" Le HCA gravite autour d'institutions indifférentes au projet que nous portons "

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Dans cet entretien, Youcef Merahi, SG du HCA ne cache pas sa déception quand il évoque l’enseignement de tamazight. Sur ce point, il dit que le chemin est encore long et semé d’embûches. Il a évoqué aussi les prénoms amazighs, la nomenclature des prénoms, la disponibilité du HCA à participer à la solution et le patrimoine dans la réappropriation de l’identité nationale.

La dépêche de Kabylie : Pourquoi la ville de Guelma pour un colloque sur la sauvegarde du patrimoine culturel ?

Youcef Merahi: Guelma a été choisie comme ville d’accueil de cette rencontre parce qu’elle recèle un patrimoine riche et diversifié qu’il faut sauvegarder à tout prix. Et notre rencontre a trait justement au patrimoine et son pendant lié à la réappropriation de l’identité nationale.

Comment, selon vous, le patrimoine culturel peut réapproprier l’identité nationale quand on sait que la nôtre a subi et subit encore les affres de la négation?

Sans culture et sans éducation, un pays ne peut disposer d’identité propre. Le patrimoine n’est pas seulement de protéger les « pierres » et autres” traces”. Il est question de concevoir une pensée nationale de sorte à ce que le triptyque identitaire, qui est le nôtre, prenne la forme d’un triangle équilatéral. Je veux dire par là que l’Amazighité qui connaît un retard dû aux vicissitudes de l’histoire soit résorbé; pour cela, il faut appliquer un certain coefficient de réparation en application avec notre Constitution. Je ne vois rien d’encourageant sur le terrain. Quand je pense, par exemple, à l’enseignement de tamazight, je me dis que le chemin est encore long et plein d’embûches. C’est cela la négation dont vous parlez. Notre institution, le HCA, gravite autour d’institutions publiques indifférentes au projet que nous portons: la réappropriation de notre identité.

Dans votre allocution d’ouverture, vous avez dit que « nous sommes les seuls concernés par tamazight », peut-on comprendre le sens de cette déclaration ?

En effet, l’Amazigh est le seul concerné pour le moment parce que l’Amazigh n’a de cesse de travailler pour que l’amazighité réintègre, au même titre que les deux autres composantes identitaires, sa maison qui est l’Algérie. C’est ce qui explique ma déclaration, puisque certains secteurs publics n’ont pas intégré dans leur démarche la projection amazighe. Je le dis et je le déplore.

Vous vous êtes « attaqué » aux secteurs de la Culture et de l’Education, pourquoi ?

Non, je ne m’attaque pas à ces deux secteurs. Celui de la Cutlure fait beaucoup pour l’amazighité. Celui de l’Education n’a qu’à prendre ses responsabilités pour revenir à la situation de l’enseignement de tamazight qui prévalait en 1995. Par contre, j’ai réaffirmé la nécessité vitale pour notre pays de la culture et de l’éducation.

Récemment le ministre de l’Intérieur a indiqué que le HCA aura la responsabilité de confectionner la nouvelle nomenclature des prénoms amazighs, votre institution a-t-elle été contactée ?

Le HCA a préalablement saisi le ministère de l’Intérieur pour attirer son intention sur le déni qui frappe le prénom amazigh. Le décret de mars 1981, et la liste qui s’en est suivie, n’a jamais été actualisée, tel que prévu par l’article 5. Cette liste s’est transformée comme un bouclier contre les prénoms amazighs. Le ministre de l’Intérieur a pris le problème en charge et nous lui avons fait part de notre disponibilité à le solutionner.

Avez-vous préparé une ébauche pour ce projet, sachant que les prénoms amazighs continuent d’être interdits dans les Administrations ?

Les données sont à notre niveau. Puisque les spécialistes existent en Algérie. Je me réfère seulement au colloque de l’année dernière que nous avons tenu au CRASC d’Oran.

Propos recueillis par M. Mouloudj

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