On a beaucoup parlé des potentialités nationales en matière de tourisme.
Ces dernières, ont fait l’objet de maintes louanges et de fastidieux rapports administratifs qui n’ont malheureusement pas eu de prolongement pratique sur le terrain.
Le secteur du Tourisme tente de se redéployer en utilisant tous les moyens et segments qui composent cette activité. Le plan d’investissement 2010-2014 lui accorde une place de choix à travers de multiples créneaux englobant les investissements publics dans les grandes infrastructures et dans les équipements, les incitations fiscales et de crédits consentis aux privés porteurs de projets et la mobilisation des autres sous-secteurs comme celui de l’artisanat à travers la création d’ateliers et de PME.
S’agissant spécifiquement de l’artisanat, tout en se constituant comme activité économique et commerciale à part entière, ce créneau jette des passerelles très étroites avec le secteur du tourisme. Comme les vestiges historiques, les sites naturels et autres curiosités du terroir, les produits artisanaux constituent assurément une des matières premières du tourisme.
On a beaucoup parlé des potentialités nationales en matière de tourisme. Ces dernières, ont fait l’objet de maintes louanges et de fastidieux rapports administratifs qui n’ont malheureusement pas eu de prolongement pratique sur le terrain.
Les quelques initiatives locales prises ici et là en matière de promotion de l’artisanat sont trop disparates et trop peu cordonnées pour qu’elles puissent servir d’exemple à suivre en la matière. Ainsi, des communes ont fourni à des familles nécessiteuses des machines à coudre sans que cette opération soit suivie de formation, encadrée sur le plan de la fourniture de la matière première ni sur l’étude du marché. C’est plus une formalité administrative et statistique que l’on cherche à enregistrer sur les tablettes d’une municipalité ou d’une direction de wilaya qu’un véritable acte de promotion des métiers ou de lutte contre le chômage féminin.
Le recul incessant de l’activité artisanale en Algérie a atteint un seuil effarant au point où des dizaines de métiers et des centaines de milliers d’emplois ont été perdus en l’espace de quarante années. C’est, du même coup, des pans entiers de la mémoire et de la culture nationales qui sont effacés ou escamotés par une ‘’modernité’’ limitée à la seule vertu de l’importation permise par la rente pétrolière. Des produits artisanaux chinois ou de contrées moins connues garnissent depuis plus de dix ans, les magasins les plus reculés du pays. Impuissants devant un tel déferlement, ceux qui restent parmi les anciens artisans algériens n’ont apparemment de choix que de se tourner vers une autre activité qui rapporte mieux.
À l’échelle internationale, toute action relevant du domaine de l’artisanat fait l’objet d’études pour la situer dans le contexte culturel de la région et lui donner la dimension historique qu’elle est censée véhiculer par-delà sa valeur purement sociale ou commerciale.
Volontarisme et précipitation
Cette expérience est en train d’être menée dans notre pays,avec un destin fort aléatoire- dans les projets de proximité de développement rural intégré (PPDI). La composante artisanale des ces projets est supposée émaner des profondeurs historiques et des réalités culturelles des localités ciblées. Le rythme infernal avec lequel sont montés les projets- pour répondre à une logique administrative de consommation de crédits- fait qu’aucune étude, aussi sommaire soit-elle, n’a été initiée dans ce sens. Réhabiliter la fabrication du tapis dans une région où il a perdu ses lettres de noblesse depuis longtemps pour des raisons objectives liées à une économie rentière peu soucieuse du génie de ses enfants, promouvoir l’orfèvrerie et la dinanderie dans des villages et des villes où les artisans sont obérés par les charges charriées par l’acquisition de la matière première et par la fiscalité toutes ces tâches et missions ainsi que d’autres axes encore inhérents à ces nobles métiers ne peuvent être menés ex-nihilo, sans une politique claire, bien élaborée et ambitieuse en direction de ce segment particulier de l’économie nationale ; particulier, car exprimant les couleurs et les profondeurs de la culture nationale.
Le volontarisme et l’approximation qui, un moment, peuvent donner l’illusion de suppléer à une politique globale en la matière, ne pourront, en revanche, jamais remplacer une véritable stratégie basée sur la culture de la permanence des actes de préservation et de promotion des produits artisanaux.
Par-delà le symbolisme culturel et historique auquel elle renvoie, la politique de la promotion des activités artisanales et des produits du terroir équivaut à une entreprise de défense et de pérennisation de la mémoire collective, outre qu’elle sert à asseoir une matière première précieuse pour le secteur touristique.
