La 5e édition de la fête de la figue organisée les 13 et 14/septembre, conjointement, par la municipalité de Beni Maouche avec l’association pour le développement agricole et rural, dans l’enceinte même de la mairie, a tenu toutes ses promesses de par le nombre impressionnant de participants, avoisinant une cinquantaine de stands et des milliers de visiteurs qui les ont sillonnés, satisfaits par la multiplicité des produits du terroir exposés, fierté de toute la région dont les plus illustres sont la figue, l’huile d’olive, le miel… Le figuier, qui occupe de grandes superficies agricoles dans la région, est un arbre fétiche, vénéré et adulé par la population locale comme on adule un sage, en raison de vertus de ses fruits jugés bienfaitrices pour les humains. Il est cueilli entre août et septembre, d’abord comme figues mûres (lakhrif) qu’on savoure comme dessert et ensuite comme figues sèches (thazarth) qui, au temps de jadis où l’Algérie coloniale était le vivier de l’Europe et la vallée de la Soummam, un grand comptoir commercial représenté par des docks agro-alimentaires qui pullulent dans les villes, étaient exportées en grandes quantités vers la métropole.La ville mythique et pittoresque de Trouna, chef-lieu communal qui languit sous un soleil doux d’une saison mi-été et mi-automne, a été le théâtre de cette importante manifestation agricole, unique en son genre dans la région et qui a été l’hôte d’une imposante délégation officielle, composée de représentants d’organismes étatiques de la wilaya relevant de l’agriculture comme la DSA, l’ITAF, l’INRAA et la chambre de l’agriculture qui étaient impressionnés par cet eldorado en haute montagne que la nature a façonné comme panorama splendide que domine le figuier dont la chlorophylle verdoyante donne un éclat au milieu de petits hameaux d’habitations qui dépaysent la vue et impressionnent l’esprit, un havre au travail de cette richesse du terroir nourricière, la terre où il est pratiquement impossible de repérer une parcelle agricole non travaillée ou gagnée par le maquis, même sur les terrains au relief accidenté. Si la journée du 13 a été marquée par la réunion animée par les représentants de la DSA et de la chambre de l’agriculture où l’occasion a été donnée à plusieurs intervenants parmi les fellahs de la région qui ont mis l’accent sur les difficultés que rencontrent les prétendants à l’aide de l’Etat, souvent découragés et agacés par leur bête noire, la bureaucratie, qui entrave un grand nombre d’entre eux et certains jettent l’éponge en cours de constitution du dossier, ce qui fait que les concours étaient assez minimes pour la commune de Beni Maouche. En réponse, le directeur de l’agriculture a réfuté totalement la thèse de marginalisation de cette commune en brandissant le chiffre de 12 milliards de centimes accordés à cette contrée de la wilaya, comme tout d’ailleurs l’administrateur communal local, lui emboîtant le pas, a brandi lui aussi le chiffre de 300 bénéficiaires de l’aide au logement dans le cadre de l’habitat rural. Continuant dans sa foulée, ce dernier a exhorté par là même les agriculteurs à prendre en main leurs destinées en adhérant en masse à l’association locale «ADAR» qui travaille d’arrache-pied pour développer l’agriculture dans la région et en leur préconisant la création d’une coopérative de conditionnement des produits du terroir qui sera chargée de l’achat de toutes les productions et leur vente sur les marchés locaux ou, comme cela a été le cas dans le passé, au lieu que ces produits de haute qualité, très prisés à l’extérieur, soient échangés, au stade actuel, en troc contre des légumes (piment, tomate, etc.) de faible valeur que proposent des marchands ambulants.Le 14, c’est au tour des techniciens agronomes de l’ITAF de Takriezt et de l’INRAA de Oued Ghir de donner la réplique en expliquant aux fellahs les nouvelles techniques de production usuelles qu’ils devraient mettre en œuvre pour améliorer les rendements.Cette foire grandiose de la production agricole qui s’est déroulée en haute montagne, plus précisément à Béni Maouche, a eu le mérite de raviver les esprits sur l’histoire récente d’une région qui était autrefois une plaque tournante du commerce des produits du terroir tels que la figue, l’huile d’olive, le cactus kabyle (akermous) et la caroube. Après la clôture, les intervenants, exposants et visiteurs pensent déjà à la prochaine foire agricole, dont le produit roi sera l’huile d’olive, qui se déroule traditionnellement à la fin de la récolte, au début de chaque année, dans la ville d’Akbou.
L. Beddar
