“Tafsut’’ : soleil, pluie et… protestations

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Il est vrai qu’il y avait un beau soleil dans la matinée mais vite rattrapé vers le milieu de la journée par des chutes de pluie, prenant de court ceux qui n’avaient pas prévu de prendre avec eux des parapluies.

Le printemps 2011 est arrivé officiellement lundi 21 mars, à Tizi Ouzou, comme dans un cruel anonymat.

Aucun accueil particulier ne lui a été réservé contrairement à jadis où notamment dans les villages, les enfants chantaient aux aurores sa venue.

Seuls quelques vendeurs de pots de fleurs et de grappes de tiges de divers plantes (salade, tomate, oignons etc.), destinées à être mis en terre par les amoureux du jardinage, rappelaient Dame nature et son printemps du côté du jardin du centre- ville, dit square du Premier Novembre.

Rien ne prédisait lundi, que la saison du printemps vient de prendre racine pour trois mois dans la nature. Il est vrai qu’il y avait un beau soleil dans la matinée mais vite rattrapé vers le milieu de la journée par des chutes de pluie, prenant de court ceux qui n’avaient pas prévu de prendre avec eux des parapluies.

Il faut dire aussi que Tizi Ouzou baigne depuis quelques semaines dans un climat social à mille lieues de l’air du printemps. Il est fait, en effet, de revendications en tout genres, conduisant parfois à des blocages de routes ou d’établissements publics.

Climat social difficile

C’était au tour lundi, de l’association des futurs acquéreurs des 54 logements LSP à Tala Allam, dans la commune de Tizi Ouzou, qui a tenu un sit-in devant le siège de la wilaya afin d’interpeller le wali sur la relance du projet à l’arrêt depuis 2006. Conséquemment à cette action, l’accès à l’administration de la wilaya du côté nord a été fermé au public. A l’intérieur du siège de la wilaya, des employés contractuels ont tenu un énième rassemblement pour rappeler leur précaire situation de fonctionnaires, sans le calme et la sérénité qui devraient aller avec, alors que du côté de la direction du commerce se tenait une Assemblée générale des fonctionnaires.

Aux agences postales de la ville se poursuivaient de longues files d’attente d’usagers voulant retirer leurs économies qu’un manque de liquidités, confirmé de source officielle, continue à contrarier. Il s’agit d’un motif supplémentaire pour oublier que le printemps est arrivé dans les murs de la ville.

A ceci s’ajoute un environnement quelconque pour ne pas dire plus. Le jardin “Mohand Oulhadj’’, situé en face du siège de la wilaya continue à être administré de façon bureaucratique. Il n’ouvre ses portes au public qu’à 10 heures du matin pour les fermer à 18 heures alors que les meilleurs horaires de détente dans un jardin public et sans passer par l’avis d’un spécialiste, se situent notamment pour les enfants et les personnes âgées entre 7 heures du matin à 10 heures et de 18 heures à 21 heures, surtout au printemps et en été.

Au centre- ville, le square du 1er Novembre vit encore au rythme de travaux qui peinent à être achevés alors que les deux petits jardins mitoyens de la mosquée Arezki Cherfaoui restent dans un état d’insalubrité certain. Ces deux derniers sont les seuls espaces qui accueillent les personnes âgées au centre- ville.

Distribution de plants à Bouzeguene

Côté mouvement associatif, une association versée dans l’environnement à Bouzeguene, l’Association scientifique de protection de la nature et des espèces animales, a annoncé la distribution d’un millier de plantes d’ornement, comme le sapin, aux villages. L’objectif est de les utiliser pour lutter contre les glissements de terrains qui sont courants dans la région, selon le président de cette association, M. Idjeri Mohand Said.

Des établissements publics comme l’agence postale de Bouzeguene (dite poste d’Aït Ikhlef) et la mairie ont bénéficié de ces plantes, selon M. Idjeri dont l’association a également organisé une exposition de livres et de documents sur l’environnement au centre culturel Ferrat Ramdane de la localité.

L’association envisage, selon son président, de créer sa propre pépinière pour répondre aux attentes en la matière dans la région de Bouzeguene, qui reste parmi les mieux boisées peut-être de la wilaya de Tizi Ouzou.

Journées scientifiques et écologiques à la Maison de la culture

A noter également que la Ligue de wilaya des activités scientifiques et techniques de jeunes de Tizi Ouzou et l’association scientifique “Les petits débrouillards’’ de la wilaya prévoient d’organiser du 25 au 29 mars à la Maison de la culture Mouloud Mammeri les ‘’1ères journées scientifiques et écologiques’’ sous le thème “Protégeons nos forêts’’.

C’est ce qu’indique un programme de la manifestation transmis à la Dépêche de Kabylie. Au programme de cette manifestation figurent des expositions, des projections de films, des conférences ainsi que deux sorties d’étude et de nettoyage dans deux forêts de la région (Harouza et Yakouren).

Les organisateurs assignent à cette manifestation deux objectifs : “la célébration de l’année mondiale de la forêt et la nécessité de protéger cet espace naturel’’, précise le document. Les différents parcs nationaux seront de la partie, précise la même source.

La tradition négligée, voire oubliée

Il est notable de constater que la tradition liée à l’arrivée du printemps est en train de disparaître ou du moins d’être négligée. Jadis l’amour de la nature était enseigné aux enfants à travers la fête de l’arrivée du printemps dit  »Anamagar afsut ». Un accueil symbolique est organisé à l’aurore dans les villages avec des sorties d’enfants chantant dans les champs pour ramener des fleurs dont les coquelicots sont les plus prisés. Il est question aussi d’un couscous avec des racines de ce qui est appelé “aderyis’’, une plante dont le nom scientifique est “thapsia gargnaica’’. Le couscous est accompagné d’oeufs durs et de légumes. Il s’agit du dîner du printemps dit en kabyle «imensi n’tefsut», lié au calendrier agraire. Rappelons que le début du printemps est universellement situé le 21 du mois de mars, l’été le 21 juin (le jour le plus long), l’automne, le 21 septembre et l’hiver le 21 décembre (le jour le plus court).

Belkacemi Mohand Saïd

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