Invité mercredi dernier, à l’émission « Hiwar Essaâ » de la télévision nationale, en tant que secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia a été appelé à mettre sa casquette de Premier ministre pour revenir sur plusieurs sujets relatifs à l’actualité nationale et internationale.
Pour le Premier ministre, il n’y a pas de crise politique en Algérie. « Les champs politique et médiatique sont ouverts. On compte plus d’une trentaine de formations politiques en activité et autant d’organes de presse. En Algérie, le changement est intervenu en 1989 », dira- t-il.
Ouyahia ne voit donc pas « la nécessité de dissoudre le parlement et de changer le système politique ». Le Premier ministre s’oppose à l’idée d’une Assemblée constituante. « Le recours à une constituante ne peut intervenir que dans des circonstances bien précises, comme dans le cas d’une crise politique ou d’une paralysie de fonctionnement des institutions politiques », en ajoutant que « la constituante ne ressuscitera pas les victimes de la tragédie nationale et les morts de 1963 », faisant référence au terrorisme des années 90 et à la crise du FFS en 1963. Par ailleurs, le patron du RND concède, toutefois, qu’il existe une crise sociale « Le front social est en ébullition », lâche- t-il. Revenant, dans le même sillage, sur les émeutes qui ont ébranlé le pays durant le mois de janvier dernier, Ahmed Ouyahia estime que les émeutes, qui ont fait 5 morts, ont été engendrées par les barons de l’informel. «On parle de l’huile et du sucre, mais la réalité est tout autre. Ce ne sont pas les prix de ces produits qui ont provoqué ces émeutes», souligna l’orateur et de poursuivre, « 60% de ces évènements ont été provoqués par les barons de l’informel », expliquant que le désordre arrange leurs affaires. Qui sont ces barrons qui sèment donc le trouble ? Ouyahia n’en dira mot, « On le révèlera en temps opportun », se contentera- t-il d’ajouter, sans plus.
Le Premier ministre affirme que la contrebande possède une capacité de nuisance très importante, à tel point que la combattre «risque d’avoir des conséquences néfastes sur la stabilité du pays ». Pour Ahmed Ouyahia, ce combat devra se faire progressivement. L’intervenant a voulu prendre comme exemple, l’import- import des années 90. « Au début des années 90, il était difficile d’intervenir au niveau des quartiers de La Montagne ou Baraki, qui étaient les fief de l’import- import. La situation a changé sans que personne ne s’aperçoive. On a éradiqué le phénomène sans que cela ait des conséquences ». On doit s’attendre donc à une « guérilla »contre la contrebande. Questionné sur les rumeurs ayant circulé sur sa démission de son poste de Premier ministre, Ouyahia a été catégorique, «il n’a jamais été question de mon départ. Je suis un serviteur de la nation et j’en suis fier », dira- t-il. Pour lui, ce sont ces mêmes provocateurs des émeutes de janvier qui ont véhiculé cette histoire de démission. Questionné sur l’avenir de la coalition gouvernementale, le patron du RND estime que sa formation est disposée à poursuivre le chemin avec ses deux alliés, le FLN et le MSP. « Maintenant, s’il y a une partie qui ne se retrouve pas dans notre démarche, il ne faut pas que celle-ci se gène pour le déclarer ouvertement et partir », dira- t-il, allusion faite au parti du MSP, que Ouyahia cita nommément, et à sa tête Bouguerra Soltani. « Que notre frère Soltani sache qu’avec le FLN, on dispose déjà d’une large majorité », lança- t-il. Message clair et sans ambages! Interrogé sur ce qu’on appelle communément, le printemps arabe,Ouyahia estime qu’il n’est pas des coutumes de l’Algérie de s’immiscer dans les affaires internes des autres. Évoquant ce qui se passe, précisément en Libye, le Premier ministre affirma que : « Nous sommes contre l’utilisation de la violence pour régler un quelconque problème. »
M.O.B