Seul l’institut des sciences….

Partager

Pour cette année encore, la commémoration du printemps berbère à Bouira ne va pas au-delà de battre le pavé et de scander en terre amazighe, « Nukni d’ imazighen !». Ce syllogisme redondant (« Nukni » et « Imazighen ») si affectionné par la sphère partisane, se réduisant de plus en plus en peau de chagrin politique, relève de l’anachronisme pour toutes ces générations qui n’ont pas vécu les événements d’avril 80, et qui aspirent à vivre leur identité comme ils respirent. Ces jeunes, pour qui la question d’être ou de ne pas être amazighe ne se pose pas,ils veulent écrire tamazight, lire tamazight, écouter tamazight, voir un film en tamazight, s’exprimer devant le juge en tamazight, voter en tamazight…bref, vivre au quotidien et, surtout, librement leur amazighité. Cette légitime aspiration passe forcément par l’occupation des terrains productifs. Pour ce faire, le devoir de mémoire ne doit pas se résumer à marquer une halte printanière devant les sièges des wilayas pour se disperser, quelques minutes plus tard, le torse bombé mais la « mission » inaccomplie.

La halte génératrice de plus de liberté est celle qu’ont marqué les étudiants de l’institut des sciences en accueillant (pendant que les étudiant du DLCA ont préféré une excursion à…Taref) dans leur amphis, des conférences et des débats dépassionnés à propos de « l’identité dans la littérature amazighe », « l’enseignement de tamazight et le mouvement culturel berbère », « le mouvement culturel berbère et les droits de l’homme», « parcours de militants ». Toutes ces thématiques développées dans l’amphi permettront aux jeunes étudiants d’avoir une meilleure lisibilité et visibilité de la dimension amazighe. Côté direction de la culture, on s’en est tenu au récurent mois du patrimoine qui se contentera, encore une fois, d’exhiber la sempiternelle robe kabyle et la meule à céréale. L’édifice Ali Zamoum ne sera pas ouvert au Printemps berbère et à ce que cela suppose comme conférences et débats. Ce manquement est d’autant plus frustrant, que la Maison de la culture de Tizi-ouzou n’a lésiné sur aucun effort pour abriter, une dizaine de jours durant, des activités productives et pédagogiquement efficaces, puisque elles impliquent le génie et non pas le folklore stérile. Dommage qu’à Bouira cela n’a pas été le cas pour, entre autres, permettre aux élèves des lycées d’avoir une idée plus claire sur ce que fût le 20 avril 1980 qu’ils ont commémoré hier dans les rues de Bouira.

S.O.A

Partager