Le secteur de l’artisanat ne cesse d’attirer l’attention des pouvoirs publics à travers la politique des petites et moyennes entreprises supposées conduire et faire converger les efforts des différents acteurs agissant dans ce domaine, et particulièrement les artisans eux-mêmes qui, jusqu’à un passé récent, étaient les laissés-pour-compte de la relance économique basée essentiellement sur les grandes infrastructures et la stratégie industrielle.
Le plan de développement de ce secteur aux horizons 2020 a vu ses objectifs définis l’année dernière, à l’occasion des assises nationales. A cette échéance, d’après l’ancien ministre chargé du secteur, la production du secteur de l’artisanat atteindra un montant de 334 milliards de dinars alors que dans la phase actuelle cette production ne dépasse pas les 136 milliards de dinars. En matière d’emplois, le secteur de l’artisanat ambitionne de créer un million d’emplois à l’horizon 2020.
Les ateliers tenus aux assises de l’artisanat ont été réservés aux thématiques de l’intégration économique de ce secteur, de la conception des programmes de formation idoines, de la promotion de la qualité des produits et du crucial problème du financement. Ce dernier devra être, selon l’ancien ministre, proposé à d’autres alternatives vu les réticences des banques à financer les ateliers artisanaux.
Pour un pôle touristique dédié à l’artisanat
Le nombre d’artisans détenteurs d’un registre de commerce est actuellement de 162 000. En 2002, il était estimé à 72 000 selon l’ancien ministre de tutelle. De même, la nomenclature des activités artisanales est passée de 244 métiers à 339 métiers.
Au cours de l’année 2009, les présidents des chambres de l’artisanat et des métiers au niveau national ont présenté un ensemble de propositions pour l’ancien ministère de l’Artisanat et de la Petite et moyenne entreprise pour donner corps à la stratégie nationale conçue pour ce secteur à partir de 2010 jusqu’aux horizons 2025. A cette occasion, le président de la Chambre nationale de l’artisanat et des métiers a soutenu que ce secteur- dans le cas où des conditions matérielles, réglementaires et administratives lui sont garanties- pourra, à terme, générer quelque 2 millions de postes d’emploi. À la tête de ces conditions administratives, le responsable de la Chambre nationale de l’artisanat, cite des décisions politiques qui devraient émaner de la présidence de la République.
Les problèmes auxquels est confronté ce secteur de l’économie sont connus à peu près de tous les acteurs qui y interviennent et sont inventoriés comme étant de véritables freins à la véritable promotion de l’artisanat. La cherté de la matière première, à commencer par l’or et le cuivre, constitue un handicap majeur. En suite, il a été fait état du poids de la fiscalité et des tarifs douaniers qui grèvent de leur poids l’essor du secteur. Cela se répercute directement sur le coût de production et sur la commercialisation qui n’arrive pas encore à se frayer un chemin d’autant plus que, autre épine sur cette voie, le commerce informel pour ces produits est aujourd’hui florissant.
Le président de la Chambre nationale de l’artisanat a proposé à cette occasion la restructuration du Fonds national de l’artisanat et la révision de son mode de gestion pour en faire un fonds de soutien et de crédit. Dans le même sillage, il demande à ce que soit crée un ‘’pôle touristique’’ propre au secteur de l’artisanat dans chaque wilaya.
Dans la foulée des propositions relatives à ce créneau délicat situé à califourchon entre la culture et l’économie, il a été aussi revendiqué une action d’information et de marketing de la part de nos représentations diplomatiques à l’étranger de façon à faire connaître et à promouvoir le produit du terroir algérien et son fabricant. C’est l’une des conditions essentielles pour pouvoir pénétrer les autres marchés du monde marqués par une féroce compétition commerciale.
L’artisanat est un créneau qui, dans notre pays, tarde visiblement à se mettre au diapason des autres activités économiques. Il se trouve que les circuits administratifs, bancaires et commerciaux ne sont pas encore bien huilés pour s’ouvrir d’une façon franche à ce genre d’activité.
Dans sa relation quotidienne avec l’administration, la corporation des artisans est, le moins que l’on puisse dire, insatisfaite. Ses membres jugent qu’il y a encore trop de bureaucratie. Ils font état de la non prise en considération par l’administration des propositions et recommandations du conseil national des Chambres d’artisanat et des métiers.
Amar Naït Messaoud

