Les experts du bureau d’études Oxford Business Group (OBG), installé en Algérie depuis peu, ont émis des réserves quant à l’impact positif que peut avoir l’entrée en vigueur de l’accord d’association sur les consommateurs, dans un rapport publié sur le site Internet d’OBG. En effet, différentes voix officielles se sont succédé ces derniers mois, pour souligner l’effet qu’aura l’accord, entré dans sa phase opérationnelle depuis une vingtaine de jours, sur les prix des produits de larges consommations notamment. «Il sera intéressant de voir comment vont évoluer les prix à la consommation dans les prochains mois, en vue de comprendre si l’économie algérienne saura véritablement moraliser sa pratique des affaires, réduire ses coûts sans augmenter ses marges et ainsi diminuer les prix, ou si elle s’en tiendra à ses habitudes, les importateurs et les distributeurs se partageant le gâteau tandis que les consommateurs, déjà durement touchés par la chute récente du pouvoir d’achat, devront se contenter de quelques miettes», a judicieusement fait remarquer ledit rapport. Et d’ajouter avec la même pertinence d’analyse : «De plus, dans un pays où les importations clandestines constituent une véritable épine dans le pied pour l’économie nationale, certains observateurs mettent déjà en doute la fiabilité du système visant à assurer la transparence dans l’attribution des quotas». Selon le bureau britannique, la balle est dans le camp du Centre national des statistiques des douanes (CNIS), en première ligne dans l’application des dispositions de l’accord. Un autre facteur pourrait jouer en défaveur du consommateur: le Ramadhan, prévu dans quelques jours. «A l’approche du pic de consommation du mois de Ramadan, qui apporte traditionnellement son lot de pénuries organisées et de hausses de prix sur un certain nombre de produits de base, il semble ainsi fort peu probable que l’impact sur le prix de ces produits soit significatif – s’il existe», ajoute-t-on encore. Par ailleurs, les membres du bureau d’études entérinent les craintes des producteurs algériens, relatives au «danger pour le tissu économique du pays, et en particulier pour ses capacités de production». L’inquiétude principale, observe-t-on, est que la suppression des taxes de douane, bien qu’étalée sur sept à douze ans, pourrait transformer l’Algérie en marché captif pour les exportations européennes, avec toutes les conséquences que ce scénario impliquerait pour les industries locales. La sortie médiatique la plus remarquée pour émettre des critiques sur les retombées de l’accord, est celle du patron de l’un des groupes agroalimentaire les plus en vue : Cevital. En effet, pour Issâad Rebrab l’Algérie a accordé trop de concessions à l’Europe, sans contreparties importantes. L’on notera également au sein de l’OBG, que l’Algérie qui a négocié l’adoption de quotas d’importations pour un nombre limité de produits agricoles et agroalimentaires dits sensibles, parmi lesquels on trouve notamment les pommes de terre de semence, les céréales, le riz, la viande et le sucre, est loin d’être compétitive face à l’UE sur ces produits, d’autant que l’Union en subventionne lourdement la production et l’exportation. Il convient d’autre part d’apporter à la connaissance du lecteur que selon le CNIS, les contingents d’importation étaient épuisés pour un certain nombre de produits agricoles et agroalimentaires dont le sucre, le blé dur, les piments séchés, la margarine, les pruneaux, les assortiments de fruits séchés, les fruits à coque ainsi que la bière, qui a été le premier quota à être épuisé. «La structure fortement oligopolistique du marché algérien de l’importation et de la distribution, aussi caractérisé par des barrières à l’entrée qui entravent le jeu de la libre concurrence, entraîne un manque de transparence et d’efficacité, ainsi qu’une grande résistance au changement», peut-on encore lire dans le rapport.
Elias Ben