»Pas de deux langues officielles pour l’Algérie »

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De notre envoyée spéciale à Constantine : Wassila Ould Hamouda

C’est tranché. tamazight ne sera pas institutionnalisée comme langue officielle. C’est le président de la République qui a annoncé cette décision avant-hier à partir du stade Benabdelmalek de Constantine où il a animé un meeting référendaire en faveur de son projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Devant un stade archi-comble, l’invité de la ville des ponts suspendus s’est voulu très explicite quant à cette question. Il a balayé d’un revers de main tout ce qui a été dit ici et là sur l’officialisation de tamazight. Pour reprendre ses dires, « nous avons constitutionalisé tamazight comme langue nationale, mais il n’ y a aucun pays au monde qui a deux langues officielles », dira-t-il tout en soutenant que « l’Algérie ne peut, en aucun cas, accepter ce fait ». Avec détermination, il ajoute pour couper court à toute spéculation et surtout pour donner plus de précision à ses dires que « l’arabe est notre seule langue officielle, et je le dis en toute clarté ». Cela étant, le président a estimé que « rien ne nous empêchera d’apprendre tamazight dans tous ses dialectes à savoir le kabyle, le chaoui, le targui et autres ». La nécessité de conserver l’arabe comme seule langue officielle a été le maître mot de son discours. Au retour de ses propos, des applaudissements et des youyous ont fusé de partout. Le lieu favorisait amplement sa perception des choses. Rien de surprenant, sachant que la population de l’est et surtout celle de la ville constantinoise, est connue par son attachement à la culture arabe. Selon Bouteflika, « Constantine est parmi les rares régions du pays qui ont pu sauvegarder leurs us, leur identité et leur culture ». Continuant sur le même ton, Bouteflika avance « qu’il n’est pas question de voir et de constater des choses qui pourront atteinter aux interêts du pays et se taire ». « Non », lançe-t-il avant d’enchaîner, « Il faut mettre les points sur les “I” ». Une fois de plus, il a réitéré que l’Algérien est un amazigh dans ses origines mais arabisé par l’Islam. D’ailleurs, il attribue cette phrase à Benbadis qui, d’après lui, était « le premier à avoir osé dire cela ». Evoquant ce grand révolutionnaire, l’hôte de l’antique Cirta a profité de cette occasion pour insister sur la nécessité impérieuse de « relire l’histoire de l’Algérie et d’arrêter de faire de la confusion dans les esprits des gens. Benbadis était une personne exceptionnelle, ceci dit je ne veux pas que son nom soit exploité par des mouvances politiques ». C’est pourquoi d’ailleurs, il a exhorté les jeunes à se lancer dans l’investigation pour mieux comprendre l’histoire de leur pays. Il est allé même jusqu’à leur faire un bref exposé sur la période post-indépendance, ainsi que de l’ère de Massinissa et de Yughurta. »Nous avons dépassé une période où nous ne savions pas si nous sommes des Berbères ou des Arabes, mais cela n’a été que le fruit du colonialisme français » dira-t-il. Dans ce contexte, le président de la République est revenu à la charge quant à la loi française du 23 février qui vante « les bienfaits du colonialisme ». A ce sujet, il a martelé : « Aucune des lois insensées votées par les parlementaires français ne peut discréditer notre histoire ».

« La charte n’est pas le Coran ». « Je ne pouvais, malheureusement, faire participer tous les Algériens dans l’élaboration de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, seulement un petit groupe a eu la chance de le faire mais je tiens à vous dire que la charte n’est pas un Coran, elle est juste le fruit d’un effort conjugué de ces élaborateurs », c’est ce qu’a expliqué le Chef de l’Etat à la forte assistance, venue des six régions de l’est. Ce qui nous amène à dire que la charte telle qu’elle est présentée actuellement est susceptible d’être révisée. Chose qui est sûre, c’est que l’invité d’honneur de Constantine refuse catégoriquement « l’instauration d’un Etat islamique, ni d’un Etat laïc. Je ne veux ni de ça ni de l’autre. Je veux, par contre, une République algérienne démocratique et populaire car il n’est pas question de retourner aux années 91 ». Une raison pour laquelle, il a appelé le peuple algérien à faire preuve de vigilance quant aux forces occultes « qui œuvrent pour les intérêts de l’étranger ».

FLN arboré et Hizb frança exhuméSelon lui, la crise interne qui a prévalu en Algérie ne peut être résolue que par les Algériens. L’ingérence des étrangers est confirmée, déplore-t-il avant d’ajouter « faites attention au Hizb frança ». Tout en saluant l’Armée nationale populaire et ses forces de sécurité, Bouteflika s’est dit ne s’être jamais éloigné des principes du FLN. Ce qui explique le fait qu’il a accepté le titre honorifique que le parti de Belkhadem lui a consacré. Sur les aspects économiques, le chef de l’Etat souligne que l’embellie financière que notre pays a enregistrée, n’est que le fruit « de votre pétrole, de votre travail, de vos taxes … « . Pour ce qui est du référendum du 29, le Chef de l’Etat n’a fait que réitérer sa fameuse phrase, devenue un leitmotiv, « votez seulement si vous êtes convaincus ». Bouteflika a quitté le stade, après avoir salué ses anciens compagnons de lutte à limage du général à la retraite Mohamed Betchine, pour rejoindre, à pied, la résidence de la wilaya. Il se rendra aujourd’hui à Laghouat, dernière étape de son périple et non pas de sa campagne puisque son dernier meeting référendaire est consacré à la population algéroise. Il se tiendra ce lundi à la Coupole, c’est-à-dire trois jours avant le jour « j ». Le compte à rebours a donc commencé…

W. O. H.

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