Le béton est moins cher que le bitume

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« Imaginez un matériau routier qui ferait économiser de l’argent à l’industrie et aux contribuables, protégerait l’environnement, créerait des emplois et réduirait des bouchons de circulation. Ce matériau n’est pas une utopie future : c’est le béton. » C’est une déclaration qui émane d’un des intervenants du 2éme séminaire sur les technologies du béton, qui se tient à Alger le 17 et 18 septembre à Alger. Organisée par Algerian Cement Company (ACC), cette rencontre se propose de mettre en avant les avantages du béton, matériau roi du bâti, comme une alternative intéressante -sur le plan économique notamment- au bitume dans l’édification des chaussées. Tous les intervenants qui se sont succédé au pupitre, pour la journée d’hier, ont souligné les multiples qualités de ce matériau, qui pourrait reléguer au second rang le bitume, qui a commencé à montrer des signes de vieillesse, dans la construction des réseaux routiers et autoroutiers. « Plusieurs études scientifiques et économiques ont démontré que son (le béton) utilisation pour la construction des routes entraîne une réduction importante des coûts pour l’industrie automobile (…) c’est non seulement excellent pour l’environnement mais aussi pour le gouvernement qui réalise des économies en matière d’entretien et de réparation des chaussées classiques », notera Abadlia Mohamed Tahar du LNMC. Ce dernier relèvera également que dans certains pays, les routes en béton mises en place depuis 40 ans sont toujours de bonne qualité et que ces routes modernes sont, en particulier, sûres pour le trafic, durables, écologiques, ainsi que rentables. Le même orateur soulignera que le séisme de Boumerdès a éveillé les consciences quant à sa bonne utilisation et que les maîtres d’ouvrages exigent désormais un béton durable qui doit inclure, selon lui, à la fois son intégration dans l’environnement, sa durée de vie et son processus de vieillissement.Un autre intervenant, Mokhtar Boularak, directeur des études techniques à l’Agence nationale des autoroutes, procédera à une comparaison économique entre les chaussées souples (en bitume) et les chaussées rigides (en béton). D’emblée, il a tenu à porter à la connaissance de l’assistance que les chaussées représentent environ 30% des coûts d’une route ou d’une autoroute et mobilisent plus de 80% des budgets alloués aux travaux d’entretien. Ainsi, le coût global du mètre linéaire (ml) d’une chaussée souple est estimé, selon l’orateur, à près de 32 000 DA. En comparaison, le prix du ml d’une chaussée en béton est de près de 33 000 DA. Cependant, pour les coûts d’entretien, c’est la chaussée bétonnée qui l’emporte. En sus, l’entretien des routes bitumées pose un double problème pour le maître d’ouvrage, un problème de disponibilité des crédits au moment où le besoin se fait pressant, mais aussi de gêne aux usagers et des multiples risques d’accidents lors des travaux. « La technique présente beaucoup d’atouts qui encouragent son introduction dans notre pays », a-t-il affirmé, en ajoutant que le projet de l’autoroute Est-Ouest, peut constituer un bon exemple d’utilisation de cette technique en Algérie.Il a été souligné au cours de ce séminaire qu’un pays comme l’Algérie, obligé d’importer du pétrole lourd pour la fabrication du bitume, car notre brut est très léger, aura fort à gagner en misant sur le béton, notamment avec la décroissance des nos importations en ciment du fait du lancement de plusieurs projets de cimenteries. A bon entendeur…Francis Voegelle, de la société Heit Kamp, abondera dans le sens de ses prédécesseurs, en axant sa communication sur l’industrie des chaussées en béton. Pour ce responsable, qui a pris part à l’édification des nombreux réseaux routiers en béton, notamment en Allemagne, le béton est le matériau par excellence pour la construction des chaussées. Il présente ces avantages : une bonne résistance mécanique et une stabilité à la déformation quelle que soit la température, une moindre nécessité d’entretien par rapport aux chaussées traditionnelles, une importante réduction des nuisances sonores. Il notera aussi que les bétons sont recyclables et donc moins nuisibles pour l’environnement et présentent la particularité d’être clairs dans l’obscurité. Selon lui, 50% des réseaux routiers allemands et autrichiens sont en béton. « Il serait donc dommage de ne pas utiliser ce matériau en Algérie », conclut-il. Lors de la séance consacrée aux débats, Francis Voegelle, en réponse à une question, a tenu à faire remarquer que c’est à l’Etat que revient le rôle de susciter l’intérêt des investisseurs, pour voir décoller cette branche, en lançant des projets. L’intervenant du groupe Cosider fera part de l’expérience de ce dernier dans le bétonnage du tarmac de l’aéroport d’Alger. Les recommandations et les qualités tant louées du béton en remplacement du bitume sur les routes, formulées au cours de ce séminaire, trouveront-elles une oreille attentive auprès des décideurs en la matière, ou seront-elles un prêche dans le désert ? L’idée du bétonnage de tronçons de l’autoroute Est-Ouest a déjà été évoquée par le ministre des Travaux publics, et les blocs restants du projet seront bientôt lancés. Une bonne occasion pour expérimenter ce matériau. Mais en sera-t-il ainsi ?

Elias Ben

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