Les travaux du séminaire “Kabylie en débats’’ initié par forum Kabylie se sont poursuivis vendredi soir, et durant une bonne partie de la journée du samedi
Les deux dernières séances programmées ce vendredi seront animées par Amirouche Lamrani, Hocine Redjala, Belkacem Lounes, Salah Hanoun et Said Khellil, respectivement universitaire, producteur, président du CMA, avocat et militant du mouvement berbère.
Le premier intervenant traitera du thème de “l’université et sa région’’, tandis que M Redjala reviendra quant à lui sur la production cinématographique kabyle. Belkacem Lounes, qui lui succédera à la tribune, fera le tour de plusieurs sujets notamment sa vision de l’autonomie de la kabylie. Après la pause dîner, c’est autour de Said Khelil et de Maître Hanoun de prendre la parole pour donner des conférences respectivement sous le thème : “Combat démocratique, plaidoyer pour une constituante qui consacre les libertés’’ et “Kabylie-Algerie, initiative pour un pacte social et républicain d’avenir’’. Les travaux s’achèveront tard dans la soirée du vendredi, pour reprendre samedi matin. Au menu de ce deuxième jour du séminaire, une série de conférences reparties sur deux séances suivies de débats. Dans la matinée, la parole sera donnée successivement à Nacer Hadad, Hamou Boumediene, Aziz Tari et Malika Baraka. Si Nacer Hadad, le premier à prendre la parole s’est penché sur la question de la Kabylie et de ses avenirs, Hamou Boumediene, pour sa part donnera une communication sous le thème du “particularisme kabyle’’. Au cours de sa communication, M. Boumediene a essayé de souligner la spécificité kabyle à travers des exemples puisés dans l’histoire et le vécu de la région. Aziz Tari, de son côté abordera le sujet de la Kabylie par rapport aux modèles de pensée. Des modèles qu’ils ne faudrait surtout pas importer selon M. Tari qui dira : “C’est à nous de les construire (modèles ndlr)’’. L’orateur reconnaîtra tout de même l’existence d’une avalanche de slogans et de concepts et un manque de visibilité. Un peu plus loin, le conférencier reviendra sur l’idée de la souveraineté sans laquelle rien ne peut se faire. Pour lui, l’autonomie nécessite un transfert de compétences.
Une autonomie dont il dira qui ne peut fonctionner avec les structures actuelles (daïra et wilaya). ‘’Il faut sortir des appareils’’, expliquera-t-il. Mme Baraka qui lui succédera, plaidera pour l’instauration d’une autonomie de fait. A ce propos, elle citera l’exemple des M’zab, qui illustre l’autonomie de fait. En développant son analyse, l’oratrice évoquera la lancinante question des ressources, qui est selon elle capitale. Pour la conférencière, à travers l’histoire, la Kabylie a pu arriver à l’autosuffisance. À propos de l’autonomie politique, Mme Baraka dira que celle-ci est une longue lutte, mais elle reconnaîtra toutefois la régression de la pensée autonomiste.
L’ouverture du débat, juste après, a vu plusieurs interventions. On citera celle évoquant le problème de la dépendance par rapport à l’Etat central, et comment s’en soustraire. Un autre intervenant préconisera un travail de pédagogie et effort d’explication de la question de l’autonomie. A la reprise des travaux dans l’après-midi, trois communications ont été assurées par Idir Ounoughen, Mezouari El Hadi et Rachid Oulebsir. Le premier intervenant, M Ouanoughan en l’occurrence, un militant autonomiste, a livré sa vision de la situation de la Kabylie et du pays à travers différentes époques historiques et suggérera qu’en cas de changement, ou de révision constitutionnelle, il faudrait clamer haut et fort d’inscrire le fait kabyle dans la réalité nationale. M Mezouari qui prendra la parole à son tour plaidera, lui, pour l’instauration d’une deuxième république qui consacrera selon lui les libertés, la démocratie et la tolérance. Une république qu’il souhaite en rupture avec le mode de pensée et de gouvernance d’antan, selon M Mezouari. Le dernier à intervenir, Rachid Oulebsir, écrivain et ancien journaliste, focalisera sur l’autonomie économique de la Kabylie. Il reviendra dans son intervention sur le processus de dépossession économique de la région. L’orateur parlera clairement d’une volonté de casser l’autonomie locale ainsi que le savoir faire local. Il citera à cet effet l’exemple de la filière oléicole sérieusement déstabilisée. Un tel processus qui n’a fait qu’accélérer la dépendance de la Kabylie à l’Etat central. Avant de baisser le rideau sur les travaux du séminaire, des contributions du linguiste Hamid Lounouaci ainsi que de Ahcene Belkacemi, un militant autonomiste, ont été lues par des participants. A travers la contribution de Lounouaci, il ressort clairement l’idée de la régionalisation modulable. Celle de Belkacemi, proposera l’intégration de la Kabylie dans les deux modèles de gestion à savoir le fédéralisme ou la décentralisation régionale.
Noreddine Bellal, président séminaire sera le dernier à prendre la parole pour clore les travaux du séminaire, avant de remercier participants, conférenciers et les villageois Takerboust qui, deux journées durant, avaient assuré gîte et sécurité à leurs hôtes. Il y’a lieu de souligner que les travaux du séminaires seront actés prochainement et que d’autres rencontres allant dans le même sens, sont prévus. C’est du moins ce que laisse entendre Aziz Kersani, l’un des élément actif de Forum Kabylie.
Djamel M.

