La pénurie de liquidités est de retour au niveau des bureaux de poste de la wilaya de Bouira. En effet, après une courte accalmie, la crise de liquidités reprend de plus belle avec ses lots de désagréments.
Au niveau des bureaux de poste de la wilaya, un air de déjà vu plane sur les guichets pris d’assauts des les premières heures de la matinée. Des files d’attente interminables et des crises de nerfs des citoyens sont là omniprésentes, un lot de scènes qui se répètent inexorablement. Jeudi matin, dès l’ouverture des grilles d’entrée de la poste centrale de Bouira, c’est une véritable marée humaine qui s’engouffre à l’intérieur, dans l’espoir de trouver une somme, aussi mince soit-elle, à retirer. Mais la déception est à la mesure de l’empressement, pas un centime ne s’y trouve. Très vite, la déception cède la place à la colère, en témoigne la réaction de Djalil : «C’est absurde ! J’en perds mes mots. Comment voulez-vous rester calme et stoïque devant une telle situation ?». Puis, il ajoute : «C’est ma troisième tentative afin de retirer quelques kopecks, mais en vain, je vais devenir fou !». Dans ce bureau de poste archi-comble, les usagers spéculent sur les origines de cette crise, chacun y allant de sa petite hypothèse. De la plus terre-à-terre à la plus farfelue, celle d’un «complot». Autre bureau de poste, autre ambiance. À la poste de Farachati, c’est une ambiance détendue qui prédomine, les citoyens commencent à s’habituer à ces crises à répétitions. Un fait attire l’attention, contrairement à la poste centrale, ici, point de bousculades. Les gens discutent tranquillement, il faut signaler qu’il n’y a pas grand monde. Un citoyen dira à ce sujet : «A quoi bon se tirer les cheveux ? Vous savez, on commence à avoir l’habitude. La 1re crise a pris tout le monde au dépourvu. Désormais, chacun prend ses précautions. On sait bien que du jour au lendemain, la poste va être à sec, alors il faut rester zen». Cependant, tout le monde n’a pas cette «zen attitude». A l’image de Allaoua qui déclare : «Qu’est-ce que c’est encore que ce manège ? Ils ont annoncé à la télé que cette crise était de l’histoire ancienne. Après la grève des postiers, c’est la pénurie. Dans quel pays vit-on ?». Il ajoute : «A la fin, c’est lassant. Travailler pour ensuite ne pas pouvoir toucher son du. Je ne sais plus quoi dire, c’est un scandale !». Un guichetier, qui se tourne les pouces, faute de ne pouvoir répondre à la demande, dira à cet effet : «Que voulez vous que je vous dise?! On est contraint au chômage technique ! Cette situation ne nous fait pas plaisir, au même titre qu’aux citoyens. Devoir refouler la clientèle à cause de cette crise ne m’enchante pas personnellement. Mais, que voulez-vous, on ne peut rien y faire, mis à part attendre d’être livrés». A travers la quasi-majorité des bureaux de poste de Bouira, les caisses sont vides, et celles qui ne le sont pas encore, distribuent au compte-goutte les rares billets qui restent. La population espère que l’introduction prochaine, du tant attendu billet de 2 000 Da, pourra endiguer cette pénurie qui traîne en longueur, sans que personne n’y trouve une explication plausible.
Ramdane B.

