Le marché informel est en grande prolifération dans la wilaya de Bouira. Il s’agit d’un constat évident et palpable que beaucoup ont établi, notamment ces derniers mois. Rien de bien extraordinaire, car celui-ci a toujours existé. Cependant, il aurait suscité en d’autres « temps», une chasse aux sorcières par les autorités. En effet, une simple randonnée dans les rues et artères de la ville de Bouira nous renseignera sur l’ampleur du phénomène. Des pans entiers de l’espace d’un intérêt commun sont squattés par des dizaines de vendeurs. A l’affiche, des articles divers aux vêtements. S’appropriant d’esplanades et trottoirs comme bon leur semble, ces commerçants obligent le citoyen à «partager» la voie publique avec les automobilistes. «Attention, vous avez failli me percutez» ou «Mais vous devriez tout simplement marchez sur les trottoirs», sont ainsi des leitmotivs qu’échangent, tous agacés, les automobilistes et les piétons. Sur le fond, ces jeunes marchands informels persistent à conquérir ces espaces publics dans la simple mesure où des alternatives ne leur sont pas offertes. «Je suis chômeur, je n’arrive d’ailleurs pas à assurer mes besoins les plus élémentaires même avec un tel commerce», nous dira un de ces jeunes marchands. Par ailleurs, d’autres jeunes s’adonnent au commerce des produits alimentaires. En effet, c’est sur des étalages que ces derniers exposent à longueur de journée des fruits saisonniers notamment, mais également d’autres produits alimentaires. Bafouant, bien sûr, toutes les normes d’hygiène, ces produits compromettent potentiellement la santé du consommateur. «Outre que ces produits sont exposés au soleil et à la poussière, des résidus nocifs sont constamment éjectés dans l’air dans un milieu urbain, donc il est strictement déconseillé d’en acheter», dira un citoyen. Dans l’attente d’aménagement de sites susceptibles d’abriter ces marchands, ceux-ci continuent de «réserver» des carrés, causant par conséquent l’anarchie. Pour exemple, l’entrée est de la ville, du côté de l’ancienne agence, ces marchands occupent une bonne partie des deux bords de la route ! L’embouteillage devient le résultat immédiat de cette situation. «Quand on entend les autorités disant vouloir lutter contre l’informel, on pourrait croire que c’est pour mener l’Algérie vers le progrès et la régularisation, mais la réalité est tout autre», nous dira Zoubir, propriétaire d’une boutique d’alimentation générale. Son camarade, Hocine, n’hésite pas à qualifier la démarche des autorités d’une politique de deux poids, deux mesures. «Au moment où les gros importateurs sont exonérés d’impôts, nous les petits commerçants, on nous étouffe», dit-il. Pis encore, alors que les conséquences du marché informel ne cessent de porter des coups fatals pour l’économie nationale, «on s’obstine à chanter l’essors de notre économie», ajoute avec amertume un citoyen présent sur les lieux.
L. M.