Le coup de balai qui rafraîchit Tizi

Partager

L’avilissement de l’autorité de l’état dans la ville des genêts laissera t-il place à une réaffirmation de présence des différents services étatiques à même de réconforter une population lassée de subir le diktat de l’informel ? C’est du moins le vœu des citoyens qui s’attendent à un changement du cadre de vie emprunt d’une vétusté  » effroyable « 

A Tizi Ouzou, les opérations que mènent, depuis jeudi dernier, les forces de la sûreté de wilaya  » rafraîchissent  » les journées chaudes d’une ville qui étouffait sous les décombres de l’anarchie.

Une virée aux quatre coins de Tizi Ouzou permet, ainsi, de faire la  » différence  » entre une image  » lugubre  » de l’ancienne  » petite Suisse  » et le nouveau décor qui se met  » graduellement  » en place. L’opération a touché hier les commerces informels de la rue de la paix. Il est 11h, et ce Dimanche 15 Mai promet, au vu de l’atmosphère lourde qui y règne, de véhiculer une galère du fait de la météo qui ne s’annonce guère sous de bons auspices avec un mercure affichant  » sobrement  » les 30°. Sur la montée du campus universitaire Hasnaoua qui donne sur la Rue Lamali Ahmed et le CHU de Tizi Ouzou, la circulation est  » étrangement  » fluide alors, qu’habituellement, c’est s’exposer à un grand calvaire que de s’y risquer durant les heures de pointe. Dans la  » fourgonnette  » comme on aime bien les appeler ici à Tizi Ouzou, nous prenons place, de la nouvelle ville, pour rejoindre le centre ville des genets. Arrivée à proximité du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed , une femme , la quarantaine , demande un arrêt , le chauffeur , sans poiroter, à la cherche d’un petit espace pour garer , ne met pas plus d’une minute pour redémarrer vers la destination initiale . Une semaine avant, notre transporteur aurait éprouvé beaucoup de peines à se trouver un coin où il pourrait bien  » faire  » descendre ses clients tant la promiscuité des trottoirs, les centaines de commerçants qui étalent leurs marchandises à même la chaussée, rétrécissent l’espace publique et rendent, indubitablement, la circulation lente et difficile.

« On respire mieux, on ne se sent plus agressé …! »

Cet exemple est l’illustration de la nouvelle donne qui se présente à Tizi. C’est qu’au moment même où la dame en question descendait du fourgon de transport, presque tous les autres passagers eurent la même réflexion, la même impression, celle de croire que la ville de Tizi Ouzou s’est  » soudainement  » remise à vivre d’un second souffle. Sans dire un mot, tous cachaient péniblement le sentiment de satisfaction qui se lisait aisément sur les visages. Il faut dire que quatre jours avant, on aurait pris une demi heure de plus pour pouvoir traverser la rue Lamali. Plusieurs centaines de jeunes, souvent chômeurs, trouvent sur cet axe un espace idéal pour vendre .et gagner leur vie  » dignement « . Venant même des autres wilayas et villes limitrophes , notamment de Bordj Menaiel , Boumerdes , entre autre, les marchands ont crée une sorte de marché quotidien , prisé il faut le reconnaître , par les citoyens, particulièrement ceux de la classe moyenne qui y trouvent une opportunité pour faire du  » shopping  » à bas prix . Mais l’opération d’envergure, lancée conjointement par les forces de police et les services de wilaya ayant ciblé jeudi dernier, les principaux marchés de l’informel dans la ville des genets, a fini par mettre le holà à une situation qui n’a, aux yeux de tous ceux que nous avons interrogé que trop durer. Depuis, l’actualité est faite de  » nouvelles opérations  » aux quatre coins de la ville, le sujet anime les discussions au point de faire oublier des événements importants qui, habituellement, attise l’intérêt des Tizi Ouzeens. Hier encore, les forces de police ont évacué plusieurs marchés informels, à l’image du marché des fruits installé depuis plusieurs années dans la rue de la paix, l’espace jouxtant le stade Oukil Ramdane et celui se trouvant à proximité de l’arrêt des fourgons desservants les localités de Tala Athemane et Oued Aissi. À chaque espace, une présence policière est observée. Des sources, très au fait du dossier, nous ont fait savoir , à ce propos , que le dispositif sécuritaire mis en place exclusivement pour accompagner la vaste opération de  » nettoyage  » et d’  » assainissement  » de la ville des genets , sera maintenu durant les deux prochain mois . C’est donc une ville qui a réappris à respirer et à se libérer de l’anarchie qui a prévalu durant plus d’une décennie et que les citoyens découvrent. L’avis de Mourad , la trentaine , exerçant au sein d’une entreprise nationale , est révélateur d’un état d’esprit general qui particularise le quotidien ces derniers jours à Tizi Ouzou depuis des années , je n’ai pas senti la présence de l’état dans cette ville . C’est un plaisir de voir ce changement qui s’opère depuis Jeudi dernier. J‘espère que l’opération s’élargira à d’autres phénomènes qui noircissent toujours la vie aux citoyens. « , lance Mourad, attablé avec trois de ses amis dans un café au centre ville des genets. L’un de ses copains nous dit, dans la foulée, que l’état doit  » suivre l’exemple des autres pays qui réalisent de grands marchés, aménagés et dotés de toutes les commodités à même d’offrir aux citoyens l’opportunité de faire leurs emplettes dans des conditions décentes. « 

