels et aux cinéphiles de voir et de débattre de l’évolution du cinéma amazigh en Algérie et à l’étranger. Pour cela, nous avons choisi cinq (5) films du Maroc et du Canada. Nous donnons aussi une mention spéciale à un film réalisé par une franco-algérienne «Sur les traces de Taous Amrouche» de Saadia Bareche. Il sera projeté en avant-première à Azeffoun et à Tizi-Ouzou.
Mohamed Ifticene présidera le jury, pourquoi le choix s’est-il porté sur lui, serait-ce parce qu’il est originaire d’Azeffoun ?
Oui et non ! Oui parce qu’étant issu de la région, nous avons estimé qu’il aurait été frustrant pour la population locale de ne pas faire appel à un grand professionnel du 7e art originaire de la région. C’est en même temps l’occasion pour la population d’Azeffoun de se rapprocher de lui et de lui rendre hommage en tant que l’un de ses illustres enfants.
Non, parce que, Ifticene, en tant que professionnel du cinéma, est un grand réalisateur dont on est fier et qui a marqué le cinéma national en y apportant sa petite pierre à l’édification d’un cinéma dit algérien. Je crois que tout les cinéphiles de la génération 70-80 gardent en mémoire les chefs d’œuvre de ce talentueux cinéaste, j’en veux pour exemple Le grain dans la meule (L.M/1981), Les rameaux de feu (L.M/1983,) Les enfants du soleil (L.M), La souris (C.M/1969).
Le mot de la fin ?
Vous l’aurez remarqué l’absence de longs métrages de fiction et des films d’animation, pour ce qui est de la compétition officielle, nous pénalise quelque peu. Sans soutien de l’Etat, à l’exemple de ce qui a été fait dans le cadre de « Alger capitale de la culture arabe » où pas moins de cinq longs métrages ont été produits. D’ailleurs, la réussite de l’édition de 2008 à Sétif, on l’a doit surtout au films de cette année là : « Mimezrane ou la fille aux tresses », « H’nifa », « La Maison jaune », « Ayrouen » « Arezki l’indigène », « D’un conte à l’autre », etc.
Néanmoins, l’édition de cette année se distingue, sur le plan de la qualité de la précédente édition. Le festival rend du coup hommage à tous ces réalisateurs, jeunes ou confirmés, qui continuent à produire, en dépit de tout. Cette dynamique enclenchée et les efforts accomplis donneront certainement des résultats à moyen terme.
Pour terminer, je tiens à remercier la presse nationale pour le soutien et les encouragements qu’elle apporte à notre festival. Un grand Merci pour la Dépêche de Kabylie qui nous accompagne d’une manière engagée.
Entretien réalisé par M. Mouloudj