Elle n’est jamais sortie de son patelin à Seddouk Oufella, elle a 39 ans et un diplôme de couturière en poche dont elle ne se sert toujours pas, faute de perspectives d’emploi dans ce créneau.
Elle a accepté de travailler dans le cadre du filet social pour une modique somme de 3000 dinars tout en s’investissant dans l’art. Autant de raisons qui l’ont obligée à faire usage de son ingéniosité qu’elle conjugue à ses mains de fée. Elle crée de petits objets décoratifs et des dessins sur verre, de bijoux berbères traditionnels, d’animaux et d’oiseaux, qu’elle présente dans des tableaux. De vraies merveilles d’art qui captivent le regard et qui servent d’ornements de salons, bureaux, bibliothèques… Rencontrée à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme, qu’une association de son village a organisée durant la journée du 08 mars, Bencheikh Zahra, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a exposé des œuvres d’art qu’elle fabrique elle-même à la maison avec des moyens dérisoires. C’est une artiste au talent avéré. Toute petite déjà elle est passionnée par le dessin, mais cela fait seulement une année qu’elle s’était lancée dans la création. Même si elle est une artiste à la renommée à peine naissante, il n’en demeure pas moins qu’elle a l’art dans les veines. Depuis, elle s’y est donnée corps et âme et veut encore aller de l’avant pour faire de l’art son métier. Un métier dont elle veut faire sa passion et sa raison de vivre. En d’autres termes, même si le chemin à parcourir pour matérialiser son rêve est long et parsemé d’embûches, elle croit dur comme fer en ses capacité à s’affirmer en pensant tout simplement que c’est juste une question de volonté et de persévérance. Toutefois, elle est consciente, tout de même, que cela nécessite des moyens importants pour une grande réussite dans un tel métier. « Je ne voulais surtout pas me lancer dans cette aventure avec les obligations familiales qui ne me le permettaient pas. J’avais deux handicapées, à la maison, à entretenir. Ma mère et ma sœur. Ma mère est décédée il y a quelques années. J’ai donc attendu le moment opportun pour mettre en œuvre ce qui me taraudait l’esprit il y a des années», a-t-elle dit. Elle ambitionne, par conséquent, de relever le défi et d’être reconnue par le public, un serment presque atteint du fait que la galerie où ses produits sont exposés ne désemplit pas. Cette ferveur populaire est un gage qui rassure cette jeune artiste qui voudrait confirmer davantage ses qualités déjà exprimées. «Avec les expositions passées et celle d’aujourd’hui, j’ai remarqué une grande réceptivité du public très intéressé par mes produits. Pour moi, c’est un signe fort d’encouragement qui m’est adressé. Je vais continuer à travailler en mettant tout mon génie et mon énergie en œuvre et je tiendrais ma promesse », renchérit-elle. Combien de Zahra existent dans nos villages reculés et qui n’ont pas eu la chance de faire éclater leur talent ? Il reste beaucoup à faire, pour le mouvement associatif, qui doit avoir ce flair et dénicher les talents cachés, les aider, le cas échéant, à émerger.
L. Beddar