« Et les trottoirs squattés par les commerçants…? »

Un peu plus loin, à Mdouha, des citoyens disent respirer  » enfin  » après avoir vécu l’exiguïté de la route due à la présence des marchands de l’informel, d’autant plus que cet axe connaît quotidiennement une grande affluence du fait de la présence de plusieurs institutions telle que la polyclinique, la Cnas, la cité université filles. Là aussi, on ne cachait pas sa satisfaction. Lors de notre passage sur les lieux, un sexagénaire aura cette déclaration révélatrice de la decadence qui a  » ruiné « , pour un moment, la quiétude de la population,  » moi qui ai vécu en ville quand celle-ci respirait la belle vie, je ne reconnaît plus cet environnement qui m’a vu grandir « . Pour Arezki, cette nouvelle compagne de lutte contre l’informel permet aux citoyens de  » respirer  » et de se sentir  » moins agressé  » par le tableau qu’offrait Tizi. Ce même tableau qui laissait à chaque fois ébahis, tous les étrangers qui venaient à la découverte de la capitale du Djurdjura. Cependant ; si la police fait le  » ménage  » du coté du marché de l’informel, les autorités de wilaya, notamment la direction du commerce, doivent assumer leurs responsabilités en sommant les commerçant à se conformer à la réglementation. En effet, les trottoirs de la ville des genets restent squattés par des commerçants qui en font un prolongement  » légal  » de leurs commerces. que ce soit les fast foods qui, au vu et su de tous, exposent des rôtisseries à même les trottoirs aux magasins d’habillement ou alimentation générale, tous  » mangent  » des parties importantes des trottoirs sans que les directions concernées ne bougent le petit doigt. C’est donc important d’accompagner la vaste opération d’assainissement et de nettoyage lancée contre l’informel avec des mesures de contrôle afin d’en finir avec le sentiment d’impunité régi en maître des lieux depuis des années à Tizi Ouzou.

« Et les autres localités et villages de Tizi Ouzou ? »

En plus des citoyens, la société civile réagit à ces nouvelles mesures. Hier, le député du RND a estimé dans une déclaration parvenue à notre rédaction, que la  » situation catastrophique qui prévalait au chef-lieu de Tizi Ouzou, méritait ce nettoyage radical. La commune de Tizi Ouzou qui croulait sous des tonnes de détritus jonchant le sol, a trouvé échos dans cette entreprise très acclamée par toute la population qui souhaite, d’ailleurs, que celle-ci soit maintenue dans le temps « , écrit M.Tayeb Mokadem, député du rassemblement national démocratique. Toutefois, au moment ou des voix d’élèvent déjà pour offrir des alternatives à tous ces jeunes, vendeurs où gardiens de parkings, qui se retrouveront dans la  » rue « , sans emploi ni occupation après l’interdiction  » imposée  » par les autorités. La réalisation d’un marché et l’achèvement puis l’affectation des locaux réalisés dans le cadre du programme présidentiel, soulagera les souffrances de ces centaines de jeunes qui, du jour au lendemain, se retrouvent sans ressources. d’autres citoyens s’interrogent , dans le même cadre , s’il s’agissait seulement d’une opération dont les résultats probants disparaîtront dans le temps, à la faveur d’un relâchement comme ce fut le cas , d’ailleurs , dans le passé . On se souvient que les services de l’état ont initié la même campagne de lutte contre l’informel, chassés la veille, les ambulants reviennent, dans la majorité des cas, le lendemain, « il ne faudrait pas tomber dans les même erreurs si on veut en finir avec l’impunité  » estime Mohand, enseignant universitaire. Dans ce sillage, l’élargissement du dispositif de cette opération aux autres localités de la wilaya est  » vivement  » souhaité par les populations locales qui n’ont de cesse de dénoncer la dégradation sensible de leur cadre de vie.

Omar Zeghni

Partager