Le journaliste entre le marteau et l’enclume

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Pour le commun des lecteurs qui achète chaque matin son journal à la recherche de nouvelles fraîches ou alors pour celui qui consulte en permanence des sites d’informations en ligne, le journaliste ou le correspondant de presse est considéré comme un avant-gardiste en la matière

Toutefois, et là il nous est permis d’aborder le sujet en parfaite connaissance de cause, les gens de la presse évoluent dans des milieux pas toujours roses, n’en déplaise aux directeurs de publications qui se doivent de garder l’image de marque de leurs titres respectifs.

Un journaliste est payé pour récolter des informations, les vérifier par la suite et les traiter. Autant de tâches qui sont, pour le moins que l’on puisse dire assez ardues, pour un correspondant de presse appelé quotidiennement à informer le plus objectivement possible l’opinion publique. En premier lieu, il est impératif de souligner que le statut de ce correspondant (pigiste essentiellement) n’est pas défini. En effet, la tarification de la pige varie d’un quotidien à un autre. Mais en gros, elle arrive à peine à couvrir les frais de ce que coûte l’information (à son rédacteur) depuis sa récolte jusqu’à son envoi en passant par son traitement. Une pige rémunérée à hauteur de 200 dinars (et cela existe) peut, entre le transport, le fax ou l’Internet, coûter au correspondant très largement son double. Cette situation génère un imbroglio en déphasage, et c’est le moins que l’en puisse dire, avec l’éthique et la déontologie que le métier de journaliste suppose. En effet, cette même information, légèrement retouchée peut se retrouver le même jour dans d’autres journaux. Ainsi, en utilisant différentes signatures, le même correspondant reverra à la hausse d’une manière pas très honnête sa pige. Cette situation qui faut-il le souligner n’est pas généralisée ne prendra fin que lorsque l’employeur revoit sa ‘’copie’’.

Le journaliste conventionné n’est pas mieux loti. En contre partie d’un nombre bien déterminé de  » papiers « , ou alors chargé de la couverture de l’actualité ce dernier est rémunéré autour de 10.000 dinars. Pour ce journaliste, le métier est encore plus contraignant puisque en plus d’être quotidiennement à l’affût de l’actualité il assure une fonction dans un autre secteur, celui de l’enseignement en particulier.

En théorie, le correspondant de presse (pigiste ou conventionné) est un collaborateur qui exerce une autre fonction et qui contribue de manière plus ou moins occasionnelle dans les colonnes du journal. Donc, il revient à son employeur d’origine de lui assurer une couverture sociale et non pas aux directeurs de publication.

Cependant, il existe en parallèle des correspondants qui n’exercent aucune autre fonction et qui attendent la rémunération du journal qui les emploie. Pour ces derniers, la question se pose avec acuité : Pourquoi s’entêter à travailler pour un salaire de misère ? Réponse à chercher du côté du prestige éphémère que le métier de journaliste suppose. A côté de ce  » statut de misère « , un fait de taille mérite d’être souligné : une formation spécifique pour le correspondant. Chose que les éditeurs peuvent assurer, en prévision d’un travail de meilleure qualité. Cela étant, le correspondant lui-même peut toujours faire un effort sur lui-même et aller chercher le document pédagogique à même de parfaire son métier. Il arrive cependant que des ONG organisent occasionnellement des journées de formation. Malheureusement, les bénéficiaires de ces cycles de formation ne sont jamais ces correspondants de province : Ce sont toujours les journalistes de la rédaction nationale qui en bénéficient. Les droits et les devoirs des journalistes correspondants demeurent encore plutôt ambigus dans l’état actuel des choses et les autres problèmes relatifs à la rétention de l’information et les difficultés à y avoir l’accès sont, somme toute, des épreuves surmontables pour peu que les journalistes correspondants s’organisent pour redorer le blason du métier. Lors du dernier discours du président de la République , il a été mis en exergue le nouveau code de l’information qui devrait voir le jour prochainement. Toutefois, comme revendiqué par le SNJ : “ C’est la non application de la loi 1990, acte fondateur de la liberté de la presse qui a engendré la situation anarchique et de décadence qui frappe la presse algérienne ces dix dernières années.’’ En attendant, un changement positif, à comprendre la dépénalisation du délit de presse, de lourdes peines pèsent toujours sur certains journalistes qui crapahutent entre le commissariat et les tribunaux. Ces derniers espèrent et aspirent uniquement à exercer leur passion librement sans être sans cesse sur le qui-vive.

Hafidh B.

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